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Chercheuse à l'Institut d'Astronomie et d'Astrophysique au sein de la Faculté des Sciences de l'ULB, Sophie Van Eck étudie notamment la production d’éléments plus lourds que le fer par les étoiles. Très impliquée dans l’enseignement et la diffusion des sciences, Sophie Van Eck est professeure d’astrophysique pour les étudiants de Baccalauréat et de Master en physique.


Sophie.Van.Eck@ulb.ac.be

Sophie Van Eck a participé au projet "Clichés ! Instantanés de la recherche à l’ULB".

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Janvier 2016 - Une 9e planète?

Sophie Van Eck, Institut d'Astronomie et d'Astrophysique


En janvier, des chercheurs californiens ont annoncé la découverte d’une neuvième planète dans notre système solaire. Sophie Van Eck, cette nouvelle planète va-t-elle rentrer dans nos livres scolaires?

Je dirais qu’il faut tout d’abord attendre que la découverte soit confirmée. Les chercheurs à l’origine de la découverte se sont en effet uniquement basés sur des calculs, des prédictions. À l’origine, ils ont remarqué que certains objets stellaires situés dans la ceinture de Kuiper, au-delà de Neptune, avaient un alignement similaire. C’est un évènement qui n’a que 0.007% de chance d’être dû au hasard: les chercheurs supposent donc qu’il y a une résonance entre ces objets et une planète que l’on ne connait pas encore. Mais pour que cette découverte soit avérée, il faut continuer à scruter le ciel à la recherche de cette fameuse planète. Comme on ne sait malheureusement pas exactement dans quelle direction tourner les télescopes, et bien, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin: ça peut être long avant que l’on arrive à l’observer.


Si cette observation est avérée, ce serait quand même exceptionnel…

Oui, car la dernière découverte d’une planète remonte à 1930, avec la découverte de Pluton, qui a été rétrogradée en 2005 au rang de "planète naine". Avant cela, il faut remonter à la toute fin du 19e siècle pour la découverte de Neptune. Heureusement, nous sommes maintenant capables de détecter des planètes tournant autour d’autres étoiles que le Soleil (des "exo-planètes") et il y a eu énormément de découvertes ces 20 dernières années. La découverte de Proxima-b en août dernier est un bon exemple de découverte excitante.


Que nous apportent ces découvertes de planètes? A quoi cela sert-il?

La découverte de planètes et, plus globalement, l’étude de tous les objets du système solaire, nous renseignent sur l’histoire du système solaire et de notre Terre. On essaie de comprendre, par exemple, pourquoi Mars a perdu son atmosphère ou pourquoi Vénus subit un effet de serre intense. La découverte de nouvelles planètes ou l’exploration pour trouver de l’eau sur Mars, sur Europe ou Encelade – respectivement satellites de Jupiter et Saturne – permettent de mieux comprendre la formation et l’histoire de chaque planète et du système solaire dans son ensemble.

De plus, les découvertes d’exo-planètes nous apprennent que le système solaire ne semble pas représentatif des systèmes planétaires découverts jusqu’à présent. Et au fur et à mesure que l’on caractérise les planètes, on réalise mieux à quel point notre Terre est accueillante et hospitalière par rapport aux autres planètes du système solaire. Les chercheurs tentent de comprendre les raisons de cette particularité. L’humanité doit prendre conscience du fait que nous n’avons pas de "planète B" et que nous devons prendre le plus grand soin de la nôtre!


Il y a aussi la question de la vie ailleurs dans l'Univers...

Oui, en effet. L’Homme a toujours été fasciné par l’inconnu, le fait d’aller toujours plus loin. Aujourd’hui, l’espace est la "nouvelle frontière", ce nouvel inconnu. Il y a aussi la question entêtante "sommes-nous seuls dans l’Univers?" Les observations astrophysiques permettent, petit à petit, de fournir des éléments de réponse et de défricher ce territoire inconnu.

La question de la vie ailleurs dans l’Univers devrait d’ailleurs être au centre des prochaines évolutions de l’astrophysique: je pense qu’on va surtout continuer la chasse aux exo-planètes avec, en toile de fond, cette question sur la vie ailleurs dans l’univers. D’ici 10 à 20 ans, on devrait pouvoir obtenir des spectres permettant de connaitre en détail la composition chimique de l’atmosphère de plusieurs exo-planètes. C’est un critère essentiel pour l’apparition de la vie telle que nous la connaissons: le fait d’être dans une zone dite "habitable", à bonne température, mais aussi avoir un champ magnétique protecteur, une atmosphère adéquate, etc. Les astronomes européens sont d’ailleurs en pointe dans ce domaine grâce à l’Observatoire Européen Austral (ESO, télescopes situés au Chili) et ont déjà observé des spectres de la lumière réfléchie par des exo-planètes. Je pense aussi aux missions spatiales actuelles et futures: Gaia et la future mission Plato, en ce qui concerne l’agence spatiale européenne (ESA), ou le télescope James Webb, développé par la NASA. Ces missions et instruments devraient nous aider dans la quête des exo-planètes et nous permettre de savoir si les conditions qu’on pense nécessaires à la vie et/ou des traceurs de vie, s’y trouvent.

Rappelez-vous

Mercredi 20 janvier

Des chercheurs de l’Institut de technologie de Californie (Caltech) annoncent avoir repéré une nouvelle planète aux confins du système solaire.

Dotée d’une masse 10 fois supérieure à celle de la Terre, "Planet Nine" serait située sur une orbite 20 fois plus éloignée du Soleil que celle de Neptune.

Plus tard, en août, c’est une exoplanète qui fera parler d’elle : Proxima-b. L’étoile autour de laquelle elle orbite, Proxima Centauri, est l’étoile la plus proche du Soleil, située à seulement 4.2 années-lumière. Proxima-b est aussi située dans la zone habitable de son étoile, une des conditions nécessaires à l’apparition de la vie.