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[à l'université]
 
 
 
La Faculté des sciences appliquées fait peau neuve


Esprit Libre : Quels sont pour vous les grands axes de cette réforme ?
Jean-Pierre Thiébaut : Je retiens tout d'abord l'introduction du cours de connaissances fondamentales pendant les 4 premières semaines de 1re candi qui répond au besoin de mettre à niveau les étudiants pour comprendre la matière abordée. Ensuite, je constate que le développement de l'autonomie de l'étudiant a été largement pris en compte dans le cadre de projets dès la 1re candi, de même que sa faculté à s'exprimer, par des cours de communication orale et écrite et sa maîtrise d'autres langues. Enfin, l'aspect généraliste de la formation a été amplifié dans la refonte du tronc commun afin de donner à tous les ingénieurs une base commune la plus large et équilibrée possible. Bref, considérant que les étudiants disposent déjà d'une solide formation de base, je pense que grâce à cette réforme, ils seront dès l'an prochain mieux formés à l'autonomie, à la créativité et à la pro-activité.

Esprit Libre : Quelles sont pour vous les qualités d'un ingénieur ?
Jean-Pierre Thiébaut : L'ingénieur doit être à même de comprendre les processus - principalement ceux liés à la technologie - auxquels il est confronté : pour cela il doit utiliser ses capacités d'analyse, mais aussi d'analogie et de comparaison par rapport à des processus connus ou à des informations qu'il doit rechercher. Il doit ensuite trouver des solutions aux problèmes qu'il rencontre, faire preuve de créativité et d'autonomie pour trouver ces solutions avec ses équipes (et donc savoir gérer projets et ressources humaines) et, pour limiter les coûts, ne pas nécessairement tout réinventer. Enfin, une fois la solution trouvée, ses compétences en communication lui permettront de " vendre " sa solution en vue de l'implanter et ce, parfois dans une autre langue, mondialisation oblige.

Esprit Libre : Trouvez-vous dans la réforme des éléments qui répondent à cette description du métier de l'ingénieur ?
Jean-Pierre Thiébaut : Oui, grâce à leur formation encore plus généraliste, nos diplômés seront tout à fait outillés pour comprendre les processus intégrés, dans le contexte global de l'entreprise. Je constate avec plaisir que la dimension humaniste de la formation est encore renforcée au travers de séminaires d'économie, de politique sociale et de conférences qui font le lien entre sciences exactes et humaines. Plus fondamentalement, les projets développeront la créativité des étudiants via l'apprentissage pro-actif (learning plutôt que teaching). Ils disposeront d'outils méthodologiques renforçant leur sens de l'analyse critique de diverses sources d'information et leur aptitude à la communication puisqu'ils devront remettre des rapports écrits et présenter leurs résultats devant un jury. Par ailleurs, le travail en équipe et le tutorat réalisé par des élèves plus âgés confronteront les étudiants à la transmission de leur savoir : ici encore la dimension humaine du métier prend toute sa place. Enfin, je vois de façon très positive la modularisation des cursus qui favorisera la mobilité des étudiants et par conséquent leur ouverture d'esprit.

Esprit Libre : Cette réforme, un premier pas ?
Jean-Pierre Thiébaut : A mon sens, il faut maintenant mieux intégrer l'étudiant dans le monde de l'entreprise afin que formation et métier soient deux choses plus naturellement convergentes. C'est déjà le cas pour certaines filières où le travail de fin d'études est effectué en entreprise. Ceci pourrait être renforcé, par exemple, par un projet réalisé en groupe, en entreprise, qui amènerait tous les étudiants à la réalité du terrain : mener des interviews, analyser et structurer un problème, concevoir et présenter les solutions. Enfin, je tiens à souligner la trop grande modestie de la faculté : cette réforme constitue la 2e étape d'une réflexion plus large qui a déjà entraîné des modifications importantes dans la formation. J'en veux pour preuve, la création des filières " télécom " et " aéronautique ", ainsi que tout récemment, celle des filières de bio-ingénieur et d'ingénieur architecte. Tout ceci conforte le rôle de l'ingénieur dans son domaine, les technologies, mais aussi au sein de son entreprise et me rassure quant au dynamisme de notre faculté.

 

Constatant une évolution dans la formation du secondaire, et fort à l'écoute de ses étudiants et des milieux professionnels, la Faculté des sciences appliquées de l'ULB a entrepris une profonde réforme de ses programmes en vue de renforcer l'autonomie et la créativité des futurs ingénieurs. Jean-Pierre Thiébaut, directeur général de la société Hyodall, ancien vice-président de l'A.Ir.Br nous commente cette réforme.



 
 ESPRIT LIBRE > JUIN 2002 [ n°5 ]
Université libre de Bruxelles