fermerclose

Chercheur au sein de l’IRIBHM (Faculté de Médecine) et directeur de l’ULB Neuroscience Institute (UNI), Pierre Vanderhaeghen étudie le développement du cerveau et, particulièrement, celui du cortex cérébral humain. Lauréat d'une bourse du Conseil européen de la recherche (ERC), Pierre Vanderhaeghen et son équipe étudient ces thématiques dans le cadre du projet "GENDEVOCORTEX". Auteur de nombreuses publications dans des revues prestigieuses, Pierre Vanderhaeghen est lauréat du Prix Francqui 2011.


pierre.vanderhaeghen@ulb.ac.be

Pierre Vanderhaeghen dans Images de Sciences.

fermer la fenêtre
English version
Retour aux 12 mois, 12 experts




Experts pour la presse:

Cliquez ici et découvrez des experts de l'ULB, à propos du virus Zika, du développement du cerveau, des épidémies,...

Tous les experts pour les 12 événements de l'année

Févier 2016 - Virus Zika

Pierre Vanderhaeghen, IRIBHM & ULB Neuroscience Institute (UNI)


Pierre Vanderhaeghen, quand l’OMS annonce en février dernier que le virus Zika est "une urgence de santé publique de portée mondiale", le lien entre Zika et microcéphalie n’a alors pas encore été confirmé...

En effet, on avait observé une corrélation entre un nombre anormalement élevé de cas de microcéphalies chez les nouveau-nés et la présence du virus Zika, en particulier au Brésil. Corrélation n’est pas causalité, mais c’était le meilleur argument à ce moment-là. Le doute subsistait notamment du fait qu’un autre virus, "cousin africain" de la même famille que le Zika "brésilien", et très proche génétiquement, est présent en Afrique depuis des décennies et ne cause apparemment pas de microcéphalies. Le lien de causalité avec le virus brésilien a été cependant confirmé depuis lors par plusieurs études indépendantes: on a notamment retrouvé le virus dans le cerveau de fœtus mort-nés, à proximité de lésions anormales. C’est un argument clinique plus fort.


Sait-on comment l’infection par Zika entraîne des microcéphalies chez les fœtus?

On a la confirmation expérimentale que le virus Zika peut infecter et provoquer la mort des neurones et des progéniteurs neuronaux: le nombre de cellules cérébrales plus faible entraînerait ainsi un développement plus réduit du cerveau et la microcéphalie. Le mécanisme par lequel Zika provoque la mort neuronale reste en revanche controversé et est l’objet de nombreuses recherches actuellement. Ce qui m’intrigue, personnellement, c’est le fait que la souche africaine, "cousine" de Zika, est aussi capable de provoquer la mort des neurones en laboratoire, mais pas sur le terrain. C’est assez surprenant et on ne comprend pas encore bien pourquoi. La différence se situe peut-être sur le terrain d’infection ou l’immunité: peut-être la souche d’Amérique latine parvient-elle, d’une façon ou d’une autre, à atteindre le fœtus plus efficacement? Les recherches se tournent ainsi notamment vers l’immunologie et les interactions foeto-maternelles pour expliquer comment certaines souches de Zika, et pas d’autres, parviendraient à traverser la barrière placentaire. Il y a aussi bien sûr tout un axe de recherche pour trouver un moyen d’éradiquer le virus, avec le développement d’un vaccin.


Zika n’est pas non plus la seule cause de microcéphalie…

Loin de là. En Europe, le cytomégalovirus (CMV) est une menace plus importante et peut aussi provoquer des lésions particulièrement sévères dans le cerveau. Tout comme l’alcool, les radiations ionisantes et toute autre substance qui entraîne des lésions directes au cerveau en développement, qui est particulièrement fragile et susceptible! Les causes des microcéphalies sont nombreuses, c’est donc un problème assez complexe à décrypter. Il y a aussi des causes génétiques, avec une quinzaine de gènes causaux déjà identifiés. Dans le cadre d’un projet de recherche en cours avec les Professeurs Marc Abramowicz et Julie Désir du service de Génétique de l’Hôpital Erasme, nous essayons de comprendre les mécanismes sous-jacents par lesquels les mutations de ces gènes entraînent les microcéphalies.


Zika a-t-il appris quelque chose aux chercheurs ?

Jusqu’à présent pas vraiment pour ce qui est du développement cérébral. En revanche, c’est grâce aux recherches précédentes en neurobiologie qu’on a compris rapidement l'impact du virus sur le développement cérébral. Par ailleurs, les microcéphalies soulignent les spécificités du cerveau humain: les microcéphalies ciblent le cortex cérébral, très développé chez l’homme. Le développement de modèles d’étude des neurones et la connaissance du génome permettent aujourd’hui d’étudier les particularités du développement du cerveau humain et tenter d’expliquer, ensuite, pourquoi l’homme est souvent plus durement affecté par certaines maladies neurodéveloppementales ou même dégénératives. Ce qui fait la spécificité du cerveau humain est ainsi également la cause de sa sensibilité. C’est un sujet passionnant, en pleine expansion, que nous continuons à explorer…

Rappelez-vous

Lundi 1er février

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) déclare que le virus Zika est "une urgence de santé publique de portée mondiale".

Cette déclaration fait suite à une épidémie d’infections en Amérique latine, principalement depuis fin 2015. Les inquiétudes sont particulièrement fortes à l’approche des Jeux Olympiques de Rio, en août.

Transmis par le moustique Aedes Aegypti, le virus Zika est principalement asymptomatique chez les adultes. Il représente cependant un danger pour les femmes enceintes: le virus peut passer de la mère à l’enfant et causer une microcéphalie, un développement réduit du cerveau.