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Directrice de l'Institut d'études européennes (IEE), Ramona Coman est également professeure en sciences politiques et chercheuse au Centre d'étude de la vie politique (CEVIPOL). Ses recherches concernent la gouvernance de l’Union européenne, en particulier en lien avec les valeurs européennes. Des questions qui s’étendent notamment à l’élargissement et l’évolution politique et institutionnelle de l’Union européenne.


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Novembre 2017 - Sommet social européen

Ramona Coman, CEVIPOL & Institut d’études européennes (IEE)


Avec la signature du socle européen des droits sociaux, le social semble devenir un réel enjeu pour les chefs d’État de l’Union européenne. Est-ce le cas, Ramona Coman?

C’est un des principaux défis au regard de l’intégration de l’Union européenne (UE). La crise financière et celle de la zone euro ont augmenté les inégalités entre les États membres et le ressentiment de certains citoyens européens. Aller vers une convergence des politiques sociales et de l’emploi entre les membres est une solution pour diminuer les impacts négatifs de la mondialisation et des tensions du marché intérieur. La difficulté sera cependant de concilier les contextes et points de vue différents des États membres et d’assurer une application des décisions, malgré les compétences fragmentées de l’UE dans le domaine social –qui reste principalement l’apanage des États.


Les enjeux sociaux ont-ils été délaissés précédemment?

Non, car ce n’est pas une nouveauté: le traité de Rome, instaurant la Communauté économique européenne en 1957, prévoyait déjà une "amélioration des conditions de vie et de travail" suite au développement d’un marché commun. C’est le discours dominant jusque dans les années 80: les conditions sociales s’améliorent si l’économie s’améliore. Dans les années 90, on a remarqué que cela ne fonctionnait pas ainsi et qu’il fallait intervenir. Des réflexions ont été lancées mais leur concrétisation prend du temps et la crise de 2010 est entretemps passée par là. Les nouveaux traités et accords sont donc importants pour mettre en œuvre de nouvelles politiques sociales convergentes. Ces compétences dépendent cependant des États membres: il faut donc que les élites européennes et les dirigeants européens eux-mêmes prennent l’initiative de faire primer le social sur l’économique. La directive sur les travailleurs détachés et sa révision récente est un bon exemple de cette dynamique.


En parlant d’intégration et de convergence, que pensez-vous de l’idée d’Emmanuel Macron d’une "Union à plusieurs vitesses", évoquée en septembre?

L’idée du Président français est de ne pas empêcher ceux qui veulent avancer vers plus d’intégration de le faire, même si d’autres membres de l’UE ne le souhaitent pas. Cette idée d'une Union à plusieurs vitesses a cependant été rejetée par Jean-Claude Juncker dans son discours sur l’état de l’Union. Cela me semble également difficile à mettre en œuvre sur le long terme: on risque d’accentuer les déséquilibres et les tensions au sein de l’UE avec, d’un côté, des noyaux de pays membres très soudés et, de l’autre, des États qui en sont exclus. L’idée a cependant le mérite d’ouvrir le débat sur l’avenir de l’Union, à deux ans des élections européennes.


Un mot sur l’Allemagne, qui s’était ralliée au projet du Président français: les dernières élections allemandes ont-elles affaibli Angela Merkel?

Angela Merkel est en effet sortie victorieuse mais affaiblie des législatives allemandes de septembre, mais je ne pense pas que ça ait une grande influence sur la politique européenne. La position de l’Allemagne, en revanche, s’est nuancée ces derniers mois: après la crise de la zone euro, le pays était l’exemple à suivre et jouait un rôle important. Aujourd’hui, le contexte a changé: des États adoptent des points de vue différents de l’Allemagne, qui perd donc un peu de son monopole.


À quoi doit-on s’attendre en 2018 au niveau de la politique européenne?

Ce sera une année de transition vers les élections européennes de 2019: il ne devrait y avoir que peu ou pas de révisions de traités. Les débats sur l’avenir de l’Union devraient en revanche prendre plus de place. L’année 2019, selon les résultats des élections et l’aboutissement (ou non – les négociations sont très lentes) du BREXIT, devrait donner une nouvelle impulsion à l’Europe: soit vers plus d’intégration, soit vers une coopération plus nuancée "à la carte".

Rappelez-vous

Vendredi 17 novembre

Lors du "Sommet social pour des emplois et une croissance équitables" de Göteborg, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne signent un accord sur "Le socle européen des droits sociaux". Cette déclaration comprend 20 principes et droits relatif au marché du travail et à la protection sociale.

Quelques semaines plus tôt, le 23 octobre, les ministres du Travail de l'UE trouvaient un accord sur la réforme de la directive concernant les travailleurs détachés: ceux-ci sont désormais payés à salaire égal, à travail égal et sur un même lieu de travail, que les travailleurs locaux (à l’exception du secteur du transport routier).