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Professeur à l’Institut d’études européennes, Philippe De Bruycker s’est spécialisé en droit européen de l’immigration et de l’asile. Il est à l’initiative du Réseau académique d’études juridiques sur l’immigration et l’asile en Europe, ODYSSEUS.

Il a également travaillé pendant plusieurs années, dans l’unité " Immigration et asile" de la Commission européenne où il était chargé de rédiger des propositions législatives liées à l’immigration.


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Migrants syriens dans les pays limitrophes et en Europe, @ULB www.ulb.be/ulb12mois12experts
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Août 2015 - Face aux réfugiés, l'Europe se divise

Philippe De Bruycker, Institut d'études européennes


Philippe De Bruycker, depuis cet été, pas un jour ne s’écoule sans que les médias n’évoquent la crise des réfugiés. C’est un drôle de spectacle que nous joue là l’Europe?

On entend beaucoup de critiques sur l’Union européenne mais en réalité, c’est avant tout une crise des États membres: ils ne sont pas capables ou ne veulent pas mettre en œuvre la politique européenne d’asile qui définit qui a droit à la protection internationale, selon quelle procédure ainsi que les conditions pour accueillir ces réfugiés.

Découvrez la répartition des migrants syriens en Europe et dans les pays limitrophes dans l'infographie à droite ci-dessous



L’Europe a toutefois le pouvoir de répartir les réfugiés au sein des États membres.

En effet et elle tente de le faire, mais en vain jusqu’à présent: le Conseil des ministres de l’Union européenne s’est mis d’accord sur la relocalisation de 160.000 demandeurs d’asile arrivés en Italie ou en Grèce. Mais que constate-t-on sur le terrain? Plusieurs mois après ces décisions, 159 réfugiés ont été relocalisés. Le processus est long et difficile. A ce rythme-là, il faudra des décennies pour atteindre l’objectif des 160.000 personnes! Or, cet objectif est plus que modeste au vu des centaines de milliers de réfugiés qui sont arrivés et continuent à arriver.


Comment expliquer cette " inefficacité opérationnelle"?

L’Agence européenne dans le domaine de l’asile n’a pas de moyens humains propres, elle ne peut que favoriser la coopération entre États membres et doit donc s’appuyer sur la collaboration des administrations nationales. Or, il n’y a pas de solidarité spontanée entre États européens. Seule la chancelière allemande Angela Merkel a pris ses responsabilités sur ce sujet difficile et peu populaire: elle a clairement dit qu’il fallait accueillir ces réfugiés en Europe et aujourd’hui, l’Allemagne prend bien plus que sa part. Le bilan au niveau européen est assez sombre, en particulier avec certains des nouveaux États membres de l’Est qui tentent de fermer leurs frontières aux réfugiés.


L’Europe de la libre circulation des personnes est-elle menacée ou plutôt menaçante?

Les demandeurs d’asile ne bénéficient pas de la liberté de circulation au sein de l’Espace Schengen mais en pratique, comme les contrôles aux frontières intérieures ont disparu, leur circulation est possible. L’Union européenne a créé une énorme solidarité de fait en abolissant les frontières intérieures; toutefois, le processus s’est arrêté en chemin: une politique commune d’asile et d’immigration aurait dû être mise en place. Aujourd’hui, nous avons cette politique de quotas… Mais, comment imaginer envoyer des réfugiés dans des pays qui leur sont hostiles ? N’oublions pas que cette politique porte sur des hommes et des femmes qui ont leurs propres choix de vie.


L’Europe de demain sera-t-elle plus hostile à l'autre?

Pour afficher la vidéo, cliquez sur la flèche "play", puis sur le logo YouTube.

Rappelez-vous

Mercredi 26 août.

Septante-et-une personnes sont découvertes mortes, asphyxiées dans un camion en Autriche. Quelques jours plus tard, d’autres sont retrouvées noyées en Méditerranée…

Les drames se succèdent pour ces milliers d’hommes, de femmes, d’enfants qui fuient la guerre en Syrie, souvent avec l’aide de passeurs sans scrupule.

La chancelière allemande Angela Merkel prévient: " C’est un avertissement pour que l’on se mette au travail, pour résoudre ce problème et faire preuve de solidarité"…



Infographie:

les migrants syriens

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