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esprit libre

[coup de projecteur]
 
 
 
XPO2PI ? La seule expo qui donne l'heure exacte !

Esprit libre : Les études scientifiques semblent moins attirer les étudiants aujourd'hui, comment l'expliquer ?
Pasquale Nardone : Le nombre d'étudiants qui s'inscrivent dans ces filières est presque constant, mais par rapport au nombre global d'inscrits à l'Université (qui augmente lui), le % dédié aux études scientifiques diminue. Or le monde est de plus en plus " technologique " et les professions liées aux sciences se diversifient. Comment comprendre ce phénomène de stagnation dès lors ? Beaucoup d'idées reçues persistent sur les études en sciences ; elles sont vues comme très difficiles et peu porteuses d'avenir. Et les parents, inquiets pour le futur de leurs enfants, les incitent à poursuivre des études qu'ils pensent être professionnalisantes.

Esprit libre : Pourtant, dans un contexte de " planète en danger ", la science peut apparaître comme porteur d'espoir pour les générations futures…
Pasquale Nardone : Oui mais si on prend l'exemple du climat, le message catastrophiste diffusé actuellement est peu scientifique. Les réponses attendues par la société sont par ailleurs tout autant politiques que scientifiques : les jeunes ne feront donc pas nécessairement des sciences pour résoudre le problème du réchauffement planétaire, ils feront de la politique, et de l'écologie. Cela crée du militantisme mais pas forcément des carrières scientifiques, alors que la solution se trouve dans les technologies aussi.

Esprit libre : Les Jeunesses scientifiques permettent pourtant depuis 50 ans de modifier le regard des jeunes sur les sciences et donc leur intérêt pour ces filières…
Pasquale Nardone : À l'origine, l'objectif des Jeunesses scientifiques n'était pas de répondre à une désaffection pour les filières scientifiques : l'idée était de donner, au travers du travail manuel, du contact avec l'objet, une activité parascolaire à caractère scientifique, la théorie étant complémentaire mais pas prioritaire. C'est toujours le cas aujourd'hui.

Esprit libre : Pourquoi cette exposition ?
Pasquale Nardone : L'évolution des techniques et des sciences n'ont fait que faire progresser l'humanité. Nous avons une maîtrise de plus en plus importante sur tout ; la vie, en cent ans, est devenue beaucoup plus facile à vivre grâce aux sciences. C'est ce que nous avons voulu montrer au travers de cette exposition, en faisant en particulier le lien avec le passé, les techniques d'hier et les connaissances d'aujourd'hui.

Esprit libre : Cette exposition s'est montée avec les Musées royaux d'art et d'histoire…
Pasquale Nardone : Les Musées royaux d'art et d'histoire se sont montrés fort intéressés par la thématique proposée pour marquer l'anniversaire des Jeunesses scientifiques. C'était pour eux une opportunité de montrer une partie de collections jamais dévoilées au public : d'anciennes balances, des appareils photo, de vieux téléphones de la RTT… Il y avait là un potentiel énorme en objets. De plus, pour la première fois, le regard posé sur leurs objets était scientifique et plus historique. Voir l'objet et l'art qui le sous-tend au travers de l'interrogation scientifique voilà qui était neuf.

Esprit libre : Qu'y voit-on, comment visiter cette expo ?
Pasquale Nardone : Il y a trois grilles de lecture. La première permet de comparer des objets et des connaissances d'un autre âge à celles d'aujourd'hui. Nous présentons par exemple une splendide horloge ancienne en vis-à-vis de l'horloge atomique de l'Observatoire d'Uccle : ce sera la seule expo qui donne l'heure exacte ! La seconde permet de mettre en valeur la science qui se cache derrière chaque objet. Un exemple : la forme parfaitement ronde n'existe pas dans la nature, les mathématiques ont permis de la concevoir ; l'idée était de montrer aussi la technologie appliquée, comment on a pu, grâce à cela, maîtriser la matière : ou comment on passe d'une étude sur les polymères à la conception de tissus intelligents, de la mise au point du laser au code-barre du GB. La troisième grille de lecture - qui est exploitée dans la dernière pièce - correspond à l'esprit des jeunesses scientifiques : on y montre des manips et on invite le public à y prendre part, après un petit passage à la cafeteria moléculaire où chacun aura pu déguster des cocktails inattendus… Beaucoup de visuels, peu de texte mais des conférences, des ateliers, des visites guidées pour les groupes, un document pédagogique sont également complémentaires à l'expo.

Esprit libre : Vous avez coordonné le volet scientifique de l'exposition avec de nombreux collègues mais aussi avec votre frère Antonio Nardone…
Pasquale Nardone : Effectivement, mon frère qui est l'initiateur de plusieurs expositions, a assuré le volet " mise en scène " de celle-ci et toutes les recherches de sponsoring. Nous avons travaillé aussi avec des collègues de la VUB, il faut le souligner, et de nombreux collègues de l'ULB issus de divers domaines : la momie " de Raskar Kapac " montrée dans l'expo a ainsi pu être scannée grâce à Stéphane Louryan, professeur en médecine. Les collègues mathématiciens ont également participé, comme Gisèle De Meur, sur la symbolique des nombres et sur les mathématiques nécessaires à la création des objets d'art, l'Experimentarium de notre Département de physique, le Département de Glaciologie, etc.

Alain Dauchot

Pour marquer le cinquantième anniversaire des Jeunesses scientifiques, une exposition remet en perspective les découvertes scientifiques et leur application. L'occasion de faire le point avec son concepteur, Pasquale Nardone, professeur de physique à l'ULB, sur l'attrait des jeunes pour le monde des sciences. L'exposition sera accessible au Musées royaux d'art et d'histoire jusqu'au 6 janvier.



En savoir plus : http://www.xpo2pi.be/

 
  ESPRIT LIBRE > NOVEMBRE 2007 [ n°53 ]
Université libre de Bruxelles