
sujet de recherche

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Au départ, je me dirigeais plutôt vers des études en
polytechnique. Mais je suis retourné à mes premiers
amours : la littérature. Les séminaires et les travaux
individuels, à partir de la deuxième candidature,
m'ont conforté dans mon choix et ont éveillé en moi
une véritable passion. Si j'ai orienté mes études vers
les langues et littératures romanes, j'ai néanmoins
découvert le monde germanique et scandinave lors
d'un Erasmus avec l'Université d'Oslo. Cet échange
m'a permis de ne pas rester cantonné dans un seul
domaine. Ensuite, grâce à la Fondation Wiener-
Anspach, j'ai obtenu une bourse afin d'effectuer un
séjour de recherche à l'Université de Cambridge.

Cette même année, j'ai décroché mon mandat
d'aspirant et j'ai cumulé les deux bourses avant de
revenir en Belgique sur le
seul statut d'aspirant et de
continuer ma thèse pendant
trois ans. Celle-ci avait pour
ambition d'éclairer le système
de mécénat orchestré par
la monarchie française et
les différentes institutions
de l'âge classique. Les
représentations de Louis XIV
en monarque « très chrétien »
furent en effet longtemps sous-estimées. Elles
répondaient pourtant à des stratégies individuelles
et collectives propres à légitimer le pouvoir politique
et à codifier le fonctionnement du champ culturel.

Mon étude s'est centrée sur le cercle d'études
bibliques de Bossuet qui constituait, au XVIIe siècle,
un pôle intellectuel majeur. Consacrée dans un
premier temps à ses modes de sociabilité, ma thèse
a permis de mesurer sa véritable ambition, celle
d'une christianisation des moeurs menées à l'échelle
du royaume ; les clercs s'attachant surtout à convertir
la figure de l'écrivain. J'ai donc montré à quel point
la carrière d'auteurs de premier plan, tels Racine,
Perrault ou La Bruyère, fut directement influencée par
ce courant qui menaçait plus largement l'autonomie
naissante du champ littéraire.

Je poursuis aujourd'hui mes recherches sur une
période plus vaste de l'histoire, celle des Lumières
(1685-1830), et m'intéresse essentiellement aux
manifestations culturelles et littéraires qui sont
restées dans l'ombre des oeuvres publiées par les
philosophes. J'entends éclairer le fonctionnement
des mouvements antiphilosophiques ou des anti-
Lumières dont les contributions ont influencé le statut
et la mission de l'auteur. Il s'agit d'éclairer l'émergence
d'une figure originale, celle de l'«écrivain catholique »,
contraint de s'adapter sans cesse aux nouveaux
modes de lecture et aux libertés revendiquées par
ses adversaires. À travers un examen approfondi de
la littérature apologétique et
des modes d'existence de la
République des lettres, ma
recherche pose également,
anthropologiquement, la
question du fonctionnement
social du croire. Cette
contribution à l'histoire
des idées et des mentalités
entend éclairer non
seulement la crise des
orthodoxies amorcée dès le XVIe siècle mais
également les mutations du champ culturel qui ont
forgé l'identité de l'intellectuel moderne.

Ma nomination va avant tout me permettre de mener
à terme ces travaux et d'autres activités parallèles.
Ainsi, deux colloques ont récemment vu bientôt
le jour « l'un sur l'écrivain catholique, l'autre sur
Erasme », je compte étudier plus en profondeur la
littérature algérienne découverte lors de mon séjour
à Oslo, j'espère développer un séminaire autour
des relations entre textes et images dans la bande
dessinée et, enfin, approfondir mon travail autour du
thème littéraire, pictural et philosophique de Bélisaire
au XVIIIe siècle.

Pour mes recherches, j'ai passé de
nombreuses heures dans les salles
des bibliothèques de Londres, Paris
et Cambridge. La capitale française
m'a bien entendu apporté la majorité
de mes informations puisque tous les
grands manuscrits du XVIIe siècle y sont
conservés.

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