Esprit Libre : En mars dernier, vous avez pris la direction de l'Écomusée du Viroin, un peu en " voisin " ?
Pierre Cattelain : C'est vrai que je connaissais déjà l'Écomusée puisque j'ai créé, avec mon épouse, et continue à diriger, le Musée du Malgré-Tout, situé presqu'en face de l'antenne de l'ULB. Avant cela, j'ai travaillé pour l'ULB et l'asbl Dire pendant trois ans. Je suis donc familier du secteur culturel et touristique, je connais déjà les acteurs régionaux et l'équipe de l'Écomusée, étant dans la région depuis 23 ans.

Esprit Libre : Quels sont vos objectifs prioritaires pour l'Écomusée ?
Pierre Cattelain : Je souhaite le redynamiser, moderniser son image en présentant deux expositions temporaires par an, en réaménageant les espaces permanents qui ne peuvent rester figés toute l'année, en développant des animations, en accueillant des conférences de l'Extension de l'ULB, etc. L'Université mise également sur les synergies possibles avec le Musée du Malgré-Tout en particulier. Nous pensons travailler sur des thèmes complémentaires afin d'inciter le visiteur à découvrir les deux musées. Nous co-organisons prochainement aussi une exposition avec l'Espace Arthur Masson dans la Maison du Viroin : les synergies sont une de mes priorités.

Esprit Libre : La transdisciplinarité est aussi une priorité ?
Pierre Cattelain : Oui, l'Écomusée est surtout tourné vers la nature, le monde rural et le tourisme mais nous voulons développer nos thèmes d'exposition et d'animation de manière transdisciplinaire, à l'intention du grand public. Nous ne voulons pas nous montrer passéistes mais au contraire être en prise directe avec les préoccupations du monde d'aujourd'hui. Nous sommes également attentifs à replacer l'humain au centre de toute action. Un comité scientifique accompagne l'Écomusée. Il est aujourd'hui composé essentiellement d'historiens, d'anthropologues, etc. Pourquoi ne pas l'élargir à des chimistes, médecins, enseignants de la région, etc. ?

Esprit Libre : Quel est le public-cible de l'Écomusée ?
Pierre Cattelain : Nous voulons accueillir, dans un premier temps, de 5.000 à 10.000 visiteurs par exposition. Actuellement, nous avons surtout des visiteurs de l'enseignement primaire et de secondaire inférieur : nous voulons l'élargir au secondaire supérieur et attirer le grand public, les adultes, les retraités...

Esprit Libre : La rénovation des infrastructures fait aussi partie de vos préoccupations ?
Pierre Cattelain : Oui, l'aménagement de nos infrastructures et leur financement sont essentiels : création de logements pour chercheurs ou étudiants à la Gare, installations de sanitaires, aménagement du corps de logis et reconstruction de la grange à la Ferme-château. Je voudrais également créer un musée du machinisme agricole en semi-plein air : nous possédons des machines exceptionnelles, voire uniques en Europe, qui nous permettent d'expliquer toutes les phases du travail agricole. Il est urgent de valoriser ces collections, un des fleurons de l'Écomusée.

Esprit Libre : Vos objectifs ne manquent pas d'ambition...
Pierre Cattelain : Sans particulièrement les rechercher, c'est vrai que je trouve que les défis sont stimulants. Nous avons beaucoup à construire à Treignes : heureusement, l'équipe est motivée et dynamique. Nos objectifs portent sur le long terme, à échéance de 5 à 10 ans peut-être. Nous travaillons à donner une image positive de l'ULB dans la région. L'année 2003 est plutôt une année de transition avec, depuis la mi-avril, l'exposition " Des hommes, des femmes et... des sabots " qui permet à chacun de découvrir cette activité-clef de l'histoire socio-économique régionale ainsi que les gens qui l'ont faite.

Esprit Libre :
Pierre Cattelain :

Nathalie Gobbe

(*) Institut de gestion de l'environnement et d'aménagement du territoire de l'ULB