[page précédente]    [sommaire]    [page suivante]  
esprit libre

[à l'université]
 
 
 
" Univers-cité des arts ", une première sur nos campus

Pour rappel, cette initiative originale, voire pionnière, dans le domaine de la politique culturelle des universités, portée par ULB Culture avec toute la détermination et l'énergie d'André Nayer et de Claire Poulaint, a pour ambition de confronter la communauté universitaire à la pointe la plus contemporaine de cet art du même nom, afin de lever les nombreux préjugés que les universitaires comme l'ensemble de la population nourrissent à son égard (hermétisme supposé, caractère élitiste et vaguement ennuyeux, etc.). Il a ainsi été décidé d'inviter des artistes contemporains à investir l'espace physique autant que mental de nos parcours quotidiens et de nos routines sur les campus.

Ces artistes jouissent d'une notoriété internationale et pratiquent un art de nature interactive et participative, - soit ce qui fonde le nouveau paradigme artistique de ce que les critiques d'art Nicolas Bourriaud, Paul Ardenne ou Hans-Ulrich Obrist ont respectivement qualifié d' " art relationnel ", d' " art contextuel " ou encore d'art " à faire soi-même " (dans le droit fil d'un Marcel Duchamp constatant que " c'est le spectateur qui fait le tableau " ou d'un Joseph Beuys décrétant que " tout le monde est artiste ").

André Goldberg et sa chambre noire

On le comprendra aisément, le projet vise à la fois une forme inédite de sensibilisation de l'ensemble de la communauté universitaire à l'art contemporain et à la découverte des points de convergence entre l'imagination scientifique et l'imagination artistique. Il ne s'agissait donc pas de monter une exposition ou un concert de plus sur les campus de l'Université (car on sait que ce genre de manifestations - initiatives par ailleurs louables et nécessaires - n'attirent que les convaincus et indiffèrent le profane qui ne se sent nullement concerné) mais d'aller à la rencontre des usagers de l'Université, sans détour, sans prétention mais sans compromission non plus. C'est ainsi que d'aucuns auront pu rencontrer le photographe André Goldberg et sa chambre noire au Solbosch, à la Plaine ou à Erasme, qui leur aura " tiré le portrait " (et quelques propos détonnants sur l'art, la culture ou l'université). Ces portraits et propos seront restitués à la communauté universitaire sous forme d'affichages à raison d'un par semaine aux endroits habituellement dévolus à la communication interne.
Dès la rentrée, en levant les yeux vers les plafonds, on pourra également découvrir les fables imaginées par l'artiste Patrick Corillon sur le thème des " compagnies parasites ", à savoir ces animaux parasites spécifiques à tel ou tel bâtiment qui jouent leur rôle dans la transmission des savoirs.

Interactions

Les résultats escomptés de ces confrontations se sont déjà manifestés à travers l'enthousiasme des équipes scientifiques de notre maison qui vont contribuer à la réalisation de certaines de ces interventions qui tiennent autant de la prouesse technique que de l'envolée poétique (ou de la réflexivité critique). Ce sera le cas pour l'installation d'un jardin symétrique, par Michel François, en collaboration avec les botanistes du Jardin Massart, ou du buste de l'étudiant-type conçu par Sébastien Reuzé, avec l'assistance du laboratoire d'imagerie numérique de la Faculté des sciences appliquées.

La notion même d'" univers-cité des arts " renvoie aussi à la conviction qu'une université n'est pas une enclave dans le tissu social. Au contraire, sa raison d'être tient en une forme d'engagement responsable dans l'espace social que ses compétences enrichissent autant qu'elle bénéficie des synergies avec la société qui lui confie non seulement la formation morale et intellectuelle de sa jeunesse, mais ses espérances de progrès et de justice sociale.

Une part notable du projet consiste dès lors à ouvrir la cité universitaire et d'inciter ses concitoyens à la découvrir, l'investir et, pourquoi pas, se l'approprier symboliquement à l'occasion des rencontres qui y seront organisées. C'est ainsi qu'un partenariat a été conclu avec la commune d'Ixelles et que des synergies ont été trouvées avec les écoles d'art et d'architecture qui seront parties prenantes dans ce programme, notamment, pour l'ENSAV-La Cambre et l'ISA-La Cambre, à travers des cours et des séminaires communs (notamment en sociologie visuelle), mais aussi par la tenue d'un " groupe de réflexion " sur ces questions cruciales pour la démocratie que sont l'art public et la commande publique. ll

Daniel Vander Gucht
Chef de travaux en Faculté des Sciences sociales, politiques et économiques, directeur du GRESAC (Groupe de recherche en sociologie de l'art et de la culture) et promoteur du programme " Univers-cité des arts "

La communauté universitaire de l'ULB aura déjà eu l'occasion d'entendre parler à diverses reprises du programme triennal d'interventions artistiques intitulé " Univers-cité des arts ", qui démarre sur les différents campus de l'Université à partir de cette rentrée académique. Une visite guidée des installations par les artistes sera organisée le 16 septembre au soir, à partir de la salle Allende, à l'occasion du vernissage de l'exposition de l'artiste britannique Andrew Eden.



 
  ESPRIT LIBRE > SEPTEMBRE 2004 [ n°24 ]
Université libre de Bruxelles