Adoption : pour réussir l'accueil
Devenir parents par le biais de l'adoption est souvent le fruit d'un long cheminement. Intérieur d'abord, parce qu'adopter
est toujours le résultat d'une mûre réflexion. Concret ensuite, parce que l'acte d'adoption nécessite de faire aboutir bien
des démarches administratives et pratiques. Lorsque l'enfant est là, c'est le début d'une nouvelle histoire. Mais bien des
questions se posent encore aux nouveaux parents, notamment sur le vécu de celui ou celle qu'ils ont choisi d'accueillir. C'est
pour mettre à plat un certain nombre de doutes et de craintes que le centre pédiatrique pour l'évaluation des enfants adoptés
a vu le jour, il y a un peu plus d'un an, à l'Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola. Ce centre offre l'opportunité
de faire le point sur la santé tant physique que mentale de l'enfant adopté. Un moyen de rassurer les parents et de partir
sur de bonnes bases pour le suivi médical de leur petit.
Une approche multidisciplinaire
" On s'est rendu compte, explique le professeur André Kahn, responsable du Service pédiatrique de l'hôpital, que des familles
venaient en consultation générale pédiatrique avec des enfants adoptés et que les pédiatres recevant ces enfants ne savaient
pas très bien jusqu'où aller dans la mise à plat des problèmes potentiels : faut-il faire un dépistage systématique pour la
tuberculose ? Faut-il se poser la question de l'existence de parasites intestinaux ou pas ? Etc. ". Aujourd'hui, les choses
sont plus claires puisqu'un accueil spécifique est réservé aux enfants adoptés et que, de cette manière, la relation des médecins
avec les parents est plus limpide également. L'avis du centre se veut complémentaire à celui du médecin traitant. Il n'est
donc pas du tout question de se substituer à celui-ci. Et encore moins d'offrir un tel service avant l'acte d'adoption définitif.
Tout se fait en aval, une fois l'adoption effective.
Aujourd'hui, l'équipe pluridisciplinaire est constituée d'un pédiatre interniste qui travaille en liaison avec un autre pédiatre
spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales. Un troisième s'occupe de tous les aspects endocrinologiques. A ceux-là,
il faut ajouter une équipe de soutien sur le plan psychologique. Tous travaillent sur base du volontariat. Mais le centre
permet, via l'hôpital, de cumuler l'expertise de 80 médecins. Des liens privilégiés sont également entretenus avec des spécialistes
en pneumologie, en cardiologie et en gastro-entérologie pédiatrique.
Prendre en compte l'affectif
Il s'agit d'abord de faire l'état des lieux de ce qui est connu : les conditions de vie, les vaccinations éventuelles... L'examen
initial inclut un bilan biologique et nutritionnel, des sérologies virales et parasitaires, etc. Un protocole permet à l'équipe
de ne pas oublier certains examens. Les pathologies le plus souvent rencontrées sont les pathologies infectieuses. Certains
enfants viennent de zones endémiques de malaria ou de tuberculose. Même si l'enfant n'a aucun signe d'appel, un dépistage
est donc effectué.
En général, les parents qui viennent consulter ont énormément de questions à poser. " Cet enfant, les parents l'ont attendu
durant des années mais sans vraiment être en relation avec la culture d'origine de celui-ci, ni avec son vécu émotionnel souvent
très lourd ", souligne le professeur Kahn. " Il y a parfois des problèmes d'intégration de l'enfant : quelle est la bonne
attitude à adopter alors ?... ". L'avantage du centre, c'est qu'il offre une approche globale prenant en compte tous les aspects
liés à l'adoption, y compris l'aspect affectif et psychologique. " Nous sommes là pour les moments de crise que sont l'arrivée
de l'enfant et plus tard, éventuellement, pour des problèmes de comportement chez certains adolescents ".
Le centre recevrait actuellement une ou deux familles par semaine. " Un an de fonctionnement, c'est relativement court. Nous
ne sommes pas encore des experts de la médecine d'adoption. On a encore beaucoup à apprendre. Mais les demandes existent et
se font plus nombreuses. Certains médecins traitant et aussi certains centres d'adoption agréés aiguillent des parents vers
notre centre. On répond donc à un besoin réel ". " Cependant, conclut le professeur Kahn, nous devons sans cesse remettre
en question nos bilans, le suivi de nos résultats, les contacts avec les médecins traitant, les aspects psychologiques, la
préparation à la gestion de situations de crise ". Et, pourquoi pas, élargir l'équipe ? " Toutes les compétences et les bonnes
volontés sont les bienvenues ! ".
Alain Dauchot
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Ils seraient 300 à être adoptés chaque année en Communauté française : 300 enfants venus de Biélorussie, de Colombie, de Thaïlande
et de quelques autres pays lointains. Pour les accueillir au mieux, l'Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola a ouvert
un centre spécialisé qui fonctionne depuis plus d'un an.
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