150 Masters à l'ULB
Esprit libre : Monsieur le recteur, quels sont les axes que l'ULB a souhaité développer dans la mise en oeuvre de ses Masters ?
Philippe Vincke : Nous en avons développé quatre principaux : la transdisciplinarité, la flexibilité des parcours des étudiants, le multilinguisme
et le développement des collaborations avec des institutions partenaires. En outre, nous avons également voulu mettre l'accent
sur la mobilité, les aspects didactiques, l'adéquation des programmes avec les besoins de la recherche universitaire et bien
sûr, les réformes pédagogiques.
Esprit libre : Vous pouvez illustrer la transdisciplinarité ?
Philippe Vincke : Bien sûr. J'en ai quelques exemples.
Le Master en Éthique organisé conjointement par les Facultés de Philosophie et Lettres et de Médecine va s'intéresser aux
dimensions éthiques des savoirs et des pratiques liées aux domaines de la médecine, aux questions éthiques soulevées par la
prise de décision, au développement durable, au fonctionnement de l'entreprise, à la mondialisation et aux problèmes éthiques
associés aux institutions européennes et internationales, aux droits de l'homme, etc.
La finalité Histoire et cultures de l'Europe du Master en Études européennes, organisée conjointement par la Faculté de Philosophie
et Lettres et l'Institut d'études européennes va, quant à elle, offrir aux étudiants un approfondissement des connaissances
de l'histoire, du Moyen Age à nos jours et des cultures de l'Europe et de ses échanges avec le monde non européen.
Une autre formation, qui trouve ses justifications dans l'évolution constante des technologies médicales (conception de nouveaux
implants et prothèses, capteurs, outils d'analyse et d'aide au diagnostic), bénéficie d'une collaboration étroite avec la
Faculté de Médecine et les hôpitaux liés à l'ULB : celle de l'ingénieur civil biomédical. Ce dernier aura un rôle fondamental
à jouer dans la synthèse des approches scientifiques et techniques des mondes de l'ingénieur et du médecin tant pour la biomécanique
et l'instrumentation que pour l'informatique et l'imagerie biomédicales.
Enfin, le Master en sciences et gestion du tourisme offre une approche multidisciplinaire et permet de nombreux contacts tant
avec les autres disciplines de la Faculté des Sciences qu'avec celles des Facultés de Philosophie et Lettres ou Sociologie
; les outils développés portent sur la cartographie, l'économie du tourisme, le marketing, l'histoire et la géographie du
tourisme ; une sensibilisation critique aux concepts de développement local, d'aménagement du territoire, d'éco-tourisme complète
la formation.
Esprit libre : Quand vous dites que les parcours des étudiants sont plus flexibles, qu'entendez-vous au juste ?
Philippe Vincke : Nous avons voulu instaurer une grande souplesse dans les cursus en facilitant les orientations et réorientations afin d'offrir
des parcours plus diversifiés. En cas de réorientation, les enseignements suivis avec succès dans le cursus antérieur pourront
être valorisés.
Esprit libre : Certaines formations sont polyvalentes ?
Philippe Vincke : Au niveau des BA, nous avons une formation très ouverte qui donne un accès direct à toute une série de Masters en Information
et Communication, en Anthropologie, en Sociologie, en Études européennes, en Gestion des ressources humaines, en Sciences
du Travail, en Criminologie ... je veux parler du Bachelier en Sciences humaines et sociales.
Esprit libre : Et côté MA ?
Philippe Vincke : Nos MA " orphelins " (orphelins parce qu'ils n'ont pas de BA correspondant) sont conçus pour accueillir des publics variés
: tous les Bacheliers universitaires ont ainsi accès par exemple au Master en Sciences et technologies de la communication,
en Sciences de la population et du développement, en Sciences et gestion de l'environnement, en Sciences et gestion du tourisme
ou en encore en Gestion culturelle.
Esprit libre : Certains MA sont ouvert également à des publics divers mais dans un cadre un peu plus restrictif ?
Philippe Vincke : Oui, bien sûr. C'est le cas par exemple du Master en Sciences de la santé publique ouvert à tout Bachelier du domaine des
sciences médicales, des sciences humaines et sociales ou des sciences économiques et de gestion. Ou encore du Master en Sciences
actuarielles ouvert à tout Bachelier en Sciences mathématiques, en Sciences physiques, en Sciences informatiques, Ingénieur
civil ou Ingénieur de gestion...
Esprit libre : On peut aussi dans certains cas se réorienter sans perdre de temps ?
Philippe Vincke : Oui, certains passages entre BA et MA sont facilités. Soit dans le cadre de certains couples BA-MA qui permettent une réorientation
immédiate, comme par exemple du Bachelier en Sciences mathématiques vers le Master en Sciences économiques ou encore moyennant
l'acquisition d'une série de crédits supplémentaires. C'est par exemple le cas pour le Bachelier en sciences pharmaceutique
ou Bioingénieur vers le Master en Sciences chimiques moyennant 15 crédits complémentaires.
Esprit libre : Il y a aussi les " mineures " de Philo et Lettres. De quoi s'agit-il exactement ?
Philippe Vincke : Il s'agit d'ensembles cohérents de cours offerts dans une discipline différente de votre discipline principale (ou majeure).
Les " mineures de transition " (15 ECTS en BA1 et BA2) donnent un accès direct à un Master différent de celui auquel conduit
normalement votre BA. Ainsi les mineures en Histoire de l'art et archéologie par exemple donnent respectivement accès au MA
en Histoire de l'art et archéologie.
Enfin, il faut signaler que plusieurs finalités de MA sont conçues pour permettre un accès direct à un second MA en un an.
Esprit libre : Vous disiez que le troisième objectif était le multilinguisme ?
Philippe Vincke : Notre Plan Langues permet à nos Bacheliers d'acquérir une compétence en anglais ou néerlandais. Cet acquis, ils peuvent le
consolider en MA par des cours ou en participant aux programmes d'échanges ou en effectuant par exemple au cours du MA Ingénieur
civil, une année d'études à la VUB. Enfin, certains de nos MA sont 100 % en anglais comme le MA ingénieur de gestion conjoint
avec la VUB ou le MA en Sciences économiques à finalité approfondie.
Esprit libre : La mise au point des programmes de MA vous a donc amené à développer des collaborations avec La VUB ?
Philippe Vincke : Oui mais pas seulement ! Nous avons travaillé avec nos partenaires au sein du Pôle et de l'Académie ou encore avec d'autres
institutions universitaires en Belgique et à l'étranger.
Les enseignements spécifiques de la finalité spécialisée en Biotechnologie, du MA en biotechnologie, du MA en Biochimie et
Biologie moléculaire et cellulaire seront organisés par les trois partenaires de l'Académie sur les campus de Charleroi, par
exemple.
Au sein du Pôle, nous avons créé une mineure de transition qui permet aux Bacheliers en Langues et littératures modernes et
germaniques de l'ULB un accès direct au Master en traduction de l'ISTI et inversement aux Bacheliers en traduction et interprétation
de l'ISTI un accès à ce MA de l'ULB.
Esprit libre : Et du côté des Masters européens ?
Philippe Vincke : Ils sont amenés à se développer à l'avenir mais on peut déjà citer le Master en Statistiques avec Paris VI, le Master en Sciences
et technologies de l'information avec Lille et Valenciennes et celui tout à fait original en Spectacle vivant. Ce Master européen
est organisé par un réseau d'une dizaine d'universités. Il offre au prorata des bourses disponibles, un atelier international
de création de deux semaines permettant aux étudiants de confronter leurs conceptions et la possibilité de suivre des cours
dans une ou deux des universités du réseau. Cette formation bénéficie de la collaboration de grands professionnels de la scène.
Esprit libre : L'accent a donc aussi été porté sur la mobilité ?
Philippe Vincke : Nous souhaitons la privilégier au sein de nos nombreux programmes d'échange mais aussi en Belgique dans le cadre de cours,
de stages ou de travaux dans des laboratoires ou d'autres universités de la Communauté française. Les Facultés des Sciences,
des Sciences appliquées et la Solvay Business School ont d'ailleurs souhaité inscrire cet objectif à leur programme. Sortir
des murs de l'ULB est essentiel...
Esprit libre : Des stages en laboratoires de recherche sont aussi au programme de la plupart des Masters en finalité approfondie ...
Philippe Vincke : Absolument. Nos Masters sont des Masters de pointe où l'enseignement est conçu en synergie étroite avec la recherche. Lorsqu'on
sait par exemple que près d'un tiers des diplômés de notre Faculté des Sciences poursuivent leur carrière dans la recherche,
on comprendra la nécessité d'une formation à la recherche poussée afin de bien les préparer au métier de chercheur.
Et de la même manière que nous avons soigné la finalité approfondie, nous nous sommes attachés à la finalité didactique où
afin de mieux préparer les étudiants aux stages organisés en MA 2, des cours transversaux sont organisés dès le MA1.
Esprit libre : Bologne, c'est aussi d'autres formes de pédagogie ?
Philippe Vincke : Nous avons voulu moins de cours ex-cathedra, plus de travail personnel, le développement de compétences transversales (langues,
informatique, techniques de communication) avec une structure d'enseignement qui soit centrée sur l'étudiant avec une pédagogie
par projets, l'utilisation de l'e-learning, les analyses de cas, etc. Au sein de notre Académie, le Centre de didactique supérieure
vient en support à ces réformes via des séminaires de formation des enseignants, des bourses d'échanges de pratiques didactiques,
des colloques, études...
Esprit libre : Quelles sont les spécificités de l'ULB dans la mise en place de ces Masters ?
Philippe Vincke : Nous sommes les seuls à avoir reçu une habilitation pour les Masters en Sciences des religions et de la laïcité, en Langues
et littératures modernes, orientation slaves et arabes et en Sciences et gestion du tourisme.
Esprit libre : L'ULB a aussi des finalités originales ?
Philippe Vincke : Oui, nous sommes seuls à organiser une série de formations intéressantes à relever comme la finalité Dermopharmacie et cosmétologie
du Master en Sciences biomédicales qui vise la conception et la fabrication des cosmétiques ou encore les finalités spécialisées
en Pathologies sportives ou en Prévention santé du Master en Sciences de la motricité.
La Solvay Business School et la Faculté des Sciences appliquées se sont alliées pour former des ingénieurs actifs dans la
consultance technologique ou des créateurs d'entreprise développant des produits technologiques via les finalités gestion
et technologie (Master Ingénieur électromécanicien) et Organisation et technologie (Master ingénieur de gestion). Mais nos
spécificités sont nombreuses ; il est impossible de tout passer en revue : l'organisation de notre Master en Droit est innovante
; le Master en sciences psychologiques offre quatre formations spécialisées avec des objectifs professionnels spécifiques.
On peut encore citer le Master en Sciences politiques en un an à horaire décalé ; le MA en études européennes ; le Master
en Langues et littératures classiques qui se distingue par son orientation centrée sur l'Antiquité classique ; la finalité
gestion de la formation et de la transition professionnelle du Master en Sciences du travail ; la finalité Informatique décisionnelle
du Master Ingénieur en informatique ; le Master en français langue étrangère dont l'objectif est d'offrir une formation pour
enseigner le français à des non-francophones.
Esprit libre : Tout cela est impressionnant ! Un point noir à Bologne néanmoins ?
: Il est un peu tôt pour tirer les constats. Ce que j'espère c'est que les financements seront suffisants pour permettre un
jour une réelle mobilité étudiante.
Isabelle Pollet
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À la rentrée 2007, soit trois ans après la mise en place des Bacheliers (BA), l'ULB proposera près de 150 Masters (toutes
finalités prises en compte) aux étudiants diplômés de 1er cycle ainsi qu'à toute personne souhaitant reprendre des études.
Une formidable opportunité qu'a saisie l'ULB pour revoir ses programmes d'enseignement en profondeur notamment en intensifiant
les collaborations entre institutions et en apportant plus de flexibilité dans les parcours des étudiants.
Les axes privilégiés lors de la mise en place de ces Masters (MA) mais aussi les réformes pédagogiques engendrées par Bologne,
permettent aujourd'hui à l'ULB de proposer une offre de formation entièrement revue et modernisée.
Tour d'horizon avec le recteur, Philippe Vincke.
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Finalités, MC, ECTS...
Dans le cadre de la réforme de Bologne, l'Université propose désormais un premier cycle de formation générale (BA pour Bachelier)
d'une durée normale de trois ans (soit 180 ECTS) (1) qui se poursuit par un deuxième cycle de Master (MA) donnant accès à
une carrière professionnelle, après un an ou deux ans selon le degré d'approfondissement souhaité.
Trois finalités sont prévues au sein des Masters (2 ans):
- la finalité approfondie qui prépare à la recherche
- la finalité spécialisée qui prépare à la vie professionnelle
- la finalité didactique qui prépare à l'enseignement
Des formations menant au grade de Master complémentaire (MC) et visant à faire acquérir une qualification professionnelle
spécialisée peuvent être suivies après le MA (2 ans).
Enfin, les formations doctorales de troisième cycle, accessible également aux titulaires d'un MA en deux ans conduisent au
doctorat (DOC).
(1) Dans le cadre de l'ECTS (acronyme anglais de " Système européen de transfert de crédits "), le volume de travail vaut
conventionnellement 60 crédits. Un crédit ECTS équivaut de manière forfaitaire à 24 heures de travail étudiant. Les crédits
ECTS attribués à un enseignement recouvrent donc non seulement la participation aux cours magistraux, travaux pratiques, stages,
recherches ou enquêtes sur le terrain, mais aussi le travail personnel requis pour la préparation des travaux et la réussite
des examens
En savoir plus : http://www.ulb.ac.be/ma/
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