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A la recherche de nos ancêtres

Qui étaient les premiers Hommes ? D'où venaient-ils ? Comment ont-ils évolué ? D'éternelles questions qui, petit à petit, voient leurs réponses se préciser… Le Centre de culture scientifique de l'ULB nous propose de nous plonger dans cette fabuleuse enquête sur nos ancêtres à travers l'exposition " Sur les traces de l'Homme. Enquête sur la préhistoire " visible jusqu'au 22 décembre prochain sur le campus de Parentville à Charleroi.

Conçue par Cap sciences de Bordeaux, elle nous entraîne dans un parcours de 7 millions d'années, des Australopithèques à l'Homme moderne. Elle nous montre comment les scientifiques reconstituent aujourd'hui, sur le terrain des fouilles et dans leurs laboratoires, la physionomie des hommes préhistoriques. Elle nous dévoile le mode de vie de nos ancêtres : l'habitat, la chasse et l'élevage, le feu, l'art préhistorique, les sépultures.

Le mode de vie de nos ancêtres… Un thème que Marc Groenen connaît bien. Historien de l'art et archéologue, philosophe des sciences, il mène à l'ULB des recherches sur les hommes du Paléolithique. " Nous avons une image précise de la manière dont vivait l'homme préhistorique : nous savons comment il construisait son logement, comment il allumait un feu, comment il taillait un silex et fabriquait des outils, comment il enterrait les morts, comment il décorait les parois des cavernes, etc. Aujourd'hui, nous pouvons dépasser la simple description des faits de la vie quotidienne : nous pouvons tenter d'induire de ce mode de fonctionnement les structures cognitives de nos ancêtres lointains ", explique avec enthousiasme Marc Groenen.

Nombre de scientifiques s'interrogent donc sur la manière dont l'homme préhistorique appréhendait le monde. De quoi détruire certains clichés, comme nous le montre Marc Groenen : " Le monde était, à l'époque préhistorique, structuré de manière beaucoup plus complexe qu'on ne l'a imaginé pendant longtemps. Des réseaux d'échanges de marchandises étaient organisés, ce qui impliquait, pour se fixer rendez-vous, une maîtrise de l'espace et du temps. Les morts étaient enterrés dans des espaces funéraires précis, selon des rituels bien établis, ce qui atteste l'existence d'une métaphysique. Enfin, 3e illustration de la complexité de ces sociétés : l'art. Les parois des cavernes étaient utilisées pour donner aux représentations une impression de 3D, les animaux dessinés étaient placés de manière telle qu'ils semblaient surgir de la grotte, etc. : on a là une véritable mise en forme, en mouvement, en scène des animaux ou plus rarement d'humains dessinés sur les parois des cavernes où se tenaient des sacrifices d'animaux , comme en attestent les ossements retrouvés ".

Outre les peintures découvertes dans des grottes devenues pour la plupart célèbres - Lascaux et Chauvet en tête -, les hommes préhistoriques ont également réalisé des modelages où la frontière entre réalité et représentation était souvent floue, comme nous le montre ce modelage d'ours en terre dont la tête était un véritable crâne et le dos recouvert d'une peau d'ours et qui était l'objet de pratiques rituelles comme en témoignent les traces de coups de javelot sur le corps.

" L'image porteuse de vie doit souvent être détruite de manière codifiée, symbolique ", précise Marc Groenen, " L'homme préhistorique avait pour coutume de casser les pieds de figures féminines ou de décapiter des statuettes animales. On a par exemple retrouvé une série de statuettes de femmes enfouies en cercle autour d'une habitation en os de mammouth qui a pu être reconstituée. Toutes ces statuettes étaient tournées vers l'espace domestique et avaient les pieds brisés. Pourquoi ? Nous nous efforçons de le comprendre ".

Et si, comme s'interrogeait de manière un peu provocante Dominique Simonnet, écrivain, journaliste, co-auteur de La plus belle histoire de l'Homme : " nous étions encore dans la préhistoire de l'humanité ? "…

Nathalie Gobbe


Jusqu'au 22 décembre, le Centre de culture scientifique de l'ULB accueille sur le campus de Parentville, l'exposition " Sur les traces de l'Homme. Enquête sur la préhistoire ". Une exposition, des ateliers, des conférences, un dossier pédagogique pour découvrir nos ancêtres. L'occasion pour Esprit libre de rencontrer un des orateurs invités par le CCS, Marc Groenen, professeur à l'ULB et spécialiste du Paléolithique.



Sur les traces de l'Homme. Enquête sur la préhistoire
Jusqu'au 22 décembre 2002, au Centre de culture scientifique de l'ULB www.ulb.ac.be/ccs
Infos & réservations : 071 600 300 ou ccs@ulb.ac.be
Parmi les conférences proposées :
Les origines de l'Art dans la préhistoire, par Marc Groenen, le jeudi 21 novembre, à 14 heures

 
  ESPRIT LIBRE > NOVEMBRE 2002 [ n°8 ]
Université libre de Bruxelles