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Et si l'éthique était un questionnement pratique ?

La mise en scène, voire la théâtralisation du monde de l'entreprise, - nous pensons par exemple aux fictions cinématographiques -, ont entraîné une défiance à l'endroit, et de ses dirigeants et de son fonctionnement ; les sondages récents montrent le défi d'image dont souffre le secteur privé volontiers associé à une forme de cynisme. Entre la fascination fictionnelle et la suspicion citoyenne, l'entreprise se trouve ainsi confrontée à la nécessité de légitimer et conforter ses activités en construisant un discours réaliste et crédible.

Des choix à légitimer

L'évolution de notre société a également entraîné des mutations économiques et sociales dont l'entreprise est à la fois un acteur, - n'est-elle pas le moteur même de l'activité et le lieu où la richesse se crée ? -, et un rouage, - n'est-elle pas le lieu qui par définition apparaît en première ligne en cas de crise ? -, souvent surdéterminé en termes d'attentes et de potentialités. L'entreprise agit et subit ; elle est en ce semblable à chaque organisation ou " être vivant " mais elle se trouve confrontée à la nécessité de légitimer et de justifier des options, des choix, des erreurs, en dehors de son champ de responsabilité usuel. Cette ambiguïté socio-politique entraîne des contradictions notables en termes d'attentes et de comportements. Comment créer une richesse accrue dans un monde devenu hautement compétitif sur le plan international et éviter les délocalisations ? Comment répondre aux attentes des actionnaires, à celles des travailleurs et aux exigences des consommateurs ? Comment respecter la personne, ses convictions et choix, tout en créant une culture d'entreprise où l'ensemble des individus soit investi dans les mêmes projets ?

Une réflexion à mener

La mondialisation, la multiculturalité, l'ouverture de gigantesques espaces d'échanges, la rapidité des flux financiers, l'altermondialisation et ses revendications, les aspirations grandissantes à la réalisation de soi, sont autant de facteurs qui ont des répercutions directes au sein des entreprises sans pour autant faire l'objet d'une réflexion en profondeur. Il n'est donc guère étonnant de constater que l'intérêt pour l'éthique aille grandissant. L'éthique n'est-elle pas avant tout le fruit d'une réflexion sur les tensions, les contradictions, les conflits et une volonté de les dépasser en évitant les violences physiques et psychiques ?

Basé sur des cas concrets, le cours d'éthique se veut résolument orienté vers une réflexion sur la société et ses composantes, il propose de mettre en chantier, non un monde de " recettes philosophiques " se déclinant sous la forme de maximes moralisantes, mais un espace de réflexion permettant à chacun de s'éclairer en mesurant les enjeux des actes qu'il est amené à poser. Cette approche de l'éthique est avant tout une façon d'écouter autrui pour devenir plus responsable, une façon d'être plutôt qu'une façon de paraître. N'était-ce pas, dit en d'autres mots, une des idées fondatrices de notre Université lorsqu'elle revendiqua le libre-examen comme méthode et idée régulatrice de ses recherches et enseignements ?

Baudouin Decharneux
titulaire de la Chaire d'éthique
David Blampain
assistant à la Chaire d'éthique

C'est un truisme que de souligner combien la question de l'éthique suscite aujourd'hui un grand intérêt dans le monde des organisations. Cet intérêt est dicté par la pression extérieure qu'elles subissent, notamment en raison du développement des moyens de communication qui ont contribué au développement d'une conscientisation plus affinée et de l'évolution économico-politique de nos sociétés.



Une chaire d'éthique

L'Union des Anciens étudiants de l'ULB et l'ULB ont conjointement favorisé le déploiement d'une chaire d'éthique au sein de l'Alma Mater. Celle-ci a été attribuée à des personnalités de renom (Alain Etchegoyen, André Bruyneel, Paul Smets, Peter Praet) de sorte qu'elle rencontre un vif succès près des étudiants (polytechniciens, ingénieurs de gestion, économistes, juristes…). Elle est accessible aux étudiants de la VUB et est largement fréquentée par des étudiants en séjour Erasmus à l'ULB. Baudouin Decharneux, titulaire de la Chaire (bdecharn@ulb.ac.be) et David Blampain (david.blampain@civilitas.be), assistant cet enseignement, ont repris le flambeau lors des trois dernières années en favorisant l'étude de cas. Les grandes lignes de cet enseignement ainsi que des exemples de travaux présentés, sont accessibles sur le site civilitas.be qui sert d'interface entre les enseignants et leur auditoire. Cet enseignement va être élargi. Une personnalité de renom sera invitée pour y présenter sa conception de l'éthique et les études de cas seront menées en parallèle afin de maintenir l'aspect interactif des enseignements auquel les étudiants ont été sensibles. Les étudiants bénéficieront ainsi d'une formation théorique et pratique axée essentiellement sur la mise en perspective critique des questions et la recherche d'une information objective. Ne s'agit-il pas en dernière analyse de chercher à concilier la rigueur de la raison avec l'art de vivre ?

Brésil : les Violons de l'Espoir

Diplômé de la Section interfacultaire d'agronomie, Didier Houvenaghel (lire son portrait dans le n° de décembre 2006) a créé les Violons de l'Espoir, une académie de violon pour enfants des rues de Belo Horizonte pour aider des enfants à sortir de la rue, les former à une profession concrète et durable de violoniste d'orchestre et leur redonner confiance en eux.

Plus d'infos sur www.violonsdelespoir.org

 
  ESPRIT LIBRE > OCTOBRE 2007 [ n°52 ]
Université libre de Bruxelles