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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
À votre santé !

Ce qui frappe d'emblée lorsque l'on se penche sur cette enquête, c'est le nombre impressionnant de questionnaires remplis par les étudiants : ils étaient environ huit sur dix à avoir pris la peine de le compléter. C'est donc que leur santé les intéresse. Il est à noter également que les questionnaires ont été récoltés de septembre à juin. Or, on ne constate pas de différences flagrantes entre ceux récoltés en début d'année et les autres. On ne peut donc pas dire que l'université induit de nouveaux comportements chez les étudiants.

Comme le soulignait la ministre Dupuis à l'occasion de la présentation des résultats, ce qui importe c'est de voir dans quelle mesure la santé est un facteur de réussite ou d'échec durant les études, et d'améliorer certains points en fonction de cet objectif. Pour André Nayer, vice-recteur aux Affaires étudiantes, il s'agit d'objectiver un certain nombre de données pour, au bout du compte, améliorer le bien-être de l'étudiant, son épanouissement dans le contexte universitaire.

Les résultats

En matière de statut pondéral, la majorité des étudiants ont un poids normal. On constate néanmoins chez les filles des problèmes de déficit pondéral auprès d'une minorité d'entre elles. Qu'en est-il de l'obésité ? Ce problème ne concerne que moins de 3 % des étudiants, même si la surcharge pondérale en préoccupe près de 15 %.

La variante " score de support social " analyse la manière dont les étudiants estiment pouvoir trouver un appui psychologique dans leur entourage. Pas de différence de sexe à ce niveau, la majorité des étudiants pensent être bien encadrée. En ce qui concerne la symptomatologie de la dépressivité, 11 % des étudiants présentent un score supérieur au seuil choisi. Les filles sont les premières touchées (16,20 %) contre 5, 8 % pour les garçons.

Le tabac reste une des questions préoccupantes : un tiers de la population étudiante fume quotidiennement. Ce qui est nouveau, c'est que les filles battent maintenant les garçons dans ce domaine (31, 2 % contre 28,5 %). Seul aspect positif : 75 % souhaite arrêter... Comme le souligne le rapport, une structure d'accueil s'avère indispensable.

Boire un petit coup, c'est agréable... La consommation d'alcool est plutôt l'apanage des hommes que des femmes : 13,8 % consomment plus de dix verres par semaine contre seulement 2,8 % des filles.

L'usage des anxiolytiques (tranquilisants) et des hypnotiques (somnifières) reste marginal. Les antidépresseurs sont, semble-t-il, prescrits plus souvent par les médecins qu'auparavant, pour traiter le fond d'un état dépressif plutôt que de traiter ponctuellement angoisses et insomnies.

Quid du cannabis et des cigarettes qui font rire ? Ils sont plus nombreux à avoir essayé une première fois. Parmi ceux-ci, 16,2 % des garçons en ont fait une habitude quotidienne contre 7,8 % chez les filles. Et les autres drogues ? L'ecstasy reste marginale. De plus, sa dangerosité potentielle est bien perçue par une large majorité. Restent les poppers et les champignons hallucinogènes, parmi les drogues qui circulent le plus après le cannabis et l'ecstasy.

Les chiffres de la consommation de jeux liés ou non à l'argent sont une nouvelle donne dans cette enquête : machines à sous, jeux vidéo, loterie, jeux de cartes, etc. Plus de 10 % des étudiants (surtout des garçons) déclarent jouer au moins une fois par semaine à des jeux impliquant de l'argent, contre 65 % qui jouent sans enjeu d'argent.

Groupes à risques

Cette enquête identifie plusieurs groupes à risques, sur base de la convergence de plusieurs des variables analysées. Les étudiants étrangers non européens d'abord : surcharge pondérale et manque de réseau social. Les étudiants plus âgés : faible réseau social, dépressivité et tabagisme. Les étudiantes : déficit pondéral, comsommation de médicaments psychotropes et dépressivité. Les koteurs enfin, touchés plus particulièrement par une consommation d'alcool plus élevée que la moyenne.

Pour Jean-Pierre Bastin du Service médical de l'ULB, ce qui est le plus marquant dans les résultats de cette étude, c'est le taux de dépressivité constaté auprès des étudiants. " Par ailleurs, dit-il, on s'oriente vers une frange de la population estudiantine (ce n'est donc pas le cas de la majorité, je précise !) que l'on peut qualifier de polytoxicomane. Leur mal-être génère de la dépression, qui génère à son tour des dépendances avec l'alcool, le tabac ou des drogues... Cette étude doit permettre d'améliorer les facteurs de réussite. Il faut donc renforcer nos structures d'accueil et d'écoute pour que ces jeunes puissent trouver un appui concret. L'idée d'un entretien-examen obligatoire pourrait être fort utile. J'insiste sur la notion d'entretien : il s'agit de faire le point avec le jeune et, via des tests scientifiques calculant l'état d'anxiété et l'état dépressif, de voir dans quelle mesure il ne faut pas l'orienter vers tel ou tel service psychosocial. ".

Alain Dauchot


Positif : la santé de nos étudiants serait plutôt bonne ! C'est en tout cas comme cela que la majorité des premiers intéressés (86,5 % des filles et 90,8 % des garçons) en juge. Une enquête menée à l'ULB a permis de mieux cerner les comportements de santé des étudiants de première candidature. Cette étude révèle quelques surprises...



Initiée par le vice-recteur aux Affaires étudiantes, André Nayer, cette étude a été soutenue et financée par la ministre de l'Enseignement supérieur, Françoise Dupuis. Elle a été réalisée par le Département d'épidémiologie et de promotion de la santé de l'École de santé publique de l'ULB (Danielle Piette), en étroite collaboration avec le Service médical de l'ULB (Dr Jean-Pierre Bastin). Elle a été menée auprès des étudiants de première candidature de l'année académique 2000-2001 : des questionnaires ont été distribués à tous les nouveaux étudiants, sauf aux étudiants en médecine situés sur un autre campus, soit 2.495 questionnaires sur une population de 3.057 étudiants inscrits.
Une précédente étude avait été menée durant l'année 1998-1999 par l'Unité de promotion éducation santé (ULB-PROMES) de l'École de santé publique, à l'initative du vice-recteur Jean Puissant, du Service médical de l'ULB, de Psycampus et avec l'appui des autorités académiques de l'ULB.
Les deux enquêtes ont été poolées de manière à présenter des conclusions générales plus pertinentes. Une nouvelle variable a cependant été ajoutée au questionnaire : le jeu. Onze thèmes ont donc été retenus :
1. La perception de la santé
2. Le statut pondéral
3. La vie sociale
4. Le bien-être émotionnel
5. La consommation de tabac
6. La consommation d'alcool
7. La consommation médicale
8. La consommation de médicaments psychotropes
9. La consommation de cannabis
10. La consommation d'ecstasy
11. Le jeu

 
  ESPRIT LIBRE > MAI 2003 [ n°13 ]
Université libre de Bruxelles