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Chargée de cours au Département des Sciences de l’information et de la communication en Faculté de Lettres, Traduction et Communication, Florence Le Cam est membre du centre de recherche en Information et Communication, ReSIC. Elle y étudie en particulier les représentations visuelles de la salle de rédaction, la construction des identités professionnelles ainsi que les carrières des journalistes.


Florence.Le.Cam@ulb.ac.be

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Janvier 2015 - Attentat à Charlie Hebdo

Florence Le Cam, Centre de recherche en information et communication - ReSIC


Florence Le Cam, la caricature de presse s’inscrit-elle dans une longue tradition en France?

Oui, la caricature est une forme historique de discours journalistique qui permettait déjà au 18e siècle, de s’exprimer sur l’actualité et de la critiquer, en transformant les traits de personnages publics - hommes politiques, avocats… - ou en croquant des situations, par exemple. La caricature était alors déjà importante dans la production médiatique: souvent mise en Une du journal, parfois même en pleine page. Créé en 1970, Charlie Hebdo occupait une place particulière dans le paysage médiatique français : beaucoup de ses dessinateurs avaient participé à des émissions télévisées ou énormément publié; ils étaient connus, presque familiers, c’est pour cela qu’on a parlé après l’attentat du 7 janvier, de toute une génération qui se sentait orpheline.


Si la caricature est une forme de discours journalistique, alors le caricaturiste est un journaliste?

Oui puisqu’il a un propos sur l’actualité qu’il a choisi de traiter et qu’il analyse; et il diffuse ce propos dans un média. D’ailleurs, dans les pays qui ont une carte de presse ou une loi sur le statut du journaliste, le caricaturiste est considéré comme un journaliste. Il n’est évidemment pas un journaliste d’information neutre mais bien un journaliste d’opinion, adoptant une posture d’auteur dans la ligne éditoriale du journal : chaque caricature s’inscrit dans l’identité éditoriale du journal, c’est-à-dire dans son histoire, dans la façon dont il se positionne, dans le ton qu’il emploie, etc. Internet remet toutefois cela en question.


Comment?

Désormais, les caricatures se partagent sur internet: elles sont donc visibles plus vite, par un plus grand nombre de personnes mais aussi extraites de leur support médiatique. Si vous ne recevez que le dessin, vous ne pouvez pas savoir dans quel contexte il a été réalisé. La caricature est peut-être signée mais qui en Amérique latine ou en Asie par exemple, connaît un dessinateur de Charlie Hebdo ou même Charlie Hebdo? Le dessin risque de heurter; chacun va l’interpréter mais sans connaître la ligne éditoriale dans laquelle il s’inscrit, donc sans comprendre pourquoi il a été fait…


Charlie Hebdo a-t-il changé aujourd'hui?

Pour afficher la vidéo, cliquez sur la flèche "play", puis sur le logo YouTube.

Rappelez-vous

Mercredi 7 janvier.

Deux hommes cagoulés surgissent dans la salle de rédaction du journal satirique Charlie Hebdo.

Ils tirent. Ils tuent: les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Honoré comptent parmi les victimes.

En fuite, les auteurs, deux frères djihadistes seront tués deux jours plus tard.

La France est sous le choc; le monde entier est secoué: la liberté d’expression est touchée.

Des chefs d’État et de gouvernement se réunissent à Paris pour une marche républicaine. Des manifestations de solidarité s’organisent.

Le 14 janvier sort le premier numéro de Charlie Hebdo orphelin: il est imprimé à plus de 7 millions d’exemplaires, contre 60.000 exemplaires habituellement...