13 juin 2004 : les enjeux du scrutin régional
Rien n'est moins sûr pourtant. Ainsi, cette élection supposée centrée sur les compétences régionales et communautaires est
en réalité à même d'avoir plus d'effets sur l'échelon fédéral, déjà fort affecté par la (pré)campagne électorale. Au surplus,
les partis n'ont pas nécessairement fait oeuvre de pédagogie pour distinguer les vies politiques et les compétences fédérales
et régionales-communautaires. En 2003, un grand nombre de ministres (tous en Flandre) régionaux ou communautaires étaient
candidats au scrutin fédéral. Par ailleurs, certaines formations avaient fait campagne sur des thèmes ne ressortissant pas
du fédéral (l'éducation, en particulier). La confusion paraît moins nette à cette occasion, même si certains ministres fédéraux
seront parties prenantes à la compétition.
Enjeux et interrogations
Comment se déclinent les enjeux et interrogations à quelques encablures du scrutin ? C'est incontestablement vers le Nord
du pays que les regards seront focalisés. Le spectre politique flamand se dévoile désormais comme un jeu à quatre formations
à forces sensiblement égales. Le premier d'un jour peut tout aussi bien terminer quatrième un an plus tard. Dans ce contexte,
chaque voix compte pour le rang et la représentation de chaque parti mais aussi, bien sûr, pour la confection de la majorité
parlementaire.
Quatre interrogations principales seront au coeur du scrutin. La première est l'évaluation du nouveau potentiel de nuisance
du Vlaams Blok. Depuis le scrutin municipal en 1988, le Vlaams Blok n'a plus perdu la moindre élection et talonne désormais
les trois " grands " du système. Chaque député qu'il conquiert rend plus complexe l'élaboration d'une majorité parlementaire
parmi les partis démocratiques.
La deuxième question est de savoir dans quelle mesure libéraux du VLD et socialistes du cartel SP.A-Spirit seront à même de
décrocher une majorité pour traduire au niveau régional-communautaire l'alliance établie au gouvernement fédéral. L'absence
d'une majorité parlementaire aurait immanquablement des effets sur le gouvernement fédéral et pourrait ouvrir la porte à une
asymétrie entre gouvernement régional flamand et exécutif fédéral, ce qui rendrait l'exercice gouvernemental au fédéral très
périlleux.
Quel sera le premier parti (cartel de partis) au soir du 13 juin 2004 est une interrogation fondamentale, car ce statut de
premier détermine l'initiative pour former la majorité. Le président du premier parti a " par tradition " la main.
Enfin, il reste à savoir si les verts (de Groen!) pourront sauver l'un ou l'autre meuble après la déroute du scrutin fédéral
et la perte de toute représentation parlementaire à cette occasion.
En Région bruxelloise...
En Région bruxelloise, deux questions clés dominent les débats. La première a trait à l'épée de Damoclès que fait peser le
Vlaams Blok sur les institutions bruxelloises. Compte tenu de son statut de premier parti flamand de la Région, l'extrême-droite
flamande sera peut-être à même d'engranger une majorité de députés dans le collège flamand de la Région (qui compte 17 élus)
et donc, normalement, d'exiger des ministres.
La deuxième concerne la compétition serrée que se livrent le Parti socialiste et le Mouvement réformateur pour le statut de
première formation de la région mais surtout pour décrocher la future ministre-présidence.
... et en Wallonie
En Région wallonne, les enjeux paraissent a priori moins saillants. On peut pourtant relever plusieurs éléments essentiels.
Le gouvernement actuel fonctionne toujours sur la base des rapports de forces déterminés par les résultats de 1999. Or, les
scores de l'élection fédérale du 18 mai 2003 ont notablement changé l'état des forces entre socialistes et libéraux. Une confirmation,
voire une amplification des résultats du scrutin fédéral, changeront la donne et les orientations politiques, non seulement
au niveau de la Région wallonne, mais aussi de la Communauté française.
L'avenir du Cdh
Un deuxième enjeu fondamental est l'avenir du Centre démocrate humaniste. Après une élection calamiteuse en 1999, les sociaux-chrétiens
ont mué en une nouvelle formation, qui a enregistré de nouvelles pertes (certes contenues) en mai 2003. Une nouvelle stagnation,
voire un recul, pourrait poser de manière nette la signification contemporaine d'un parti démocrate-chrétien dans l'espace
politique francophone.
Enfin, à l'instar de Groen! en Flandre, l'état de santé d'Écolo après le traumatisme électoral du 18 mai est une question
ouverte. Une stagnation par rapport au score du 18 mai 2003 mettrait plus à mal encore les moyens du parti et la crédibilité
de son équipe dirigeante.
Pascal Delwit Centre d'étude de la vie politique de l'ULB
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Le 13 juin 2004, se tiendra en Flandre et en Wallonie le troisième scrutin régional depuis l'adoption de l'élection directe
des députés régionaux en 1993. En revanche, en Région bruxelloise, les électeurs éliront pour la quatrième fois leurs mandataires
régionaux. Le fait régional - et, par ricochet, communautaire - devrait donc s'enraciner dans le paysage politico-institutionnel
belge.
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Tout savoir sur le scrutin
Pour toute information et résultat relatifs au scrutin du régional du 13 juin 2004, consultez le site Web du Centre d'étude
de la vie politique de l'ULB : http://www.ulb.ac.be/soco/cevipol
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