Spin-offs : mode d'emploi
L'histoire commence au milieu des années 80. À cette époque, les universités ajoutent à leurs missions traditionnelles - l'enseignement
et la recherche -, un troisième axe : la valorisation industrielle et commerciale des recherches menées dans leurs laboratoires.
" Valoriser, c'est sortir de l'Université les résultats de la recherche pour leur donner une valeur économique, c'est-à-dire
contribuer au développement du tissu industriel, créer des emplois et, lorsque c'est possible, assurer des rentrées financières
", explique Christian Lardinois, directeur du Département recherche de l'ULB. Tournée vers le développement économique, cette
troisième mission est fortement soutenue par les Régions qui transfèrent aux universités la propriété des résultats de certaines
recherches financées par leurs budgets, financent les services d'interface des universités, et offrent des programmes d'aide
au développement de spin-offs.
Petit à petit, on a donc vu se développer des portefeuilles de brevets dans les universités et se créer des entreprises spin-offs.
Aujourd'hui, l'ULB totalise une septantaine de familles de brevets et dix-neuf spin-offs, entendez une entreprise qui répond
à un des trois critères suivants (et souvent aux trois cumulés) : assurer la valorisation de résultats de recherche dans le
cadre d'une entente contractuelle, avoir une participation de l'Université (ou de son fonds d'investissement) dans son capital,
collaborer de façon soutenue et suivie avec l'Université. Si leur nombre est encore limité, on remarquera toutefois que les
spin-offs se sont multipliées au cours des dernières années. Une accélération qui est d'ailleurs liée à la croissance du dépôt
de brevets : en moyenne, chaque année, l'Université prend une douzaine de brevets.
Cheminement par étapes
Voilà pour les statistiques. Mais au fait, comment naît une spin-off ? Première rencontre, celle sans qui rien n'aurait pu
voir le jour : un chercheur obtient dans son laboratoire des résultats " prometteurs " qu'il convient de protéger... Le Département
recherche intervient alors pour identifier, explorer, et étudier l'opportunité technique et économique de cette découverte
en laboratoire, en faisant appel éventuellement à des experts extérieurs spécialistes du domaine. La phase exploratoire terminée,
le dossier est transmis au comité de valorisation - présidé par la vice-rectrice à la recherche et au développement - qui
décide de protéger cette propriété intellectuelle ou pas en prenant un brevet. Étape suivante, toujours au sein du comité
de valorisation qui pourra avoir pris l'avis du fond d'investissement Théodorus : doit-on aller plus loin en accordant à une
société existante une licence sur le brevet, ou en créant une spin-off qui exploitera elle-même le brevet licencié ? S'il
y a création d'entreprise, l'ULB peut continuer à épauler le processus à travers un de ces trois incubateurs : EEBIC (campus
Erasme), Cap Innove (Nivelles) et Wallonia Biotech (Charleroi Aéropole). À noter que pour mieux assurer le repérage sur le
terrain de ces innovations, l'ULB collabore avec l'asbl ECULB, l'une des " antennes " de l'ULB en matière d'entrepreneurship.
En tout, vingt-et-une spin-offs sont nées de ce processus : dix-neuf d'entre elles sont toujours là et se portent bien, voire
pour certaines très bien. " Le taux d'échec très faible est probablement lié à un processus de sélection rigoureux, souligne
Isabelle Lefebvre, responsable de l'Interface ULB. Ensuite, différents facteurs jouent souvent : un background scientifique
et une propriété intellectuelle solides, un échange constant entre le laboratoire universitaire et l'entreprise, une politique
d'innovation et bien évidemment des capacités de management appropriées ".
Les sciences humaines en perspective
Parmi les spin-offs à la plus belle croissance (en moyenne 80 salariés pour chacune), trois entreprises actives dans le domaine
biomédical : Unibioscreen, Henogen et Euroscreen. Les sciences du vivant - et en particulier la santé - sont, il est vrai,
un axe majeur à l'ULB : 70% des spin-offs de l'Université en sont issues. " Dans les brevets, on a pu constater une diversification
des disciplines concernées, en particulier dans le secteur des dispositifs médicaux où s'associent des laboratoires de la
Faculté de médecine et de la Faculté des sciences appliquées. Côté spin-offs, on constate que les sciences humaines, jusqu'alors
absentes, commencent à se positionner : deux dossiers à l'étude actuellement viennent respectivement d'archéologie-anthropologie
et d'étude des religions ", soulignent de concert Christian Lardinois et Isabelle Lefebvre.
Nathalie Gobbe
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Si la recherche fait progresser les connaissances et in fine le mieux être, elle contribue également au développement économique.
On parle alors de... valorisation.
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