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Chargée de recherche FNRS, Caroline Close est membre du Centre d’étude de la vie politique (CEVIPOL), en Faculté de Philosophie et Sciences sociales. Elle développe sa recherche principalement sur les thèmes des comportements électoraux, de l’opinion publique et des partis politiques (leur idéologie, leurs membres et organisation). Elle est également chargée d’enseignement en Science politique. En 2018, elle a co-dirigé l’ouvrage "Liberal parties in Europe" (à paraître).


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Juin 2018 - Italie: droite populiste au pouvoir

Caroline Close, Centre d’étude de la vie politique (Cevipol)


Après Fidesz en Hongrie, le PiS en Pologne, voici le gouvernement Salvini en Italie. Caroline Close, comment expliquer cette montée de l'extrême droite et du populisme en Europe? La comparaison avec l'Europe des années 1930 est-elle pertinente?

Oui, la comparaison est pertinente. Tant en 1930 qu’aujourd’hui, on observe la montée "d’extrêmes" dans un contexte de crise ou de difficultés économiques et sociales. Par ailleurs, ces dernières années, ces partis sont amenés au pouvoir par les urnes. Ils attirent les voix protestataires -  mécontents à la fois de leur situation économique, et des élites politiques "traditionnelles" qu’ils perçoivent comme incapables de répondre à leurs attentes et aspirations. Ces élites sont aussi accusées d’être corrompues, de rechercher leur intérêt personnel contre l’intérêt du peuple. Les scandales politiques alimentent ce type de discours.

Toutefois, les comparaisons montrent leurs limites. La montée des extrêmes en Europe dans la première moitié du 20ème siècle (en Italie, en Allemagne, mais aussi en Europe centrale et orientale) s’inscrit après la Première Guerre mondiale, qui a eu des conséquences désastreuses telles que les indemnités de guerre colossales demandées à l’Allemagne ou la perte de certains territoires. En revanche, la crise actuelle fait suite à des périodes plutôt prospères - pensons aux Golden Sixties par exemple, et à plusieurs vagues de démocratisation. En outre, les rivalités entre États européens ont été pacifiées au sein de l’Union européenne, et c’est notamment contre cette institution que se positionnent les partis populistes.


Lors des dernières élections communales belges, les électeurs francophones ont voté pour des partis politiques alternatifs à gauche (Ecolo-Groen, PTB). Pourquoi l'extrême-droite reste-t-elle aussi discrète en FWB alors qu'elle a du succès partout ailleurs?

Il y a beaucoup d’éléments qui jouent mais trois me paraissent essentiels. D’abord, la faiblesse organisationnelle du FN wallon. Il n’a jamais réussi à se structurer en une organisation efficace, capable de recruter massivement des membres et sympathisants et de mettre en place, de manière pérenne, des stratégies de campagne et de communication. Ensuite, la faiblesse ou l’absence de parti d’extrême-droite en Belgique francophone ne signifie pas qu’il n’existe pas d’électorat potentiel pour ce genre de formation. L’électeur aux tendances ethnocentristes (c.-à-d., qui se positionne plutôt contre l’immigration) peut se trouver autant dans les couches dites populaires que dans des couches sociales plus élevées ou plus riches, même si son choix ne se portera pas vers les mêmes partis: dans les couches populaires, l’électorat reste encadré par les structures partisanes de gauche (PS et PTB) alors que dans les couches sociales plus élevées, les votes ethnocentristes se dirigent vers le MR (et en faible pourcentage et épisodiquement vers le Parti Populaire). Le MR qui, ces derniers mois, évolue de plus en plus vers des positionnements à droite, sécuritaires et ethnocentristes, et suit donc les préférences de cette frange de l’électorat. Enfin, si ces attitudes ethnocentristes sont combinées et renforcées par un fort sentiment nationaliste en Flandre, c’est beaucoup moins le cas parmi les électeurs francophones.


Ces élections communales pourraient-elles être le miroir des fédérales de 2019, avec des votes opposés au nord et au sud du pays?

Il est légitime de s’interroger, voire de s’inquiéter, des résultats du scrutin fédéral de 2019. À ce niveau de pouvoir, la difficulté est de plus en plus grande de former une coalition qui rassemble une majorité de sièges dans les deux groupes linguistiques. Si les projections réalisées en termes de sièges à la Chambre se confirment, la N-VA et le Vlaams Belang pourraient à eux seuls conquérir près de la moitié des sièges néerlandophones. La Suédoise pourrait être reconduite, avec un déficit de représentation du côté francophone encore plus conséquent qu’en 2014, vu la baisse du MR en Wallonie et à Bruxelles. La montée au gouvernement du CDH pourrait pallier quelque peu ce déficit, mais il n’est désormais plus que quatrième parti en Wallonie. Il est donc probable qu’une coalition qui n’est pas soutenue par une majorité de francophones soit à nouveau mise en place, entraînant une nouvelle vague de mécontentement dans l’électorat francophone. Éventuellement, cette insatisfaction pourrait pousser une partie des citoyens francophones à vouloir s’émanciper de la Flandre, et donc souhaiter… le confédéralisme, cher à Bart De Wever.

Rappelez-vous

Vendredi 1er juin

En Italie, le gouvernement de Giuseppe Conte est formé, soutenu par une alliance politique inédite entre le Mouvement 5 étoiles (M5S) et la Ligue (Lega): ensemble, ils totalisent près de 56% des sièges de la Chambre des députés.

Souvent appelé "Gouvernement Salvini", du nom du leader de la Ligue du Nord nommé ministre de l'Intérieur et vice-président du Conseil, ce gouvernement renforce un peu plus l’émergence des populismes de droite en Europe…

En octobre, les Belges votent aux élections communales les partis "non-traditionnels" sortent vainqueurs des urnes: Ecolo-Groen et PTB au sud, Vlaams Belang au nord du pays.