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espritlibre

[à l'université]
 
 
 
Les étudiants construisent l'Europe


" L'Europe, c'est les jeunes qui la feront "... Combien de fois n'avons-nous pas entendu cette phrase, qui pourtant est l'évidence même ? C'est cette idée qui est à l'origine de la dynamique lancée par le réseau de 29 universités de capitales européennes Unica, qui vise à réunir tous les deux ans des étudiants de la plupart des pays européens, avec pour objectif de discuter de l'avenir de l'Europe. Cette année, c'est le University College of London qui a eu le privilège d'accueillir du 10 au 13 avril les travaux de la conférence. Dix thèmes de discussion avaient été retenus : l'émergence d'une société civile pan européenne, la Constitution européenne, l'élargissement, la PESC, la politique régionale, la justice, l'économie, l'environnement, la politique sociale, la culture, l'éducation et la recherche. Le but ultime de la conférence était d'adopter au terme des débats un catalogue de recommandations à transmettre au Parlement européen.

Avec près de 250 étudiants d'horizons aussi différents, l'ambiance ne pouvait être que des plus conviviales et les rencontres très enrichissantes. Mais ce n'est pas pour autant que les séances de travail furent prises à la légère : les débats furent toujours intenses, voire passionnés sur des sujets aussi sensibles que la Constitution européenne, l'élargissement ou la PESC. Au final, on retrouve les mêmes positionnements chez les jeunes que chez les décideurs politiques, l'unanimité n'étant décidément pas une réalité européenne, quel que soit l'âge ou l'horizon des interlocuteurs mis en présence. (Mais ne dit-on pas que c'est justement l'extrême diversité de l'Europe sa principale richesse ?)

Outre les discussions sur le fond, la forme a également suscité un débat houleux. Une bonne partie des représentants s'est inquiétée du manque de transparence de la procédure d'adoption du catalogue de recommandations (voire du manque de caractère démocratique ?). L'impossibilité de voter sur chacune des recommandations formulées par les groupes de travail a posé problème dans le cadre de la session plénière : tout voter en bloc semblait quasi irréalisable, vu la diversité des sujets débattus et le nombre de propositions faites. Au point qu'on semblait se diriger vers un rejet pur et simple du catalogue. Ce n'est que difficilement, et avec une cinquantaine d'abstentions, que le texte a été adopté par deux tiers des suffrages exprimés. Cependant, les étudiants quelque peu " insatisfaits ", ont convenu de poursuivre les discussions via Internet avec l'ensemble des participants afin de rédiger une déclaration finale plus proche de la réalité des débats. Ce qui prouve non seulement que (qu'ils soient pour ou contre certains aspects) les jeunes participants s'intéressent à l'Europe, mais qu'ils entendent, de plus, le faire d'une manière active, voire même engagée. Et qu'il s'agit de personnes qui tiennent non seulement à leurs idées, sans pour autant ne pas être prêts à des compromis constructifs, mais aussi à leurs principes, notamment la responsabilité et les procédures démocratiques. Ce texte sera joint aux propositions avancées par la Conférence de Berlin de 2000 et servira de base de travail à celle d'Amsterdam de 2004. D'ailleurs pour ceux qui seraient tentés de représenter l'ULB, vous avez deux ans pour prouver votre intérêt pour les questions européennes, et peut-être avoir la chance d'être retenus.

Pendant ce temps, la Convention sur l'Avenir de l'Europe, qui doit établir un texte " assimilable " à une constitution, a entamé ses travaux et réflexions à Bruxelles. Elle envisage également, fortement, de mettre sur pied, d'ici à cet été, une conférence des jeunes, qui devrait formuler et soumettre un certain nombre de propositions, un peu sur le même principe que ce qui s'est fait à Berlin et à Londres. Manifestation de cette volonté d'impliquer davantage les jeunes dans les projets de construction européenne, reste à savoir la portée et le sort que leurs aînés, dont certains se voient bien " pères fondateurs " de l'Europe, VGE en tête, réserveront à leurs propositions...

Luiza Bara
Nicolas Brass
Jean-Michel Ludwig
Sorin Buda
Alina Taralunga

Tous les deux ans, sous l'égide du réseau Unica, des étudiants de la plupart des pays européens se réunissent pour discuter de l'avenir de l'Europe. Cette année, la conférence avait lieu à Londres. Cinq étudiants de l'ULB y participaient. Voici leurs impressions.



 
 ESPRIT LIBRE > JUIN 2002 [ n°5 ]
Université libre de Bruxelles