Bruno Van Pottelsberghe
Un parcours ouvert sur le monde et l'innovation
Esprit libre : Votre cheminement s'avère original mais on est néanmoins frappé par la cohérence de vos choix académiques et professionnels
et par leurs orientations (activités et thématiques) très tôt dans votre carrière...
Bruno Van Pottelsberghe : Tout a commencé avec ma thèse de doctorat, dirigée par le Professeur Capron, consacrée à l'efficacité des politiques de la
science et de la technologie et plus particulièrement au rôle de la recherche dans la croissance économique. Doctorant boursier
de l'ULB, j'obtiens un autre petit coup de pouce de notre Université pour me rendre aux États-Unis et au Japon et y rencontrer
deux experts qui s'intéressent au rendement économique, social et international de la recherche. C'est à Columbia que se produira
un déclic qui influencera la suite de ma carrière : la prise de conscience de l'importance de cette thématique d'une part,
et de la maîtrise d'un sujet qui passe obligatoirement par la recherche et les publications d'autre part. Mon recrutement
à l'OCDE avant la fin de ma thèse, par la Direction pour la science, la technologie et l'industrie (DSTI) s'explique principalement
par mes préoccupations de chercheur.
Esprit libre : L'innovation vous fera revenir à l'ULB, puisque en 1999 vous devenez titulaire de la Chaire Solvay d'innovation technologique.
Bruno Van Pottelsberghe : Nouveau jalon - et non des moindres - puisqu'il va me permettre de développer en étroite symbiose recherche et enseignement,
de diriger une huitaine de thèses de doctorat sur la propriété intellectuelle, l'innovation et la recherche académique et
de publier aux presses de l'Université d'Oxford un ouvrage accessible à tout lecteur sur le système de brevets européen, ses
dérives récentes et un plaidoyer pour un retour à la primauté de la qualité sur la quantité de brevets déposés !
Esprit libre : Comment s'est déroulé votre passage à l'Office européen des brevets ?
Bruno Van Pottelsberghe : Expérience géniale, rendue possible par l'ouverture d'esprit de Solvay Entreprise, commanditaire de la Chaire, et de l'ULB
qui m'ont accordé un congé sans solde, je tiens à le signaler. Mon travail à Munich consistait à comprendre le comportement
des utilisateurs de brevets et les retombées socio-économiques du système de brevet ou de son utilisation. J'ai beaucoup appris,
moi qui avais plutôt une connaissance théorique, sur les conditions dans lesquelles un système de brevet fonctionne bien ou
moins bien.
Esprit libre : Le brevet européen, c'est toujours le défi majeur ?
Bruno Van Pottelsberghe : Oui, c'est à mes yeux le défi de la politique européenne en matière de propriété intellectuelle et les obstacles pour y arriver
sont toujours liés à la question des langues et aux législations nationales. Les autres enjeux concernent la qualité du processus
de délivrance et les brevets académiques. La recherche publique n'est pas suffisamment soutenue, notamment en Belgique, alors
que son taux de rendement social est supérieur à celui de la recherche privée.
Esprit libre : Ceci nous amène à d'autres missions plus centrées sur notre pays et notre Université...
Bruno Van Pottelsberghe : Oui, comme conseiller du président j'ai mené une étude sur la valorisation de la recherche à l'ULB et suggéré un certain nombre
de pistes développées par le Département Recherche. J'ai mis en évidence que si l'ULB s'était engagée dans le processus de
dépôt de brevets tardivement, elle avait évité un certain nombre d'écueils et mis l'accent sur la qualité à apporter dans
la préparation des dossiers. J'ai également présidé un groupe de travail sur le système des brevets en Belgique, pour le
Conseil central de l'économie, qui recommande notamment l'intégration de formations et enseignements théoriques et appliqués
dans les cursus des étudiants et chercheurs. Souvent les critiques actuelles sont le fruit d'une méconnaissance totale d'un
système technico-légal assez complexe. Notons également qu'en tant que vice-président de la SBS (2001-2005), j'ai aussi travaillé
sur les aspects " échanges internationaux " et " rankings " de l'École de commerce.
Esprit libre : Vous avez choisi de rentrer plus tôt que prévu à l'ULB. Vous avez donc des projets importants ?
Bruno Van Pottelsberghe : J'ai beaucoup voyagé académiquement parlant tout en sachant que je ne peux rester très longtemps loin de Bruxelles - ville
qui est mon port d'attache - et loin de l'ULB, qui offre un contexte de travail enrichissant - des collègues chercheurs de
très haut niveau - et une forme de gouvernance qui n'étouffe pas la créativité. Je suis ravi de retrouver mes cours à la Solvay
Business School, mes collaborations avec le Dulbea et le Centre Bernheim, et entame avec beaucoup d'enthousiasme un nouveau
parcours de recherche avec ECORE. Je poursuivrai également ma mission de conseiller pour les autorités sur les activités de
valorisation de la recherche.
Chantal Zoller
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À 39 ans, Bruno Van Pottelsberghe a déjà à son actif une carrière hors du commun et un beau parcours international - le MITI
Research Institute (Tokyo), Columbia Business School (New York), OCDE (Paris), Hitotsubashi University (Tokyo), Stellenbosh
University (Le Cape), National Economics University (Hanoi), et le dernier jalon en date, une expérience de 2 ans à Munich
en tant que Chief Economist de l'Office européen des Brevets, qu'il quitte cet automne pour un retour à ses premières amours : Bruxelles et son Alma Mater.
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