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Le GASPPECO : un regard résolument tourné vers l'Est

L'Université libre de Bruxelles a une longue tradition de recherche en sciences humaines sur l'Est européen. Déjà, à la fin des années 50, un Centre d'étude des pays de l'Est et une revue académique La Revue des pays de l'Est existaient à l'Institut de sociologie. Le GASPPECO s'intéresse particulièrement aux évolutions des acteurs politiques et sociaux dans la région, au processus d'intégration européenne et aux héritages des régimes communistes. Une douzaine de thèses de doctorat y sont en cours. L'équipe est internationale puisque la plupart des doctorants sont originaires de la région. De nombreux colloques et séminaires de recherche sont organisés dans ce cadre. Cette continuité permet à l'Université de bénéficier d'un centre reconnu et spécialisé.

Cette activité produit aussi des effets pour les étudiants en sciences politiques qui sont nombreux à partir en échanges Erasmus dans les universités des PECO. L'Institut de sociologie édite par ailleurs toujours une revue scientifique, Transitions, consacrée aux évolutions politiques, économiques, sociales et culturelles de l'Est européen. Depuis plusieurs années cette revue est co-éditée avec l'Institut européen de Genève. Et l'Université libre de Bruxelles accueille également le Centre d'étude tchèque qui organise des activités centrées sur ce pays.

L'ULB et Bucarest

Nous participons aussi aux différents projets internationaux. Parmi ceux-ci, il est intéressant de relever une participation active à l'École doctorale francophone en sciences sociales de Bucarest. Ce projet, créé en 1994, qui bénéficie de l'aide de l'Agence universitaire de la francophonie et de l'Université de Bucarest, vise à combler les carences des sciences sociales dans la région en formant des jeunes chercheurs aux méthodes actuelles de la recherche. Elle met également l'accent sur l'aspect interdisciplinaire de la recherche.

Même si la situation s'est améliorée, il reste néanmoins un travail important à réaliser. Les bibliothèques universitaires restent extrêmement pauvres, les sujets de recherche décalés par rapport aux problématiques traitées dans le monde de la recherche en Europe occidentale ou en Amérique du Nord. Enfin, certaines disciplines furent totalement interdites durant des décennies. On ne (re)crée pas une discipline en si peu de temps. Certaines thématiques restent quelquefois problématiques ou très sensibles pour pouvoir être menées avec toute la distance scientifique nécessaire, d'autres font l'objet d'une haute politisation ou idéologisation. La situation est différente de discipline à discipline. Parfois, il s'agit surtout d'une aide méthodologique et bibliographique, quelquefois, il s'agit d'aider à la différenciation des spécialisations, ou à une internationalisation des recherches menées.

Un projet international

Plusieurs universités (Bordeaux, Neufchâtel, Laval, etc.) participent comme la nôtre à ce projet qui se concentre actuellement sur l'histoire, l'anthropologie, la sociologie et les sciences politiques qui forment les quatre options offertes par l'École. Une série de professeurs de notre maison ont enseigné dans ce cadre ces dernières années, une série importante de jeunes chercheurs issus de la région sont venus à l'ULB pour y réaliser leurs thèses en cotutelle avec leur université d'origine. Ceci permet aussi de créer des contacts avec les collègues et les centres de recherches roumains, bulgares, moldaves, par exemple, et de créer de nouvelles synergies. Dorénavant, des moyens financiers existent pour que les directeurs de thèse se rencontrent et travaillent ensemble avec les doctorants.

Ce projet, tout en stimulant les échanges internationaux, tente également de réinsérer les jeunes chercheurs dans le tissu académique de leur pays d'origine. Ainsi, une partie de la bourse est consacrée à des recherches dans le pays d'origine et l'école tente que les doctorants aient un statut de chercheur dans leur université afin de ne pas couper les liens entre le doctorant et son milieu universitaire. Certes, il n'est pas facile de faire cohabiter des étudiants et des professeurs d'origine nationale et scientifique différentes mais les questions posées et les visions divergentes sont aussi une des richesses de l'école.

Chaque année dorénavant, plusieurs thèses de doctorat sont défendues par des étudiants de l'École que ce soit au Canada, en France, en Suisse ou en Belgique. Cette école attire surtout les étudiants francophones des Balkans. Il s'agit donc d'un projet important car elle concerne une zone qui deviendra, elle aussi, à court ou à moyen terme membre de l'Union européenne. Notre présence dans la région dépasse les enjeux strictement scientifiques. Nos valeurs y sont à défendre.

Jean-Michel De Waele
Professeur à l'ULB
directeur du Groupe d'analyse socio-politique des pays d'Europe centrale et orientale (GASPPECO)

Contrairement à de nombreux autres centres universitaires dans le monde, la chute des régimes communistes n'a pas signifié, pour l'ULB, la fin de l'intérêt pour les pays de l'Est. Aujourd'hui, il existe toujours un centre de recherche en sciences humaines consacré à l'évolution des anciennes démocraties populaires : le Groupe d'analyse socio-politique des pays d'Europe centrale et orientale. Le GASPPECO participe notamment à l'École doctorale francophone en sciences sociales de Bucarest.



 
  ESPRIT LIBRE > SEPTEMBRE 2004 [ n°24 ]
Université libre de Bruxelles