Dupuis et les unifs contre l'échec
En ouvrant les débats de la table ronde qu'elle organisait à Bruxelles pour plancher sur le thème de la réussite à l'université, Françoise Dupuis a clairement cadré la discussion : " Le taux d'échec reste dramatiquement constant. Environ 60% des étudiants à l'université ne réussissent pas leur première année du premier coup. Si, in fine, 60% d'étudiants décrochent un diplôme, nous voilà bien forcés d'intégrer l'échec comme une donnée incontournable de leur parcours. Même s'il ne doit pas être excessivement dramatisé, le taux d'échec ne peut pas être considéré comme satisfaisant, notamment parce qu'il touche avant tout les étudiants moins favorisés et parce que le droit à l'erreur n'est toujours pas reconnu aux étudiants boursiers ".
Recteurs, directeurs, enseignants, chercheurs, étudiants… Plus de 230 personnes ont participé à la table ronde. L'objectif de la ministre était clair : lancer une discussion, sur base des rapports que les universités francophones lui ont remis ces derniers mois, pour aboutir à la mise en œuvre d'un plan en cinq axes (" un pilotage pédagogique effectif et scientifiquement fondé ", " un encadrement rapproché en 1re année ", " une pédagogie pour la réussite ", " intégrer les aides et évaluations au cursus de 1re année ", " améliorer la transition avec l'enseignement secondaire ").
A fond sur la première
C'est donc sur la première candi que la ministre concentre ses efforts. Normal, c'est là que les taux d'échec sont les plus élevés. Françoise Dupuis propose notamment de réorganiser le cursus de la première année en généralisant la semestrialisation des examens ou en organisant une première série d'évaluations après 4 mois, pour éviter notamment que les étudiants ne découvrent trop tard les attentes de leurs professeurs. Elle propose aussi que l'on fixe une norme minimale d'encadrement " rapproché " en 1re candi. Objectif : garantir un minimum de contacts " interactifs " entre les étudiants et les profs. Dans le même ordre d'idées, la ministre se demande aussi si les aides (guidances, rattrapages, etc.) ne devraient pas être intégrées à part entière au programme " normal " des cours pour " éviter que le caractère volontaire des démarches ne limite la participation à celles-ci aux seuls étudiants les plus motivés ".
La ministre souhaite aussi " développer et valoriser une pédagogie pour la réussite ". Pour cela, elle propose notamment de créer un Centre de pédagogie universitaire dans chaque institution, ainsi qu'un Fonds de soutien aux initiatives pédagogiques : " Ce fonds sera destiné à financer la promotion des techniques susceptibles d'animer de façon plus active les grands auditoires ainsi qu'à soutenir la formation pédagogique des enseignants ".
Élément fondamental dans l'ensemble des pistes proposées : il faut, dit la ministre, " améliorer la transition avec l'enseignement secondaire ". Cela nécessite en tout cas que les élèves aient accès à " une information exhaustive et objective sur l'ensemble des possibilités d'étude supérieures ". A ce sujet, Françoise Dupuis évoque aussi l'idée que des enseignants du secondaire pourraient faire partie d'un " encadrement spécifique en première année ". Ils seraient " pourvus d'un statut à part entière qui n'en fasse pas une filière de relégation ". Enfin, la ministre voudrait rendre gratuit l'accès aux cours préparatoires aux études supérieures (" propédeutiques ") pour les étudiants boursiers.
Et à l'ULB ?
Aide au choix des études, séances d'information dans les écoles, journées ou semaines " portes ouvertes ", cours préparatoires, journées d'accueil des nouveaux étudiants, bibliothèques ultramodernes, accompagnement des étudiants, guidances, aide éventuelle à la réorientation… autant d'exemples qui montrent que l'ULB n'a pas attendu les propositions de la ministre pour s'inquiéter de la réussite de ses étudiants. Sans oublier cette initiative dont nous avons déjà eu l'occasion de vous parler et qui a vu le jour en juin 2001. Son nom : CAP-ULB, pour " coordination des actions pédagogiques à l'ULB ". Comme l'expliquait alors André Nayer, vice-recteur à la politique étudiante et à l'initiative culturelle : " L'Université libre de Bruxelles est particulièrement sensible à tout ce qui concerne la pédagogie et la didactique. Nous avons donc voulu coordonner l'ensemble des activités ou des actions pédagogiques menées ou à mener dans la maison. CAP-ULB est la coordination d'efforts qui existent déjà depuis de nombreuses années, notamment dans ce que l'on a appelé la promotion de la réussite ".
Nicolas Van den Bossche
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Fin mars, la ministre francophone en charge de l'enseignement supérieur, Françoise Dupuis, a proposé un plan en cinq axes pour promouvoir la réussite à l'université. Quels sont ces cinq axes ? Que fait l'ULB ? Éléments de réponses...
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