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Femme, cancérologue et gestionnaire

Esprit Libre : Qu'est-ce qui vous a poussée vers la médecine, et plus particulièrement vers la recherche et le traitement du cancer ?
Dominique de Valeriola : Un père médecin, une mère infirmière : chez moi, j'ai toujours été plongée dans le milieu médical. Petite fille, je voulais être pharmacienne. La vocation de médecin est arrivée dès l'athénée. J'hésitais entre polytech ou médecine, en fait. Mais l'aspect social du métier de médecin, le contact avec les patients, m'ont vraiment conquise. Puis, lors de mon premier stage en médecine à Tivoli, j'ai été très touchée par la situation des patients cancéreux et par la difficulté tant humaine que scientifique de ce domaine particulier.

Esprit Libre : Le cancer est un des fléaux modernes. Qu'est-ce qui vous motive pour y consacrer toute votre énergie ?
Dominique de Valeriola : Chaque jour, je suis heureuse d'arriver à l'institut. Tout d'abord parce que je continue à soigner mes patients. C'est indispensable pour pouvoir gérer une institution comme celle-ci. Mon but est bien sûr de tenter de les guérir mais aussi de les aider à traverser des épreuves difficiles, et parfois à vivre le mieux possible la vie qu'ils ont encore à vivre.

Esprit Libre : Une étude récente de l'ULB rappelait que les femmes restent minoritaires au sein du monde universitaire et que les préjugés en la matière ont la vie dure... Est-ce facile d'être une femme lorsque l'on est à la tête d'un institut comme Bordet ?
Dominique de Valeriola : Tout d'abord, la profession médicale se féminise de plus en plus. La proportion de femmes en médecine commence à s'inverser. Il est probablement moins évident pour une femme que pour un homme de diriger une institution mais je n'éprouve personnellement pas de problème particulier du à ma condition de femme ! Peut-être est-ce plus l'âge qui peut s'avérer problématique lorsqu'il s'agit d'avoir un certain ascendant sur les personnes...

Esprit Libre : Concilier travail, vie de famille, loisirs et passions personnelles : vous y arrivez ?
Dominique de Valeriola : Tous les loisirs que je peux m'octroyer, je les partage avec mes deux enfants et mon mari. Il faut savoir s'organiser, c'est tout ! Nous voyageons très souvent. J'adore m'offrir régulièrement des petites escapades, ce sont mes bouffées d'oxygène. Sinon, je fais un peu de peinture sur soie, pour la détente que cela m'octroie, mais uniquement en période de vacances.

Esprit Libre : Vous partez où lorsque vous voulez vous évader ?
Dominique de Valeriola : Pour l'instant, mes enfants étant encore en bas âge, nous circulons beaucoup en Europe. On aime évidemment beaucoup les Etats-Unis puisqu'on y a vécu. C'est d'ailleurs un pays qui m'a beaucoup apporté. Il y a là-bas une dynamique en termes de recherche, de moyens. Il y a chez eux une certaine naïveté devant les choses qui leur permet d'aller plus vite et d'appréhender la réalité plus simplement. Sinon, je suis très attirée par les grandes étendues. Je rêve à présent de découvrir l'Afrique, plus encore que l'Asie. Ce sera une de nos prochaines destinations !

Esprit Libre : Des regrets ?
Dominique de Valeriola : Le seul petit bémol à ma carrière actuelle, c'est de ne pas pouvoir continuer à faire de la recherche pure. Même si je peux la " palper " de loin... J'aurais pu faire une carrière en tant que chercheur, mais je crois qu'il m'aurait peut-être manqué l'aspect humain et relationnel, chose que j'apprécie chaque jour dans mon travail.

Alain Dauchot


Situé au même niveau que l'hôpital de jour, au 8e étage de l'Institut Bordet, le bureau est petit. Des piles de documents bien rangés envahissent chaque centimètre carré de la table de travail de Dominique de Valeriola, 42 ans. Sourire, simplicité, bonne humeur... Cette diplômée de l'ULB, médecin oncologue, chercheuse, s'est spécialisée aux USA à l'université de Baltimore. Rentrée en Belgique, elle met en place un laboratoire de pharmacologie puis se forme à la gestion hospitalière. Depuis juillet 2001, elle assume les fonctions de médecin-directeur de l'Institut Bordet tout en poursuivant son travail de médecin.



 
  ESPRIT LIBRE > AVRIL 2003 [ n°12 ]
Université libre de Bruxelles