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[UAE. Nos Anciens, aux quatre coins du Monde...]
 
 
 
Gregory Driessens Chicago, la méconnue

Cette cité dont le nom évoque des bandits comme Al Capone, a longtemps gardé sa réputation de " capitale du crime " datant de l'époque de la prohibition et des luttes de gang. Aujourd'hui, du fait de la ségrégation encore présente, certains quartiers dans lesquels la scolarisation ne dépasse pas les 50 % restent à éviter. Cependant, en comparaison avec d'autres mega-cités américaines, Chicago dans sa majeure partie est devenue une ville verte, où il fait bon vivre, avec une criminalité faible.

Avec 8 millions d'habitants, la 3e ville des USA a pourtant su garder une dimension humaine. Ceci grâce à l'accueil et la gentillesse des habitants du Midwest mais aussi à sa situation de ville balnéaire. Que diriez-vous durant l'été, d'un après-midi à la plage et d'un saut dans les eaux du lac Michigan dont l'étendue vous ferait croire que vous êtes à Ostende, le sel en moins?

Chicago recelle encore d'autres attractions plus alléchantes les unes que les autres. Saviez-vous, pour citer un premier exemple, que " la plus américaine des villes américaines " est la capitale mondiale de l'architecture? En effet, détruite presque complètement après un incendie en 1871, la ville est devenue un laboratoire d'expériences architecturales. Différents mouvements vont y voir le jour comptant de grands noms comme D. Burnham ou F. L. Wright qui auront le loisir de donner cours à leur génie. Ainsi, c'est à Chicago qu'est apparu le premier gratte-ciel en 1885 mais c'est ici aussi que se trouve la " Sears Tower " qui avec ses 443m de haut est restée le building le plus élevé du monde jusqu'en 1998.

La ville regorge également d'autres trésors comme l'Art Institute dont les collections hébergent des toiles de Manet, Renoir, Cézanne mais aussi " Les Nénuphars " de Monet ou encore un célèbrissime " auto-portrait " de van Gogh.

L'Université de Chicago constitue une autre fierté des Chicagoans puisque, avec 79 lauréats issus de ses rangs, elle détient le record de prix Nobel. C'est là que j'ai eu la chance de débuter un post-doctorat dans un laboratoire de recherche en oncologie moléculaire. Fraîchement titulaire d'une thèse en Sciences biomédicales de l'ULB depuis juin 2006, je me suis trouvé devant le dilemme que beaucoup d'autres jeunes chercheurs ont connu avant moi, à savoir : l'expatriation ou non à l'étranger pour un post-doctorat.

Je n'avais jamais été un grand voyageur et j'ai même longtemps eu une véritable aversion pour l'avion mais cette fois-ci je me suis lancé pour la grande aventure. Après avoir connu les " joies " administratives relatives à l'expatriation aux USA et trouvé un laboratoire d'accueil, ma femme et moi sommes arrivés à Chicago en septembre. Au début, tout n'a pas été simple; nous n'avions pas de numéro de sécurité sociale et sans ce précieux sésame, l'accès au logement, à l'éléctricité ou à un compte en banque n'a rien d'une sinécure. Sans entrer dans les détails, nous avons par exemple vécu deux semaines sans éléctricité en attendant que la compagnie vérifie notre identité...

Au même moment, j'ai commencé à travailler au laboratoire et je me suis rendu compte que le contraste avec la Belgique n'était pas si grand. Les principales différences résident dans les moyens beaucoup plus importants auxquels les chercheurs ont accès et dans l'organisation des différents départements, plus à l'image du secteur privé.

Voilà donc 6 mois que je travaille dans ce nouveau laboratoire dont l'objectif commun des projets est de mieux comprendre l'interaction entre un cancer et le système immunitaire afin de rendre ce dernier plus résistant et plus efficace à combattre la tumeur.

Cependant, même si mon nouveau boulot et ma nouvelle vi(ll)e sont très agréables, quasiment aucun jour ne passe sans que je n'aie la nostalgie du pays en pensant à la famille et aux amis.

Je suis néanmoins heureux de vivre cette aventure qui constitue une réelle chance et une opportunité. Mais le fait de tout recommencer à zéro, ailleurs et sans repère, était quelque chose d'un peu surréaliste. Le réveil du premier jour et l'exploration de cette ville totalement inconnue avait quelque chose d'inquiétant et d'excitant à la fois. Les débuts ont été rythmés par la découverte de la ville et les petits plaisirs anodins, lorsque par exemple, après plusieurs semaines, nous avons enfin trouvé une boulangerie avec de bonnes " couques au chocolat comme chez nous ". Aujourd'hui, on commence à se sentir " comme à la maison ", même si parfois on a encore du mal à réaliser...

Finalement, c'est un peu comme être en vacances à l'autre bout du monde sauf que désormais l'autre bout du monde, c'est chez nous.

Gregory Driessens


Pour beaucoup d'entre nous, la visite des États-Unis se résume à une étape sur la côte Est pour découvrir New York et Washington avant de réaliser le traditionnel circuit à l'Ouest incluant les grands parcs nationaux et des villes comme San Fransisco ou Las Vegas. Pourtant, perdue dans la région des Grands Lacs, en plein centre du continent Nord Américain, se cache une ville méconnue des Européens, et qui déborde de charme: Chicago.



 
  ESPRIT LIBRE > MARS 2007 [ n°47 ]
Université libre de Bruxelles