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Professeure au Département de science politique, Amandine Crespy mène des recherches au Centre d'étude de la vie politique (CEVIPOL) et à l’Institut d’études européennes (IEE). Elle s’intéresse à la politisation de l’intégration européenne, en particulier avec les politiques socio-économiques. La question du modèle européen et des résistances à l’Europe est également un de ses thèmes d’intérêt.


Amandine.Crespy@ulb.ac.be

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Juin 2016 - Brexit

Amandine Crespy, CEVIPOL & Institut d'Études Européennes


En juin dernier, les Britanniques ont voté pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Amandine Crespy, depuis lors, on n’entend plus beaucoup parler du BREXIT : pourquoi?

Actuellement, nous sommes dans l’attente: les Britanniques doivent déclencher l’article 50 du Traité de Lisbonne pour réellement débuter le processus de sortie de l’Union et lancer les négociations. Ils devraient probablement le faire dans le courant du printemps 2017, c’est en tout cas la date annoncée par la nouvelle Premier ministre Theresa May. D’ici là, les Anglais ont du pain sur la planche: ils doivent se constituer un panel d’experts capables de négocier face aux experts de l’UE et éclaircir la manière dont ils vont gérer "l’après UE", en particulier pour certains secteurs comme les services financiers – la City pèse lourd dans l’économie britannique. Ils doivent aussi gérer les tensions internes avec l’Ecosse, et dans une moindre mesure le Pays de Galles et l’Irlande du Nord.

La Commission européenne a, quant à elle, été très claire: pas de négociations tant que l’article 50 n’est pas déclenché. C’est pour cela que l’on entend un peu moins parler du BREXIT pour l’instant: l’action se déroule dans les coulisses de Downing Street. L’UE – et tous les Européens – restent en attente entretemps…


Quid du modèle européen? Peut-on s’attendre à un effet domino de ce référendum dans d’autres pays?

Je ne pense pas. Le BREXIT est particulier car il est issu d’une conjonction de circonstances particulières liées au Royaume-Uni. Il y a eu des suggestions et des initiatives dans d’autres pays, comme le vote lancé par Viktor Orban en Hongrie, ou l’engagement de Marine Le Pen d’organiser un référendum sur un éventuel "Frexit" si elle est élue, mais ce sont juste des effets d’annonce pour l’instant. Aucun État membre n’est suffisamment puissant et autonome économiquement ou politiquement pour vouloir sérieusement sortir de l’Union.

En revanche, le BREXIT est la manifestation aigue d’un malaise qui couve depuis plus de 10 ans, et qui s’est cristallisé notamment autour de la question des frontières. Suite à la crise de l’immigration, on a vu des murs s’ériger entre des états membres, ça pose question: on doit rester attentif à un éventuel "détricotage" de l’espace Schengen. Ensuite, il y a la zone euro, qui reste fragile: la crise financière a été résolue avec force contrôle de l’UE sur les budgets nationaux etc. mais cela reste une politique difficile et contestée. La question est, dès lors, combien de temps l’UE peut-elle encore tenir avec de telles politiques?


L’Union européenne doit donc restaurer la confiance…

Oui. Actuellement, il y a une méfiance des citoyens vis-à-vis des instances politiques européennes. Cela s’est manifesté dans le BREXIT mais aussi, plus tard dans l’année, pour la question du CETA. L’UE ne peut plus fabriquer des politiques loin du regard des citoyens, ceux-ci doivent pouvoir être représentés, participer, être entendus, et pas seulement au moment des élections. Selon moi, les responsables politiques, au niveau national comme européen, doivent travailler à mettre en place des mécanismes permettant d’organiser un débat démocratique à l’échelle européenne sur les questions fondamentales qui nous concernent tous: quels modèles économique et social voulons-nous? Comment voulons-nous gérer les flux migratoires? Tout cela ne peut être décidé dans des sommets entre chefs d’État, nous avons besoin d’un vrai débat démocratique qui mobilise les citoyens.

Rappelez-vous

Jeudi 23 juin

51.9% des Britanniques votent pour le BREXIT, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. C’est une conséquence directe des élections législatives de 2015.

Dans les jours et semaines qui suivent le référendum, de nombreux Britanniques protestent contre les résultats et les mensonges du camp du Leave. La pression est très forte du côté de l’Ecosse, de l’Irlande du Nord et du Pays de Galles, qui ont voté majoritairement pour rester au sein de l’UE. L’idée d’un nouveau référendum pour l’indépendance de l’Ecosse reprend de plus belle.

Depuis, l’Europe est dans l’expectative: le Royaume-Uni et son nouveau Premier ministre, Theresa May, doivent déclencher l’article 50 du Traité de Lisbonne pour lancer officiellement les négociations de sortie. Des négociations qui dureraient alors 2 ans.