Chaque mois, l'ULB et son Union des anciens étudiants éditent un magazine intitulé "Esprit libre". Pour permettre au plus
grand nombre de le lire, notamment nos diplômés séjournant à l'étranger, nous vous proposons ici une version "Web" du magazine.
Pour des raisons de simplicité et pour vous éviter le chargement de fichiers trop lourds, cette version a sa mise en page
propre dans laquelle nous avons choisi de ne garder que les textes et de ne pas reprendre les illustrations. éditorial
Vigilance
Le 18 mai prochain, après une législature presque complète, c'est-à-dire exceptionnellement longue, les citoyens belges seront
appelés aux urnes pour élire leurs députés et leurs sénateurs.
Quels sont les enjeux de ces élections ? Dans le dossier qu'Esprit libre consacre à ce sujet, le politologue Pascal Delwit
pointe plusieurs problématiques, à son avis "centrales" :
. Le financement des soins de santé et des pensions;
. Le statut des services publics, dans un climat de libéralisation;
. Le thème de la sécurité, dont on a vu les dégâts au premier tour des élections présidentielles françaises;
. Et, bien entendu, les grincements communautaires, si inséparables de la construction sans cesse recommencée de la Belgique.
Le tout, évidemment, dans un climat brouillé par les crises internationales...
Mais n'oublions pas que ces élections sont aussi importantes pour notre université. Certes, l'enseignement dépend de la Communauté
Wallonie-Bruxelles, mais le fédéral joue encore, directement ou indirectement, un rôle crucial en matière de pensions, de
mobilité internationale, de taxes, de coopération au développement, de recherche, toutes choses qui concernent l'université
et son rôle croissant au service de la société et du monde.
Quelles places font les programmes des différents partis à nos revendications ? Interpellons-les à ces multiples sujets, tout
en saluant les efforts accomplis, en matière de recherche par exemple.
En janvier dernier, trois grands scientifiques belges, Jacques Fastrez, Arsène Burny et Jacques Boniver, ont pris l'initiative
d'une nouvelle campagne d'information et de sensibilisation en faveur de la recherche. Objectif de leur appel : profiter de
la perspective des élections du 18 mai pour titiller le monde politique, engager le débat et amener nos futurs représentants
à prendre des engagements clairs et ambitieux. Principalement visée : la recherche fondamentale, dramatiquement sous-financée
en Belgique, et particulièrement en Communauté Wallonie-Bruxelles : "On y dépense 13 euros par habitant pour la recherche
fondamentale" alors que nos voisins français en dépensent 50 et nos voisins allemands 57...
Le Conseil des ministres européens a fixé aux états membres l'objectif de consacrer 3 % de leur PIB à la recherche d'ici 2010.
En Belgique, on s'efforce péniblement d'atteindre 2 %. Il y a donc un gros effort à faire, spécialement de la part des pouvoirs
publics qui sont notablement en dessous de la moyenne européenne.
Saluons donc à sa juste valeur une mesure importante prise justement au niveau fédéral à ce propos par Yvan Ylieff, commissaire
du gouvernement à la Politique scientifique, Charles Picqué, ministre de la Politique scientifique, et Didier Reynders, ministre
des Finances : dès la rentrée académique 2003-2004, les universités, les hautes écoles et le FNRS vont pouvoir économiser
la moitié du précompte professionnel retenu sur les salaires de certaines catégories de chercheurs, ce qui devrait leur permettre
d'en engager plus et de leur donner plus de moyens.
Cette initiative est excellente et j'en remercie vivement ses auteurs. Mais restons vigilants ! Il y a encore tant à faire
pour défendre l'université, service public.
C'est aussi de vigilance qu'il faudra faire montre à l'égard de l'extrême droite : ne baissons pas la garde. Défendons activement
nos idéaux partout où nous en avons l'occasion, et pas seulement dans l'isoloir. Une progression de l'extrême droite serait
un échec pour nous tous.
Pierre de Maret Recteur de l'ULB
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