L'Europe des indicateurs de santé
Esprit Libre : Comment est né cet ambitieux projet ?
Sophie Alexander : PERISTAT est une étude qui a été rendue possible par la Commission européenne (Direction santé publique de la Direction générale
santé et protection des consommateurs, Sanco), et fait partie du Health Monitoring Program (Programme de surveillance de la
santé). Cette structure comprenait une trentaine de volets (diabète, nutrition, etc.). Autour de la santé de la reproduction,
il y a eu trois appels d'offre : un pour le domaine de la naissance (PERISTAT), un pour celui de la santé reproductive en
dehors de la grossesse (REPROSTAT), et enfin, un pour celui de la santé de l'enfant (CHILD). Ces 3 projets ont été financés
par le programme de surveillance de la santé (1997-2002) de la DG Sanco. Le but global de PERISTAT consistait à dégager des
séries d'indicateurs et d'essayer de les collecter. Des indicateurs qui s'adressent aux professionnels de la santé, aux planificateurs
et aux chercheurs, et qui doivent permettre de mieux surveiller et d'améliorer l'évaluation de la santé périnatale au niveau
européen. Concrètement, cela signifie qu'il est important que chaque pays puisse fournir des chiffres précis, soit tout le
temps, soit lors d'enquêtes ciblées. En Belgique, PERISTAT a été coordonné par l'ULB, et le Studie centrum voor perinatale
epidemiologie (Paul Defoort) a été associé à l'élaboration de la liste d'indicateurs. Ensuite, dans la seconde phase de collecte
des données, l'Institut scientifique de la santé publique, l'ONE, le Studie centrum voor perinatale epidemiologie, le Ministère
de la Communauté flamande et le Groupement des gynécologues de langue française ont été impliqués.
Esprit Libre : Le projet s'est déroulé en deux phases...
Sophie Alexander : Dans un premier temps, les 15 se sont assez facilement accordés pour définir trois groupes d'indicateurs de santé périnatale
: des indicateurs prioritaires (mortalité des mères, des foetus, des nouveaux-nés et des enfants, la distribution des poids
de naissance et de la prématurité, les grossesses multiples, les césariennes, l'âge des mères et le nombre de grossesses antérieures),
secondaires, et des indicateurs à développer (accouchement " nature ", satisfaction des femmes). Car, notamment dans les hôpitaux,
on relève et on archive énormément de données. Malheureusement, d'un pays à l'autre, on collecte ces informations avec des
priorités et des procédés variables, et une organisation nationale parfois défaillante. Ce qui donne souvent, comme on l'imagine,
des résultats incohérents. Le but n'est pas uniquement de compter avec d'avantage de précision la mortalité ou la prématurité
mais bien de permettre au politique de pouvoir faire des choix et de coordonner des actions au regard des données recueillies.
Dans un second temps, PERISTAT s'est donc attaché à collecter les indicateurs dans les pays participants au projet.
Esprit Libre : Selon les pays, remarque-t-on des nuances sensibles ?
Sophie Alexander : Quel que soit le facteur, on a observé des chiffres relativement contrastés. Les mortalités varient par exemple du simple
au double. Il est cependant risqué de s'essayer à des comparaisons car beaucoup de facteurs entrent en jeu. La distribution
des âges des mères, par exemple, diffère fortement selon les pays. Et ce facteur est le déterminant le plus important dans
la mortalité maternelle. Par exemple, les mères de plus de 40 ans courent 100 fois plus de risque de décéder que les mères
de 25 ans. Si une population est globalement plus vieille, on aura de ce fait d'avantage de morts maternelles, sans que la
responsabilité politique de santé du pays ne soit obligatoirement engagée. Il convient donc d'observer ces différences avec
circonspection. Toutefois, le palmarès des Scandinaves est relativement bon, celui des pays du Sud, moins brillant, et celui
de la Belgique, plutôt moyen. La communautarisation, pour la transmission des informations, et un manque de forces vives,
pour l'archivage des données, expliquent en partie ce constat.
Esprit Libre : D'autres chantiers sont-ils prévus ?
Sophie Alexander : Nous espérons un PERISTAT 2, cette fois à 25, avec la participation des futurs États-membres. À cette occasion, nous aimerions
redémarrer l'action et développer certains indicateurs, comme ceux de bonne santé par exemple. Au niveau belge, nous souhaiterions
également créer un système hospitalier efficace pour l'extraction et la mise en commun des données contenues dans les dossiers
médicaux. Nous possèderions ainsi une base de donnée interactive, qui serait un complément à l'état civil. C'est déjà ce qui
se passe en Flandre avec le Studie centrum voor perinatale epidemiologie. Cela ne devrait pas - en principe - demander un
gros financement.
Laurent Cortvrindt
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En matière d'évaluation de la santé périnatale, de nombreux éléments, aussi divers que variables, sont à prendre en compte.
Or, faute de concertation, plusieurs de ces indicateurs ne peuvent être comparés entre les États-membres européens, voire
n'existent pas dans chaque pays. PERISTAT, qui vient de rendre public ses premiers résultats, s'est attaqué à ce problème.
Sophie Alexander, coordinatrice pour la Belgique, nous en explique le développement.
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