fermerclose

Professeur à l’École Polytechnique de Bruxelles, Arnaud Deraemaeker est chercheur au sein du service BATir - Building Architecture & Town Planning. Ses intérêts de recherche portent sur la dynamique des structures, l’amortissement des vibrations et le contrôle de l’état de santé des structures à partir de mesures dynamiques. Il supervise notamment le projet spin-off TweetCon visant à développer, avec le soutien de la Région de Bruxelles-capitale, un kit de diagnostic pour les structures en béton, entièrement automatisé.


Arnaud.Deraemaeker@ulb.ac.be

fermer la fenêtre
English version
Retour aux 12 mois, 12 experts




Experts pour la presse:

Cliquez ici et découvrez des experts de l'ULB, à propos du bétons, de la dynamique des structures, vibrations, contrôle non destructif, etc.

Tous les experts pour les 12 événements de l'année

Août 2018 - Effondrement d'un pont à Gênes

Arnaud Deraemaeker, BATir – Building, Architecture & Town Planning


En août dernier, le pont Morandi à Gênes s’effondrait. Arnaud Deraemaeker, qu’a mis en évidence cette catastrophe?

Cette catastrophe pointe un vrai problème de maintenance des constructions en béton. On en parle depuis quelques années sans vraiment s’y atteler concrètement. La plupart des ponts en béton datent des années '60-70. Avec une durée de vie estimée à 50 ans, on arrive aujourd'hui à un moment critique. Le problème est d’autant plus important que les charges et le nombre de véhicules ont fortement augmenté ces dernières années.


En Belgique, suite à la catastrophe de Gênes, une quarantaine de ponts ont été signalés dans un état critique. Doit-on craindre une catastrophe similaire?

Je ne suis pas devin, mais je sais que des fissures, la dégradation du béton ou même des problèmes d’instabilité ont été constatés sur de nombreux ouvrages. Cela signifie que d’importantes rénovations doivent être réalisées rapidement afin de garantir la sécurité des usagers de la voirie. Ces travaux de maintenance sont souvent envisagés à travers une politique à court terme. Face à l’urgence, ils reviennent très cher, surtout en raison du manque d’entretien au cours des années précédentes. Ils causent également de nombreux problèmes de mobilité. L’exemple de la destruction du viaduc de Meiser révèle bien cette problématique.


Quelle solution durable pourrait être envisagée face à l’état critique de nos ponts?

Une maintenance prédictive des constructions en béton pourrait constituer une véritable solution. Elle mesure, au cours des années, l’état de dégradation du pont et permet de prédire son évolution afin de planifier l’entretien de manière optimale. Cette maintenance mesurée offre l’avantage d’allonger la durée de vie des constructions et limite le coût des travaux, en prenant des mesures dès qu'un problème est détecté et avant que celui-ci ne devienne critique pour l'ouvrage.


Actuellement, la maintenance des constructions en béton est réalisée par des personnes qui observent les différents signes de dégradation. Existe-t-il des moyens de surveillance plus technologiques?

Il existe aujourd'hui de nombreux types de capteurs qui peuvent être intégrés aux structures de génie civil pour suivre l'état du pont, mais il manque cruellement d'algorithmes pour interpréter les données collectées. L’enjeu actuel est donc de développer un système intelligent d’analyse de ces données. Dans cette idée, je développe avec mon équipe le projet Tweetcon qui vise à proposer des capteurs connectés d’ici 1 à 2 ans. Ils seront directement intégrés dans le béton et donneront des informations en temps réel sur l'évolution de son état. Les informations seront récoltées et envoyées sur un portail internet, ils indiqueront les fissures, le taux d’humidité, etc. Depuis peu, on remarque un changement dans les moyens accordés à la maintenance. Les gestionnaires tendent à reporter la responsabilité de la maintenance sur les entrepreneurs, en l’incluant dans les appels d’offre. Les entrepreneurs s’intéressent donc davantage aux techniques de maintenance intelligente basée sur ces capteurs, afin de réduire le coût et d’être plus attractifs que les concurrents.

Rappelez-vous

Mardi 14 août

A Gênes, en Italie, le viaduc de l’autoroute A10 s’écroule.

Une portion de 200 mètres de béton s’écrase sur un quartier habité, emportant avec elle les automobilistes. On compte 43 morts et de nombreux blessés.

La catastrophe pointe le problème global de la maintenance des ponts, viaducs et tunnels en béton. Édifiées il y a une cinquantaine d’années, de nombreuses constructions se trouvent dans un état critique…