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[UAE]
 
 
 
De l'éthique des affaires à l'éthique de l'entreprise


1993 : 150ème anniversaire de l'UAE

Toute cette année fut placée sous le signe de la création d'une Chaire d'Ethique en général ; l'Ethique des Affaires, en particulier (tant en théorie que dans ses aspects pratiques) : l'UAE voulait offrir un cadeau à l'Université et à ses étudiants, pour commémorer utilement 150 ans de collaboration scientifique entre l'Université et l'Union.

Le cours d'Ethique des Affaires correspond à un enseignement de 30 heures qui fait partie intégrante du programme de la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Economiques (section Sciences Economiques), de la Faculté des Sciences Appliquées et de l'Ecole de Commerce Solvay.

9 novembre 1993 : date de la leçon inaugurale donnée par son premier titulaire : Alain Etchegoyen, ingénieur de formation, devenu philosophe de cœur.

Me André Bruyneel, titulaire de la Chaire entre 1995 et 1998, apporte sa vision de juriste.

Paul-F. Smets, titulaire entre 1998 et 2001, apporte, quant à lui, un éclairage plus industriel de l'homme de terrain.

Au cours de ces années, une bibliothèque d'éthique des affaires fut progressivement constituée sous la direction des professeurs titulaires de la charge et avec l'aide financière de l'Union ; elle compte actuellement 300 ouvrages, disponibles à la Bibliothèque des Sciences Humaines de l'ULB.

En date du 12 novembre 2001, sur proposition du Conseil scientifique de la Chaire, le Conseil d'Administration de l'ULB a confié, pour l'année académique 2001-2002, à M. Peter Praet, le mandat de titulaire de la Chaire " UAE - 150ème - Ethique des Affaires ".

Peter Praet est Docteur en Sciences Economiques - ULB 1980.
Titulaire de plusieurs charges d'enseignement dans notre Université depuis cette date, il fut successivement économiste à la Générale de Banque et chez Fortis et chef de Cabinet du Ministre des Finances. Depuis novembre 2000, M. Praet est Directeur de la Banque Nationale de Belgique (en charge du département Coopération internationale et Stabilité financière et du Secrétariat Général).
Il est également auteur ou coauteur de nombreux ouvrages et articles (en français, néerlandais, anglais et allemand).

Le 7 février 2002 : la Chaire d'Ethique a donc rendez-vous avec un économiste. Et, contrairement à l'usage de la leçon inaugurale, le nouveau titulaire a préféré établir son premier contact avec les étudiants plutôt que de débuter par une leçon publique. Le titre de la conférence donnée par Peter Praet le 17 avril 2002 ne fut pas choisie au hasard.

" Ethique des Affaires " : dénomination originaire de l'enseignement depuis 1993.

" Ethique de l'Entreprise " : nouvelle dénomination de l'enseignement, proposée par la Faculté Polytechnique, à partir de l'année académique prochaine.

Affaires - Entreprise : changement d'intitulé du cours qui ne correspond pas uniquement à un simplement changement de mots.

Au cours de sa conférence, Peter Praet a voulu transmettre, au travers de très nombreux exemples, un ensemble de messages permettant de cerner la notion de l'" Ethique de l'Entreprise ", l'entreprise se définissant comme un stock de capital et de relations que l'entreprise doit gérer.

L'entreprise est une organisation dans une société ; d'une part, le comportement de l'entreprise est importé de la société ; d'autre part, le comportement de l'entreprise rayonne sur la société (c'est l'externalité des cultures d'entreprise, selon l'expression des économistes).

Selon que l'entreprise se conduit " bien ou mal " par rapport à son environnement, la société est aussi concernée et ne peut être indifférente au comportement de l'entreprise qui doit le savoir et bien se comporter (ex : la fermeture de Renault Vilvorde).

Sous l'influence américaine, l'Ethique est de plus en plus codifiée (l'Europe se contentant plus facilement des principes généraux). Or, il est difficile de codifier, car il est difficile de tracer la limite entre le bien et le mal, compte tenu des différences de culture. Cette codification constitue un phénomène inévitable dans un monde très complexe, mais un phénomène non satisfaisant.

Peter Praet examine ensuite l'approche économiste de l'éthique, à travers un tableau comparant l'homo economicus et l'homo sapiens, fait de raison et de passion. L'homo economicus essaie d'utiliser les caractéristiques de l'homo sapiens mais oublie parfois que des raisonnements cartésiens peuvent aboutir à des catastrophes pour l'entreprise : c'est la revanche de l'homo sapiens sur l'homo economicus.

Peter Praet développe ensuite les deux bases de l'analyse de l'homo économiens.

1) Depuis 4 ou 5 ans, la théorie des contrats (examiner la transaction sans trop examiner l'objet et les externalités) explique la théorie des organisations économiques : examiner toutes les situations dans lesquelles le risque opportuniste augmente. Mais cette théorie a une faiblesse : l'objet du contrat n'est pas examiné.

2) Les externalités de comportement : si une entreprise se comporte mal, 3 réactions peuvent intervenir :
- la réaction des autres entreprises, du secteur et du marché ;
- la réglementation ;
- la discipline par la menace d'aller en justice.

L'économiste doit trouver l'équilibre entre les 3 ; mais souvent, cette équilibre bascule. L'éthique de l'entreprise implique que l'entreprise développe ses propres standards et signale que ses standards sont bien mis en œuvre : ce qui pose une autre discussion.

Marie-France   DUPONT

Conférence donnée le 17 avril 2002 par le Professeur Peter Praet en qualité de titulaire de la Chaire d'Ethique des Affaires 2001-2002.



 
 ESPRIT LIBRE > JUIN 2002 [ n°5 ]
Université libre de Bruxelles