Vlaams Blok: un nationalisme économique
Un parti nationaliste
Le Vlaams Blok se distingue par son nationalisme : pour lui, ce n'est pas l'individu ou le bien-être économique qui est au
centre, mais le " peuple " défini au sens ethno-linguistique. Un État ne peut être que l'expression politique d'un peuple.
C'est donc bien un parti raciste (völkisch) au sens philosophique du terme. Il est dès lors opposé à l'existence de la Belgique.
Pour ce parti, le politique prime sur l'économique. Cet objectif nationaliste a pour conséquence une série de positions.
Autonomie radicale
Pour le VB, il faut scinder tout ce qui relie encore les deux parties du pays : justice, politique de l'emploi, chemins de
fer, sécurité sociale... Le peuple flamand ne pourra, sinon, mener les politiques correspondant à son génie et ses intérêts.
Le Blok est méfiant par rapport à la globalisation qui réduit la sphère d'autonomie des États. Il est favorable au maintien
d'une base économique solide en Flandre et est soucieux de prendre des mesures pour maintenir un ancrage national des leviers
de décision. Il est aussi convaincu qu'au niveau européen, un certain degré de protectionnisme est indispensable ; de même,
le contrôle des migrations est pour lui nécessaire.
Cohésion sociale pour les " vrais flamands "
Le Blok considère que l'État doit contribuer à lutter contre l'émiettement du lien social : " notre vision nationaliste n'est
pas marquée par l'égoïsme mais vise au sentiment d'appartenance et à la solidarité " (Programme, p. 34). " Une approche ultra-libérale
du principe de laisser-faire peut conduire à des abus, où le bien-être d'un petit groupe augmente aux dépens du bien-être
de beaucoup" (Programme, p. 41). En termes sociaux, la sécurité sociale doit être maintenue, mais pour les seuls flamands,
la discrimination contre les non-nationaux étant revendiquée par le Blok. Par ailleurs, le gouvernement doit favoriser la
cellule familiale et favoriser les couples mariés. L'accueil à la petite enfance doit être soutenu. On reconnaît ici le point
de vue conservateur et nataliste typique des partis d'extrême-droite. Sa vision économique est du reste très libérale (favoriser
l'entreprise, baisser la fiscalité).
Refus de la société multiculturelle
Des entités groupant des peuples différents étant pour lui contre-nature et inefficaces, le VB considère qu'il faut limiter
les flux migratoires. Pour les étrangers déjà établis, la seule bonne politique est l'assimilation : ils sont acceptés dans
la mesure où ils abandonnent leurs spécificités, parlent la langue flamande et adoptent les moeurs et coutumes de la société
hôte. Ceux qui ne s'adaptent pas doivent pouvoir être expulsés. Bien entendu, pour le Blok, les francophones de Bruxelles
et de Flandre sont aussi des " étrangers ". Dans la même logique, en matière culturelle, le VB est favorable à un concept
d'exception culturelle (quota de chansons flamandes à la radio, soutien aux arts et lettres " flamands "...). Il reconnaît
une importance fondamentale à l'éducation et veut revaloriser la fonction enseignante. À nouveau, l'objectif suprême est la
protection de l'identité.
Méfiance par rapport à l'Europe
Le VB se rend bien compte que la Flandre est une petite économie ouverte et que la fermeture des frontières serait suicidaire.
Il est donc pour un protectionnisme au niveau européen. Néanmoins, il est hostile à la création d'un super-État européen (à
nouveau sur base de l'idée qu'un état multinational n'a pas de sens). Il est dès lors favorable à une vision intergouvernementale
; le principal pouvoir doit résider au niveau du conseil des ministres et pas de la commission.
Pour conclure
Le Vlaams Blok est un parti " ethniste " pour qui l'objectif suprême du pouvoir est la préservation et le développement du
" peuple " flamand. Ce parti se prétend plus démocratique (en fait populiste) que les autres dans le sens où il souhaite que
le système politique permette l'expression " réelle " du peuple - écho de la distinction entre pays réel et pays légal des
rexistes. Bien entendu, fidèle à sa vision raciste, seuls des États monoethniques peuvent être selon lui démocratiques. La
vision du VB reste ancrée dans un imaginaire de même nature que le nationalisme allemand d'avant 1945 dont on a pu voir les
effets désastreux jusque dans l'histoire récente (Yougoslavie...). C'est peut-être cette vision anachronique d'une société
conçue comme Volksgemeinschaft (communauté) qui peut le rendre séduisant pour une frange de l'électorat qui se sent perdue
face à tous les changements introduits par la globalisation, par la libéralisation des économies, l'immigration et l'intégration
européenne et abandonnée par les partis traditionnels. Repli sur soi et intolérance : telle est la vision du VB.
Jean-Luc de Meulemeester Chargé de cours à l'ULB
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Si du côté francophone, le Vlaams Blok fait l'unanimité contre lui, du côté flamand, les choses sont moins nettes. Il est
dès lors intéressant de mettre à jour la logique interne de son programme pour le situer dans le paysage politique et mieux
le combattre. Analyse.
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