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Membre du Centre de recherche "Mondes modernes et contemporains", Pieter Lagrou s’intéresse aux évènements émaillant l’histoire de l’Europe au 20e siècle. Ses recherches portent particulièrement sur la deuxième guerre mondiale et ses conséquences. Pieter Lagrou enseigne également l’histoire contemporaine aux étudiants de la Faculté de Philosophie et Sciences Sociales.


plagrou@ulb.ac.be

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Octobre 2017 – Centenaire de la révolution russe

Pieter Lagrou, Mondes modernes et contemporains


Pieter Lagrou, pourquoi un siècle plus tard, se souvient-on encore de la révolution russe? En quoi cet événement est-il important?

C’est un évènement important car il est directement lié à l’évolution de la première guerre mondiale, dont nous avons vécu de nombreuses commémorations ces derniers mois. Ce soulèvement marque le retrait de la Russie du conflit et, en même temps, il n’aurait pas eu lieu hors du contexte de la guerre. C’est également une "révolution", c’est-à-dire un changement de régime sur base de pensées nouvelles et utopistes. On peut d’ailleurs faire de nombreux parallèles avec la révolution française, par exemple. La révolution d’octobre et celle de février en Russie sont notamment accompagnées de changements au niveau des droits de l’homme comme la fin des peines corporelles, le droit de vote universel, etc. L’histoire nous montre que tout n’a pas tourné comme prévu et que cela a conduit à l’installation d’un régime communiste autoritaire par la suite, mais cela reste quand même un des évènements fondateurs de l’histoire du 20e siècle.

2018: 100 ans après la fin de la première guerre mondiale

Retrouvez déjà nos premiers experts sur cette thématique.


La révolution d’octobre 1917 marque l’arrivée au pouvoir des Bolchéviques et des idées communistes. Que reste-t-il de ces idées 100 ans plus tard?

À la base, les Bolchéviques promettaient le pouvoir aux Soviets, c’est-à-dire les assemblées populaires. C’est la base de la démocratie et c’est donc une idée qui peut encore nous parler aujourd’hui, même si l’exemple du régime russe a mal tourné. Par ailleurs, l’Union soviétique était basée sur une notion de citoyenneté, indépendamment des nationalités ou d’un territoire: un citoyen de l’Union soviétique avait accès à tous les droits réservés à ces citoyens, en plus de certains droit d’autonomie culturelle liés à sa nationalité ou de sa région d’origine. En Europe de l’Ouest et Centrale, nous sommes plutôt dans une logique d’États-Nations, où le droit à "l’autodétermination" fait coïncider citoyenneté, nationalité et territoire, ce qui entraine le droit des majorités à disposer des minorités. L’histoire nous a montré qu’aucun des deux systèmes n’a marché et que les conflits surgissent des deux côtés de l’Europe: on le voit encore aujourd’hui avec le Brexit ou la question de l’indépendance de la Catalogne. L’Union européenne pourrait offrir une solution aux conflits entre citoyenneté, nationalité et territoire, à condition d’oser dépasser le cadre idéologique de "l’État-Nation", comme l’Union soviétique a tenté de le faire. Il faut aujourd’hui s’inspirer de modèles de pensée alternatifs, y compris de ceux qui ont, in fine, mal tournés.


En 2018 auront lieu les élections présidentielles en Russie: Vladimir Poutine devrait se présenter à nouveau. On attend encore l’installation d’une vraie démocratie dans ce pays…

La Russie fait face à une absence d’expérience démocratique: les demandes vers plus de justice et d’égalité ont toujours tourné vers la violence et l’autoritarisme. La vie politique russe actuelle a ça dans son code génétique: le régime ne supporte pas la contradiction et utilise la violence. C’est le cas notamment pour les intimidations ou les assassinats mystérieux de journalistes critiques envers le régime. La Russie a également en elle une frustration liée à la perte des territoires lors du retrait du front en 1917: l’idée de revenir aux frontières de 1914 sera au cœur du pacte entre Staline et Hitler en 1939, puis entre Staline et les alliés dans les accords de Yalta en 1941. La stratégie de Poutine, comme Staline avant lui, est de se poser en héros des minorités russophones de ces pays (en Ukraine, Géorgie, Lettonie, etc.). On a vu ce que ça a donné avec le conflit autour de la Crimée: l’Union européenne n’a pas su gérer la géométrie particulière des nationalités –et des minorités–, contrairement à la constitution soviétique. C’est un échec de l’Europe, d’une part, et cela a permis d’accroître l’influence de la Russie, d’autre part. Vladimir Poutine est donc le digne héritier d’un versant particulier de l’histoire de son pays, à l’opposé de ce qu’incarnait l’octobre rouge de 1917.

En 2018: Élections présidentielles russes

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Rappelez-vous

Mardi 24 octobre

On célèbre le centenaire de la révolution russe.

Le 24 octobre 1917, les Bolchéviques prennent le pouvoir. Emmenés par Lénine et Trotsky, ils promettent le pouvoir aux Soviets -les assemblées populaires- et la dictature du prolétariat.

Après le retrait de la Russie de la première guerre mondiale, la guerre civile avec les armées "blanches" transformera progressivement ces idéaux en un régime communiste dictatorial.