Antoine Hauzeur,
à travers les Émirats arabes unis
En avril dernier, je ne connaissais rien des Émirats à part cette ville folle dont on entendait de plus en plus parler : Dubaï.
Un an plus tard, je commence à comprendre l'histoire de cette contrée, l'obsession de construire toujours plus haut, jamais
en ligne droite et toujours en se moquant des règles. Malgré le choc ressenti au début (comme la plupart des Européens quand
ils débarquent dans ce pays), j'ai appris à vivre dans cette culture qui postule des différences sociales selon l'origine
des gens. Et pourtant, ce développement n'est-il pas le fruit d'une ouverture, ou plus justement, d'une vision éclairée du
monde d'aujourd'hui ?
Les Émirats bénéficient d'un taux de criminalité extraordinairement bas. Ils ont par contre un taux de mortalité sur les routes
fort élevé. Entre les locaux qui sont de toute évidence chez eux, les Indiens qui ont l'habitude de rouler à gauche dans une
circulation totalement différente et les Européens qui se croient plus malins, entre les dépassements à droite comme à gauche,
les grosses 4X4 et les vielles minounes, et puis moi au milieu... je sens qu'il faut que je me défende...
En ce qui me concerne, tout a été très vite. Avril dernier, Business Day : 3 jours durant, différentes entreprises tiennent
des stands leur permettant de rencontrer les futurs diplômés. L'occasion pour les étudiants de 1re et de 2e licences d'avoir
une première approche du monde du travail. J'ai tout de suite eu un bon contact avec les représentants de Besix, compagnie
belge réputée et construite sur les bases de l'ancienne Société belge des bétons. Était-ce dû à mon CV, à mon année à la VUB
ou à ma motivation de travailler à l'étranger ou encore à ma bonne humeur ? Qu'importe, deux semaines plus tard, je passais
une journée d'évaluation. La semaine suivante, je me faisais surprendre par un contrat à durée indéterminée avec la filiale
d'Outre-Mer de Besix, Six Construct. La réputation de Polytech, après 5 années de labeur, n'a pas été contredite !
16 septembre, mon arrivée à Dubaï après 20 minutes de jeux de piste dans les couloirs de l'aéroport a marqué le début d'une
nouvelle vie. De l'eau fraîche est vaporisée à la sortie du bâtiment pour amoindrir les effets de la chaleur étouffante sur
les touristes ; il est 10:30 pm. Un chauffeur indien vient me chercher et me conduit au Guest House de Sixco, sorte de villa
d'accueil pour les gens de passage et les nouveaux venus en attente de trouver un logement. On m'avait prévenu, et pourtant...
Premier contact, un chauffeur indien et trois maîtres de maison m'attendent à l'entrée, indiens eux aussi. Je me bats pour
porter seul ma valise. Peine perdue...
Le lendemain, mon esprit est occupé ailleurs. Tout est nouveau pour moi. Premier vrai boulot, première fois au Moyen-Orient,
premier contact avec mes patrons, premier lever avant 7h du matin depuis longtemps...
Encore une fois, on s'y habitue. On apprend à vivre et à travailler parmi les 3 millions d'expatriés. Beaucoup d'Indiens,
de Pakistanais, de Népalais et de Chinois forment la première classe sociale : les travailleurs. Viennent ensuite les Européens,
principalement des Anglais, et les Américains. Puis de nombreux Libanais, Égyptiens, Irakiens etc., expats eux aussi, mais
ayant un contact plus facile avec les autorités locales. Enfin les locaux, les Saoudiens, Qataris ou issus d'autres pays riches
du Moyen-Orient.
Anciens protectorats anglais, les 7 émirats (la capitale : Abu Dhabi, puis Dubaï, Sharjah, Ajman, Ras Al-Khaima, Fujairah
et Umm-Al-Qayann) ont reçu leur indépendance en 1971, en même temps que le Bahrain et le Qatar. Le Cheikh Zayed (Abu Dhabi)
et le Cheikh Maktoum (Dubaï) ont alors été les deux principales figures d'un développement rapide et toujours plus ouvert
au monde extérieur. Du désert il y a 30 ans, les 120 km qui séparent les deux villes sont à présent bordés de milliers de
palmiers. Du désert il y a 15 ans, Dubaï s'étend maintenant de Sharjah à Jebel Ali sans interruption. Et toutes les villes
ont chacune " le plus grand building du monde ", " le plus long mur ", " le plus luxueux hôtel ", " le plus... du monde ".
Pourtant, les Émirats ne sont pas Dubaï. Abu Dhabi, la capitale, est une ville bien plus calme, avec un développement plus
structuré. Certains diront qu'il n'y a rien à faire en dehors de Dubaï, d'autres préfèrent ne pas y vivre, ville stressante,
en permanence congestionnée par la circulation. Sharjah, collée à Dubaï fait plus figure d'annexe. Fournissant des loyers
moins chers, le flot de navetteurs est bien plus problématique qu'à Bruxelles. Fujairah, situé sur la côte Est, à la frontière
omanaise, est encerclé par les montagnes ; les récifs et la faune sous-marine sont parmi les plus beaux de la région. La population
y est beaucoup plus accueillante et l'ambiance plus familiale.
Voila, après avoir vécu 7 mois à Dubaï dont 6 semaines au bureau central et 5 mois sur un chantier de murs de quai en blocs
de béton préfabriqués, je suis maintenant ingénieur technique sur un bâtiment à Abu Dhabi. Chaque jour est propice aux expériences
et aux apprentissages. Pour un jeune comme moi, c'est une aventure incroyablement enrichissante. Les projets ont toujours
un quelque chose de grandiose. Les responsabilités et les opportunités n'en sont que plus grandes. Combien de temps cela durera-t-il
? Les projets de promotion immobilière s'accumulent et atteignent leur apogée. Tout le monde s'accorde à dire qu'il y a encore
suffisamment de travail pour les 10 prochaines années.
Après ça... ? Je ne serai sans doute plus là...
Chers amis étudiants, chers anciens camarades, la construction peut vous mener partout, sachez en profiter.
Antoine Hauzeur ... est licencié en Génie civil des Constructions à l'ULB en 2005.
Parti pour les Émirats arabes unis le 16 septembre 2005.
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" We have set our vision higher ". Cette phrase affichée sur un des grands buildings longeant la Sheikh Zayed Road résume
l'ambition d'une famille. Construits sur le désert, à l'entrée du Golf Persique, les Émirats, et en particulier Dubaï, s'affichent
aujourd'hui comme un centre international pour le business et le tourisme. Ici se côtoient des millions de travailleurs indiens,
des expats (Européens, Arabes et Américains) et les locaux (y compris les Saoudiens, les Qataris et autres Moyen-orientaux).
Le tout dans un équilibre qui semble relativement fragile mais tenu d'une main de fer par les familles gouvernantes. En définitive,
je me rends compte qu'impossible n'est pas emirati...
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