Un solvayman décoiffe la RTBF
Esprit Libre : Avant la RTBF, vous avez dirigé le réseau des hôpitaux publics bruxellois. Qu'est ce qui vous motive dans vos choix professionnels
?
Jean-Paul Philippot : Les challenges, les situations qui nécessitent le changement, la motivation liée à l'amélioration du service au citoyen du
fait de ces changements.
J'ai fait des choix de conviction quant à la finalité de l'action que je mène en tant que gestionnaire. Je suis en effet convaincu
de l'importance du rôle social que doit jouer le service public. Un service public dont l'efficience et la rigueur doivent
être renforcés, étant entendu que les gains générés sont directement réinvestis au service du personnel et des usagers
plutôt
que dans la recherche du profit.
Chaque fois que je me suis trouvé face à d'importants tournants professionnels, j'ai toujours jusqu'ici souhaité privilégier
l'intérêt professionnel avant les aspects financiers, la complexité du changement dans le secteur public au confort des situations
établies
Esprit Libre : Aujourd'hui, tout est concilié
Jean-Paul Philippot : Ou presque, s'investir dans le management d'entreprises privées reste plus rémunérateur, bien que l'écart financier tende
à se combler aujourd'hui, mais le service public est pour moi beaucoup plus motivant.
Esprit Libre : Vous côtoyez le monde politique depuis des années. Pourquoi ne pas avoir choisi cette voie-là ?
Jean-Paul Philippot : Pour avoir travaillé auprès de Charles Picqué, je connais bien les contraintes de la vie politique. Je ne suis pas sûr d'avoir
toutes les qualités requises pour le métier d'homme politique et je ne suis pas prêt à sacrifier, plus que je ne le fais,
ma vie privée
Esprit Libre : Les médias semblent impressionnés de ce que vous avez déjà accompli en l'espace de six mois
l'actualité reformatée, une
dizaine de nouvelles émissions, la Deux redéfinie vers un projet ciblé. On s'accorde à dire qu'on n'avait jamais vu une telle
rentrée.
Jean-Paul Philippot : Restons modestes et prudents. Une rentrée est un moment capital dans la vie d'un média, mais c'est le téléspectateur qui juge.
J'ai voulu dès mon arrivée redéfinir le projet de la RTBF et rassembler son exceptionnel capital humain autour d'un projet
commun dynamique et revitalisé. Maintenant, on est loin d'en avoir terminé
ceci est un premier pas. Le redéploiement de
nos radio est notamment toujours à l'étude.
Esprit Libre : Vous lancez une opération Magellan destinée à relifter la RTBF. Ne craignez-vous pas de subir le sort de cet illustre navigateur
dévoré par les indigènes
lorsque le personnel va découvrir la sentence du cabinet d'audit Andersen ?
Jean-Paul Philippot : Magellan a atteint ses objectifs avant la fin que vous rappelez. Il est évident que des économies sont inévitables et qu'une
profonde réorganisation s'impose
mais c'est cela ou la perte du navire. Je mettrai en tout cas tout en uvre pour que les
solutions mises en place soient le moins douloureuses possibles.
Esprit Libre : Votre étiquette PS ne va-t-elle pas vous gêner pour certains choix : je pense aux centres régionaux ou encore aux renouvellements
de mandats de direction ?
Jean-Paul Philippot : Dans ma vie professionnelle, j'ai toujours fait ce que je pensais bon après une analyse objective et rationnelle des données
à ma disposition. Mon engagement politique est un choix personnel, il n'est pas aliénant ! Ce serait une erreur stratégique
que de se laisser guider par des options partisanes.
Esprit Libre : Quelles sont vos passions en dehors de votre vie professionnelle ?
Jean-Paul Philippot : Mes deux filles, mes amis et la mer. J'ai une véritable passion pour les sports nautiques qui ont la capacité de me déconnecter
complètement et me défatiguent comme rien d'autre.
Esprit Libre : Vous lisez la presse en vacances ? Laquelle ?
Jean-Paul Philippot : J'ai toujours été un fou d'actualité. Je suis un lecteur assidu de Libé, du Soir, de la Libre. Avec ma nouvelle fonction à
la RTBF, j'ai élargi mes lectures et je suis aussi devenu un zappeur assidu
pour autant que j'aie une télé sous la main.
Esprit Libre : Vous enseignez à l'Ecole de Commerce Solvay ; vous pourrez conserver votre activité académique ?
Jean-Paul Philippot : Oui, à la fois dans le cadre de la Maîtrise des Institutions de soins de santé et la Maîtrise en gestion, car j'aime le contact
avec les étudiants, leur capacité de remise en cause. Je reste très attaché à cette université, à ses valeurs et à son enseignement.
Je m'y suis aussi forgé de solides amitiés.
Isabelle Pollet
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