Les fouilles de sondage dans les différentes pyramides à rampe du site se sont poursuivies, avec au programme de cette année les complexes n°11 et 14 ainsi que poursuite des fouilles de la pyramide n°13. Une pyramide jusqu’ici inconnue (n°16) a été détectée dans le Quartier B. La pyramide n°14 a  été levée par l’équipe de topographie, de même que l’énorme et complexe Pyramide n°2, La Place des Pèlerins et l’enceinte sacrée.  L’exploration du système de circulation interne de la Deuxième Enceinte a continué,  tant du côté de la salle Centrale que dans ses ramifications. Le cimetière pré-inca découvert en 2004 dans l’enceinte de la Pyramide n°13 a été fouillé extensivement et profondément cette année

PyramideVue de la pyramide à rampe n°16 depuis le Sud
Fouilles en cours dans le cimetière               



La campagne 2005 à Pachacamac

Les fouilles se sont déroulées cette année selon 4 axes principaux : chronologie des pyramides, définition du système de circulation interne de la zone des pyramides (Deuxième Enceinte), levers topographiques et planimétriques, et études anthropophysiques. 

La chronologie des pyramides à rampe a été définie grâce aux fouilles ponctuelles d’endroits stratégiques dans les pyramides n°XI, XIII et XIV. Rappelons que le modèle explicatif qui sert d’hypothèse de travail est celui de la succession dynastique: chaque pyramide serait le palais d’un chef qui la construit, l’occupe durant son règne et y est inhumé à sa mort, son successeur construisant alors sa propre pyramide-palais. Il s’agit donc, pour chaque édifice, de déterminer de façon précise le moment de sa fondation, la durée de son occupation et la date de son abandon volontaire. Outre les sondages, d’autres éléments peuvent révéler pertinents en ce qui regarde l’abandon volontaire. Ainsi, les levers et dégagements superficiels ont montré que cette étape était  marque par la fermeture des accès par des murs d’adobes sur la plateforme et dans les pièces adjacentes. C’est la raison pour laquelle nous avons focalisé nos recherches dans ces secteurs ; en d’autres termes, nous avons systématiquement fouillé les accès selles afin de déterminer le moment de fermeture rituelle de la pyramide. Des échantillons à dater ont été systématiquement récoltés et seront traités dans les mois à venir.

  1. Dans la pyramide n°XI, une occupation de la période inca a été mise en évidence, incluant des remodelages importants de l’édifice qui s’est vu adjoindre une plateforme intermédiaire avec des murs en pierres. Ceci précède l’abandon volontaire de l’endroit, caractérisé par la fermeture de l’accès à la rampe et aux pièces entourant la plateforme, ainsi que par des offrandes massives de feuilles de coca qui couvrent l’ensemble de la plateforme sur une épaisseur de 8 à 10 cm.
  2. A côté de la pyramide principale se trouvent plusieurs terrasses en gradins en pierre et en adobes. Un sondage pratiqué à cet endroit a révélé l’existence d’un ancien accès central condamné et divers remodelages du mur. L’examen attentif des vestiges suggère que nous sommes peut-être face à une ancienne pyramide à rampe (qui serait alors la n°XVI), partiellement démontée et transformée à une époque qui reste à définir. Cette découverte inattendue réclame des recherches supplémentaires, de même que le dégagement superficiel préalable au lever adéquat des structures.  
  3. La Pyramide n°XIV a été dégagée et levée, montrant qu’elle est sans doute antérieure à la Pyramide n°XI. En effet, sa cour principale se trouve enfouie sous cette dernière. La pyramide n°XIV n’est pas fermée et semble avoir fonctionné durant l’Horizon récent, à en juger par le matériel peu abondant qui y a été trouvé. Néanmoins, le paquet funéraire d’un animal parfaitement conservé a été exhumé. Dans l’attente de l’expertise zoologique, il est difficile de se prononcer sur l’identification exacte de l’espèce à laquelle il appartient, soit une sorte de canidé, soit un félidé de la famille des jaguarundi, jeune, disposé comme offrande après l’abandon de l’édifice à l’époque inca.
  4. Le cimetière découvert l’année passée à la fon de la campagne de fouilles sous la cour arrière de la Pyramide à rampe n°XIII a été exploré plus en profondeur cette année. Les fouilles ont confirmé qu’il était fort étendu et que la superposition des sépultures atteint plusieurs mètres. Nous avons dégagé des murs bas et des banquettes appartenant à la période de transformation de la cour arrière pare les Incas à l’Horizon récent. Ces structures sont associées avec des occupations domestiques et des dépotoirs. Sous les sacrifices humains et les enterrements pré-incas découverts l’année passée (2004) sont apparues d’autres tombes, plus anciennes,  correspondant à l’Horizon moyen, c’est-à-dire aux environs à des 8e à 10e s. de notre ère. Ces paquets funéraires sont accompagnés d’un mobilier abondant, et certains d’entre eux se composent d’un homme, une femme et des enfants enterrés ensemble, ce qui fait supposer qu’il s’agit d’enterrement familiaux ; la mort simultanée est peut-être due à une quelconque épidémie. Les analyses anthropophysiques et bioarchéologiques devront vérifier ces hypothèse. On remarque également que les enterrements plus récents, dont une proportion anormale présentent des pathologies graves (cancer, syphillis, etc.), se différencient des plus anciens, dont l’état général de santé est normal. Nous en déduisons que la coutume préhispanique qui consistait à emmener les malades à Pachacamac afin qu’ils soient guéris par la divinité suprême qui avait là son sanctuaire, face au cimetière, est probablement née durant la période Intermédiaire récent et est devenue très populaire durant l’Horizon récent. Les études de restes humains en laboratoire permettront de préciser ces hypothèses.
  5. Sur base des données actuelles, on peut distinguer 3 niveaux de sépultures dans le cimetière : les sacrifiés et les momies des périodes récentes ; les fardos à mobilier abondant de l’Horizon moyen ; et le niveau le plus profond avec des enterrements d’individus couchés sur le dos, ce qui correspond à une période antérieure associée à la culture Lima. Ce niveau reste cependant à explorer tandis que d’autres tombes de différentes périodes sont encore à fouiller dans le cimetière.

Pour conclure, cette campagne a été l’une des plus fructueuses que nous ayons menées jusqu’ici à Pachacamac ; les découvertes faites en 2005 augurent du meilleur pour les futures campagnes...