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U-Lab Travaillez... Vous êtes filmés !

U-Lab est un projet qui a mûri pendant longtemps au sein de l'équipe du Laboratoire de psychologie industrielle et commerciale de l'ULB. Depuis de nombreuses années, ce Laboratoire poursuit des travaux en psychologie du personnel, en psychologie du travail, en ergonomie et en psychologie économique dans une démarche d'analyse du travail. Cheville ouvrière de cette recherche, Cécile Van de Leemput réfléchissait depuis 6 ou 7 ans à la conception d'un laboratoire expérimental consacré à l'utilisabilité ; notamment à celle des produits informatiques. Au départ, des recherches menées avec l'entreprise Dexia - qui possédait déjà ce type de labo - ont sensibilisé notre institution à la nécessité de concevoir un laboratoire propre à l'ULB. Aujourd'hui, c'est l'aboutissement d'un long processus - U-Lab a nécessité l'implication de nombreux services et personnes au sein de l'ULB qui y ont consacré compétences et temps - qui se traduit par un labo opérationnel et une recherche mini Arc(1) réalisée par Vincent Koenig depuis près de 3 ans. Un soin tout particulier a été porté à la conception du laboratoire : la disposition des pièces, le choix du matériel d'enregistrement. Au-delà des aspects techniques, la réflexion méthodologique a été essentielle.

" Il y a deux finalités à ce labo, explique Cécile Van de Leemput : la recherche fondamentale - qui se traduit notamment par le travail mené par Vincent Koenig dans le cadre du projet mini Arc - et la consultance ". Plusieurs entreprises ont déjà pris contact pour venir tester leurs interfaces Intranet. L'expérience a été pour eux d'une grande richesse et a abouti à des améliorations significatives des interfaces. " Sur le plan de la recherche, précise Cécile Van de Leemput, nous terminons actuellement une expérience, auprès des étudiants de l'ULB, consacrée à l'impact des consignes sur les modes de recherche d'information sur un site Internet. " La formulation des questions, le temps disponible ont-ils une influence sur la performance ? Quelles sont les stratégies adoptées par les utilisateurs pour réussir les tâches demandées ? Quels sont les problèmes rencontrés ? Etc.

Finalités

" Le contexte du travail a fortement évolué, explique Vincent Koenig, notamment via l'informatisation croissante. L'utilisation de l'informatique s'avère donc primordiale pour les entreprises en termes de gestion des savoirs (qui sait gérer quoi dans l'entreprise ?) et donc aussi en termes de rentabilité ". Tester des produits informatiques ou d'autres types de produits est dès lors primordial pour le monde économique. Mais le succès d'un produit n'est pas garanti par un simple test. Le succès des SMS envoyés par GSM est un bon contre-exemple, explique Vincent Koenig : " qui aurait parié sur un système d'échange d'information où l'utilisateur doit manipuler des touches très peu fonctionnelles pour envoyer son message ? Et pourtant, ce secteur a explosé ! ". Le concept d'utilisabilité ne peut donc se confondre avec un label de qualité et doit intégrer les besoins et les contextes d'utilisation.

L'aboutissement des recherches engagées devrait se faire dans le courant de l'année prochaine, notamment au travers de la thèse poursuivie. Ce n'est qu'alors qu'on pourra tirer les premières conclusions sur " l'utilisabilité " du U-Lab. Les activités futures s'inscriront dans la double finalité de recherche et de services à la communauté.

 


U-Lab pour " laboratoire d'utilisabilité ". Ce laboratoire vient d'être officiellement inauguré à l'ULB, et fonctionne dans le cadre du Laboratoire de psychologie industrielle et commerciale. Mais qu'est-ce que l'utilisabilité ? Ce concept, au sens large, recouvre la capacité que possède tout " produit " à répondre aux besoins de l'utilisateur pour lequel il a été conçu. U-Lab s'inscrit dans cette perspective.



(1) Bourse de l'ULB attribuée à une recherche dans le domaine des sciences humaines.

Derrière la vitre sans tain...

L'utilisateur testé est accueilli et briefé sur le déroulement du test en U-Lab. Il est ensuite invité à prendre place dans la salle de test où il reçoit un scénario reprenant des tâches à réaliser. La salle de test ressemble à un bureau traditionnel (bureau, siège, ordinateur...) à la différence que des caméras (plans larges, plan rapprochés) et micros sont disséminés dans la pièce pour enregistrer, en temps réel, les différentes réactions du testé. Par ailleurs, une vitre sans tain sépare la salle de test de la salle d'observation. Si le testé n'y voit pas d'inconvénient, il est invité à faire ses commentaires à voix haute. À la fin du test, un court débriefing a lieu dans la salle pour récolter les premières impressions avant de rejoindre les observateurs pour une discussion plus approfondie.

La salle d'observation, également équipée d'une caméra, permet aux responsables des applications ou des outils techniques analysés de décrypter les comportements de l'utilisateur. Un écran PC duplique l'interface de celui-ci, de manière à pouvoir suivre le déroulement de la recherche de l'utilisateur, en même temps qu'on observe ses réactions physiques et verbales.

Après le test, observant(s) et observé se retrouvent autour d'une table pour décortiquer le scénario tel qu'il s'est déroulé : résultats des actions, satisfactions, frustrations, difficultés ressenties... Et pour analyser ensemble les solutions potentielles aux difficultés rencontrées.

 
  ESPRIT LIBRE > MAI 2004 [ n°22 ]
Université libre de Bruxelles