Nawal El Saadawi
Une égyptienne LIBRE
Ses audaces, notamment à dénoncer les mutilations sexuelles et le machisme, et son indépendance d'esprit lui ont valu diverses
représailles du pouvoir : saisie de ses ouvrages, perte de son emploi au Ministère de la Santé et emprisonnement. Mais il
en faut davantage pour désarmer cette femme vive au regard pétillant : ses livres sont brûlés par les fondamentalistes en
Egypte ? Ils seront publiés ailleurs. Ses pièces de théâtre sont interdites ? Elles seront traduites et jouées à l'étranger.
Elle est détenue dans une prison de femmes ? Elle en profite pour consigner leurs récits sur du papier toilette avec un crayon
pour le maquillage des yeux qu'une prostituée lui a fourni. Ces récits formeront un nouveau livre !
Ce sera pour nos universités un grand honneur de recevoir cette femme intrépide. Les menaces des religieux ne l'intimident
pas mais, étant l'objet d'une récente menace de condamnation pour " apostasie " (c'est-à-dire l'abandon de sa religion), elle
a été forcée de quitter l'Egypte au début 2007 et la presse belge lui a consacré de larges articles lors de son passage de
quelques mois dans notre pays.
Il est vrai que l'une de ses pièces s'intitule audacieusement " Dieu a donné sa démission " et qu'une autre, intitulée " Isis
" - qui vient d'être traduite en français et publiée par les éditions Lansman - est une critique transparente de la violence
des religions. Non pas des " excès " des religions ou des " extrémistes " religieux mais de cette exclusive totalitariste
que, selon Nawal El Saadawi, tous les monothéismes portent en germe. Non seulement à l'encontre des femmes mais aussi des
incroyants, des " insuffisamment " croyants ou des " autrement " croyants.
Un message trop rare et inhabituel en ces temps où le respect dû à tous les êtres humains, croyants ou incroyants, s'étend
erronément aux croyances les plus diverses, les plus absurdes et les plus maléfiques qui, elles - pas plus qu'aucune idée
-, n'ont besoin d'être respectées ou protégées.
Anne Morelli Historienne, ULB
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L'ULB et la VUB accorderont conjointement, le mercredi 28 novembre, les insignes de Docteur Honoris Causa à Nawal El Saadawi.
Cette femme égyptienne, médecin et psychiatre, s'est distinguée dans son pays depuis près d'un demi-siècle, en défense de
la cause des femmes, de la liberté d'incroyance et en faveur d'équilibres économiques moins injustes. Un combat et des positions
qu'elle assume pleinement, malgré les représailles.
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Simone Veil et Frie Leysen seront également honorées le 28 novembre à la VUB
" ISIS "
Une pièce de théâtre de Nawal El Saadawi à découvrir
Le mardi 27 novembre, la Faculté de Philosophie et Lettres organise une soirée intitulée " Création artistique et accusations
de blasphème ", qui se déroulera à l'auditoire Dupréel, 44 avenue Jeanne, à 19 heures 30.
Après une introduction de Valérie André qui rappellera qu'au XVIIIe siècle, chez nous, des écrivains des Lumières furent également
accusés de blasphème, mais par l'église catholique cette fois, on découvrira des extraits d'une pièce de Nawal El Saadawi.
Cette pièce, " Isis ", vient d'être traduite par Xavier Luffin, professeur d'arabe à l'ULB, et publiée par les Éditions Lansman
à l'occasion de ce Doctorat Honoris Causa (1).
Une fiction transparente situe la pièce dans le panthéon du polythéisme égyptien mais les critiques de l'auteure sur la religion
sont très contemporaines. Des étudiants du Conservatoire, sous la direction de Madame Patricia Houyoux, professeure dans la
nouvelle section Arts du spectacle vivant, feront une lecture d'extraits de la pièce en présence de Nawal El Saadawi.
Après cette " première " en français d'Isis, l'auteure clôturera la soirée par une courte prise de parole.
(1)En vente au prix de 10 euros chez l'éditeur Lansman (info@lansman.org).
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