Dans quelques mois, le Hainaut abritera un tout nouveau pôle d'excellence en recherche aéronautique, Cenaero. Présenté dans le cadre du Phasing out de l'Objectif 1 Hainaut, le projet a en effet été retenu : il bénéficiera d'une enveloppe de près de 18 millions d'euros, attribuée par les Communautés européennes et la Région wallonne.

Le pôle en aéronautique réunit autour de l'intercommunale carolorégienne Igretec , des partenaires universitaires (Université libre de Bruxelles, Université de Liège, Université catholique de Louvain) et industriels (regroupés au sein de l'EWA : Sonaca, SABCA., Alcatel-Etca, Techspace Aero, Samtech, Free Field Technologies - FFT, ...) ainsi que l'Institut von Karman de Dynamique des fluides (VKI).

Du côté de l'ULB, au moins six services de la Faculté des sciences appliquées sont concernés : Milieux continus (Prof. Guy Warzée), Mécanique des fluides (Prof. Gérard Degrez), Constructions mécaniques et robotique (Prof. André Preumont), Mécanique analytique et CFAO (Prof. Alain Delchambre), Chimie physique E.P. - MRC (Prof. Jean-Claude Legros), et Métrologie nucléaire (Prof. Robert Beauwens).

" Nous souhaitions développer une activité qui fédère tous les partenaires, rencontre un intérêt commun et ne soit pas une simple copie de ce qui existe déjà ailleurs. Nous nous sommes rapidement focalisés sur la modélisation numérique ", explique Guy Warzée, doyen de la Faculté des sciences appliquées de l'ULB et promoteur du pôle en aéronautique pour l'Université.

Puissance de calcul

Aucun pôle en modélisation numérique n'existe en effet chez nous. Et la demande est pourtant bien réelle... " Nous travaillons beaucoup sur des problèmes dits monophysiques mais aussi, de plus en plus, multiphysiques où nous devons mettre en commun simultanément, nos expertises respectives de l'ingénierie (thermique, acoustique, aérodynamique, etc.). Nous sommes appelés à résoudre des problèmes en modélisant les procédés de fabrication, c'est-à-dire en créant des modèles informatiques qui nous permettent de simuler la fabrication. Nous devons donc de plus en plus effectuer des calculs complexes, nécessitant une puissance de calcul qu'aucun d'entre nous ne possède individuellement. C'est ce manque de disponibilité en puissance de calcul qui, actuellement, limite les développements et applications dans ces domaines ", constate Guy Warzée.

Le futur pôle d'excellence devrait posséder donc un ordinateur multiprocesseurs d'une puissance de calcul parallèle unique en Belgique. A titre indicatif, le Centre de calcul de l'ULB et de la VUB abrite un ordinateur à 28 processeurs... seulement. " Nous avons en Faculté, un ordinateur à 16 processeurs qui nous a permis jusqu'à présent de faire du calcul en parallèle à petite échelle, du petit parallèle pourrait-on dire. Mais nous devons constater qu'après quatre années de fonctionnement, cet ordinateur ressemble déjà presque à une pièce de musée ", déplore le doyen.

Équipé de son " super-ordinateur ", le pôle d'excellence en aéronautique servira à la recherche appliquée : il permettra de développer une expertise et des méthodes de modélisation physique et mathématique. Il sera aussi bien sûr, un outil clé pour la valorisation économique dans le secteur aéronautique. Les projets seront alimentés par les besoins des industriels : les entreprises pourront exploiter l'expertise acquise ou commercialiser des logiciels industriels qui en découleront et par là même, maintenir leur compétitivité, voire l'augmenter et donc dynamiser l'emploi dans la région.

Dès la phase de démarrage, 10 à 20 chercheurs travailleront dans le centre d'excellence Cenaero qui sera, dans un premier temps, hébergé par la SONACA avant d'être localisé sur l'Aéropole de Charleroi, à l'ombre du Brussels South Airport.

Charleroi poursuit son envol vers de meilleurs horizons économiques...

Nathalie Gobbe