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Professeur de thermodynamique, phénomènes de transport et combustion à l’ULB depuis 2010, Alessandro Parente est aussi chercheur au sein du service Aéro-Thermo-Mécanique de l’Ecole Polytechnique de Bruxelles. Au sein du groupe de recherche conjoint ULB- VUB "BURN", il étudie les nouvelles technologies de combustion, sujet également au centre de son projet ERC "VADEMECOM".


Alessandro.Parente@ulb.ac.be

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Le CO2 représente 81% des émissions totales de GES en Wallonie et est surtout émis lors des processus de combustion dans l’industrie, le transport, le chauffage,… Le poste du transport représente par ailleurs presque ¼ des émissions wallonnes de GES. © ULB www.ulb.be/ulb12mois12experts (Source: Agence wallonne de l’air et du climat)
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Décembre 2016 - La COP21: et après ?

Alessandro Parente, Aéro-Thermo-Mécanique


Un an après la COP21, des mesures se mettent en place pour respecter l’accord historique de Paris. Alessandro Parente, l’objectif de limiter la hausse des températures à 1.5°C, ça vous semble réalisable?

C’est un objectif optimiste mais atteignable, si l’on agit vite. Le principal problème dans les gaz à effet de serre (GES), c’est le CO2: il est principalement produit par les processus de combustion dans les transports, le chauffage, par l’industrie… et on ne peut se passer de combustibles aujourd’hui! Les énergies renouvelables actuelles permettent de produire de l’énergie verte, mais ne fournissent pas une densité d’énergie suffisante pour des processus hautement voraces comme, par exemple, le fait de faire voler un avion de ligne.

Les émissions de gaz à effet de serre en Wallonie et leur provenance: découvrez l'infographie à droite.


Il nous faut donc trouver de nouveaux combustibles, plus efficaces?

En effet, plus efficaces et plus intelligents, c’est-à-dire dont on améliore l’efficacité de combustion tout en limitant les émissions de GES. C’est le défi aujourd’hui. Un exemple, c’est d’utiliser l’énergie verte pour réaliser l’hydrolyse de l’eau: ce processus permet de séparer l’oxygène de l’hydrogène et d’utiliser ce dernier comme combustible. C’est un combustible très efficace pour une densité d’énergie très élevée: le premier train de passagers roulant à l’hydrogène sera testé en Allemagne ce mois-ci, en décembre, tandis que plusieurs bus à l’hydrogène opèrent en Suisse depuis 2011. À l’ULB, nous participons actuellement au test d’une voiture roulant à l’hydrogène. C’est donc un secteur très prometteur. Le principal problème reste le stockage: l’hydrogène est difficile -et donc très cher- à stocker à cause des importantes pressions à atteindre. Une solution serait de le combiner au CO2 pour former du méthane, qui pourrait alors circuler comme un "autre" gaz de ville dans les réseaux de distribution classiques. En utilisant cette méthode, non seulement nous aurions un combustible vert, puissant et facilement accessible mais, en plus, nous réutiliserions le CO2 de l’air, principal responsable du réchauffement climatique!


Qu’attendons-nous alors? Quels sont les obstacles à la mise en place d’une telle technologie?

Le principal défi est de savoir comment nous allons récupérer les CO2 dans l’atmosphère. C’est un gaz peu abondant par rapport aux autres composants de l’air, il faudrait donc filtrer de très grandes quantités d’air pour obtenir assez de CO2. Des dispositifs de filtration qui consommeraient plus d’énergie que l’on n’en produirait au final. C’est ce paradoxe que les chercheurs tentent de résoudre aujourd’hui. Il existe des prototypes, mais qui ne sont pas encore totalement au point.


Ce serait la solution au réchauffement climatique?

Je ne pense pas qu’il y ait une seule solution: à l’ULB comme ailleurs, nous étudions plusieurs pistes, plusieurs combustibles différents. C’est la combinaison de ces technologies, adaptées aux ressources disponibles à un endroit donné, qui fournira une solution globale.

Les technologies et les infrastructures pour utiliser ces nouveaux combustibles existent mais nous devons les perfectionner, en profitant des synergies entre analyse expérimentale et modèles de simulation numérique, pour assurer un fonctionnement flexible, sûr et non-polluant dans une vaste gamme de conditions.

Cela peut aller très vite – et le plus vite possible, je l’espère, si on veut éviter d’atteindre un point de non-retour dans le réchauffement climatique. À ce stade, cela dépend surtout d’une volonté politique.

Rappelez-vous

Samedi 12 décembre 2015

La COP21 de Paris se termine sur un accord historique: 196 pays s’accordent pour réduire les émissions de gaz à effets de serre et poursuivre les efforts pour plafonner la hausse des températures à 1.5 degrés Celsius.

Le 3 novembre 2016, une étude publiée dans la revue Science établit que chaque tonne de CO2 émise dans l’atmosphère (soit l’équivalent de 4000 km en voiture ou un vol Bruxelles-Istanbul) entraîne la fonte de 3m³ de glace arctique.

Quelques jours plus tard s’ouvre la COP 22 à Marrakech, dont l’objectif est de détailler les mécanismes d’action pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris.


Infographie:

Les émissions de CO2 en Wallonie

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