Grands pays émergents et futur écologique planétaire: une influence majeure
Étant donné les nombreux types de consommation impliqués, ressources végétales, minérales, énergie, etc., les estimations
chiffrées de cette question sont nombreuses. Ainsi a-t-on pu dire que les 20% les plus riches de la population du globe consommaient
80% de ses ressources, et la principale signataire du Rapport Brundtland publié il y a vingt ans déjà , estimait que " plusieurs
Terres " seraient nécessaires à l'adoption dans le monde entier des standards occidentaux de consommation. Depuis, la croissance
économique dans de grands pays en voie d'industrialisation tels que la Chine, l'Inde, ou encore le Brésil, est venue donner
plus de corps à ce calcul hypothétique. En outre, les effets des émissions de gaz à effet de serre sur le climat devraient
provoquer au cours de ce siècle des dérèglements dont les effets sont maintenant chiffrés économiquement comme très importants.
Dans ce contexte, l'image de la " voiture des Chinois " est devenue une image choc des discours sur le futur de l'énergie.
À savoir, le calcul de la consommation de pétrole et des émissions qui résulteraient de taux de motorisation par habitant
en Chine multipliés par plus de 50, pour rejoindre les niveaux occidentaux.
" Contraction et convergence "
On peut tenter de distinguer plusieurs types de problèmes impliqués par la poursuite de la croissance de ces grandes nations
émergentes. Pensons d'abord aux ressources naturelles dans ces pays. La diminution prévisible de l'accès à l'eau - un élément
fondamental pour la santé et l'agriculture - constitue aujourd'hui un problème crucial dans un pays comme l'Inde. Les pressions
sur l'occupation des sols - déforestation, érosion, espaces disponibles pour diverses activités - posent des problèmes croissants
à l'homme, mais aussi à la protection des espèces animales et végétales. La croissance des pollutions industrielles et des
transports, en particulier la pollution de l'air, a des impacts que certains chiffrent à plusieurs pourcents de PNB en Chine
aujourd'hui. Tous ces domaines nécessitent des politiques environnementales renouvelées, adaptées au contexte de ces pays
et tirant les leçons du passé.
Et puis il y a l'énergie. Dans ce domaine, de plus en plus de travaux internationaux soutiennent le scénario " contraction
et convergence ". Il signifie une réduction des niveaux de consommation dans les pays riches pour permettre une augmentation
prévisible dans les pays en développement. Le tout en visant, à terme, des niveaux " soutenables " au niveau mondial. Bien
que soulevant de très nombreuses difficultés, cette perspective apparaît néanmoins comme l'alternative la plus équitable et
la moins imprudente par rapport à un laisser-faire débouchant sur des violences croissantes dans la compétition envers les
ressources, et des changements brutaux imposés par les éléments naturels.
L'avenir se jouer dans les PVD
S'il est vrai que les pays anciennement industrialisés restent historiquement et aujourd'hui les principaux responsables des
émissions de gaz à effet de serre, l'avenir de cette question va de plus en plus se jouer dans les pays en développement.
Non seulement leurs émissions vont représenter d'ici 2020-2030 la majorité du total mondial, mais surtout le développement
vigoureux qui se déroule dans certaines régions contribue fortement à modeler les types de production et de consommation dans
l'ensemble du monde. Ainsi, si la Chine devient " l'atelier de la planète ", il est crucial que les normes adoptées pour la
production soient ambitieuses en terme d'énergie et d'environnement, non seulement pour les effets sur la Chine même, mais
pour le monde qui consomme ces produits, et pour le fait que ces techniques de production seront vraisemblablement diffusées
ailleurs. Autre exemple, les changements rapides en matière d'urbanisation et de transports peuvent évoluer vers des structures
consommant des niveaux variables d'énergie.
L'une des clés de la " contraction " est l'augmentation progressive du prix de l'énergie à base de carbone fossile. Une autre
réside dans la fixation de quotas d'émissions comme a commencé à le faire le Protocole de Kyoto. Nombre de travaux estiment
que l'enjeu est rien moins que le passage à des formes de développement technique tournant en partie la page de la période
d'une énergie fossile bon marché, abondante... et utilisé sans précaution - le modèle historique du développement industriel
européen - vers des sociétés où le développement humain pourrait se poursuivre et s'accroître, à des niveaux d'intensité énergétique
et polluants bien moindres. Une utopie aujourd'hui, mais dans l'état actuel des connaissances techniques, une direction sensée.
Edwin Zaccaï Président de l'IGEAT, ULB
Responsable du Centre d'études du développement durable, ULB
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La diffusion globale de hauts niveaux de consommations de ressources naturelles sous l'effet du développement industriel et
économique est au cœur de la pensée du développement durable depuis ses origines. Mais comment arriver à atteindre des niveaux
de consommation " soutenables " alors que la Chine et l'Inde, pour ne citer que ceux-là, vont bientôt atteindre des rapports
consommation-pollution inquiétants ?
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En Inde, la surpopulation oblige parfois à trouver de solutions bricolées pour des problèmes quotidiens, tels que le transport...
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