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Virginie Devillez Entre Art et Histoire, son coeur balance

Esprit Libre : Qu'est-ce qui vous a poussé vers des études d'Histoire ?
Virginie Devillez : En fait, j'ai commencé des études d'Histoire de l'art... que j'ai quittées au bout de trois semaines. Les seuls cours que j'aimais vraiment en Histoire de l'art étant les cours d'Histoire, je me suis donc réorientée. Au moment du mémoire, j'ai proposé un sujet où je pouvais faire de l'Histoire de l'art en Histoire. J'ai ensuite pu poursuivre par un doctorat consacré aux relations entre l'art et la politique dans l'entre-deux-guerres. Ceci dit, je travaille à présent aux musées royaux des Beaux-arts où j'ai été la première historienne engagée parmi de nombreux historiens de l'art...

Esprit Libre : Aux musées royaux des Beaux-arts, sur quoi travaillez-vous ?
Virginie Devillez : Lorsque je suis arrivée aux musées, j'ai travaillé au service " Archives des Beaux-arts des musées de Belgique ". Ce sont des archives très riches. Nous sortons d'ailleurs un énorme livre en septembre sur les 200 ans des musées, réalisé sous la direction de Michèle Van Kalck avec qui j'ai travaillé, ainsi qu'une collègue. 800 pages, deux volumes, un travail de trois ans. Depuis, je suis engagée aux " Archives de l'art contemporain en Belgique " où je peux faire de la recherche au niveau historique, tout en étant dans le domaine des arts. Ce service rassemble des documents sur l'Histoire de l'art belge et des artistes belges, etc.

Esprit Libre : L'aventure RTBF commence en septembre 2002...
Virginie Devillez : Fin mai 2001, j'avais passé l'examen de la RTBF, que je n'ai pas réussi par manque de préparation. Je sortais du doctorat et je dois bien admettre que j'étais un peu lessivée de tout ce travail... Je me suis dis que ce serait bien d'avoir une activité plus rapidement gratifiante. Lorsque la Deux a été remodelée, une des idées majeures des responsables de la chaîne était de réintroduire des visages à l'écran. Mais des visages qui ne soient plus connotés speakerines. J'ai alors été contactée pour la case " Histoire ". Les débuts ont été un peu perturbants : on me demandait de parler, seule, pendant 1, 40 minute face à la caméra et sans prompteur pour introduire les documentaires projetés... Finalement, on a restructuré les présentations en instaurant un dialogue avec une autre animatrice.

Esprit Libre : Ca fait quoi la première fois où l'on se voit à l'écran ?
Virginie Devillez : La première fois ? J'avais envie de pleurer ! On n'avait pas de coiffeur, je me sentais mal fagotée, seule face à cette caméra, je ne savais pas encore très bien rebondir... C'est seulement depuis la rentrée 2003 que j'accepte de me voir à l'écran. Mais la présentation a évolué aussi : un nouveau studio, une manière de filmer plus naturelle, etc.

Esprit Libre : Quel est votre travail par rapport aux sujets que vous présentez ?
Virginie Devillez : En fait, il y a un producteur - Bernard Balteau (" Les années belges ") -, qui propose les documentaires à la direction de la chaîne. Mon travail consiste à les visionner, à faire des recherches et à concevoir la présentation. Je n'ai pas vraiment de droit de regard sur le choix du documentaire. Par contre, je suis très attentive à ce que programment les autres chaînes en matière de documentaires. Avec l'Histoire, ce qui est intéressant, c'est qu'on peut toucher à tout. L'Histoire n'est plus uniquement politique, économique ou sociale. Elle permet d'aborder, grâce à la sociologie, à la culture, beaucoup de sujets, sous de nombreux angles.

Esprit Libre : Que diriez-vous de la production actuelle ?
Virginie Devillez : En fait, il y a une tendance pour des documentaires où les grands acteurs de l'époque récente s'expriment, sans commentaire additionnel. Comme par exemple, " Le monde selon Bush ", récemment diffusé. Il y a une autre tendance, que j'aime un peu moins : celle où les réalisateurs choisissent de faire des reconstitutions. Cela peut être très réussi, notamment grâce aux reconstitutions virtuelles de lieux disparus. Mais d'autres me mettent plus mal à l'aise, comme quand on évoque la fuite de Juifs d'un train en partance pour Auschwitz, filmés de façon cinématographique, avec de " belles images ".

Esprit Libre : Êtes-vous téléphage ?
Virginie Devillez : J'ai repris la télédistribution quand j'ai commencé à travailler à la RTBF, je m'en étais passée pendant dix ans. J'ai été assez étonnée de l'évolution des programmes, notamment avec l'explosion de la télé-réalité... J'ai eu un comportement très abruti pendant quelques mois : le zapping fut effrené ! Mais en général, je regarde des docs et des films. Pour le reste, savoir qu'à la Ferme Célébrités, Massimo avait du mal à se lever... Bof !

Esprit Libre : Vous avez des projets plus personnels en télé ?
Virginie Devillez : J'ai quelques idées mais je pense que la radio est un meilleur médium pour faire de la culture. J'ai eu l'opportunité de travailler un peu à Radio campus et Radio Panik. Si je devais défendre un projet, ce serait plutôt en radio, dans le domaine de la Littérature, de l'Art ou de l'Histoire.

Alain Dauchot


Virginie Devillez ? Un sourire qui se passe de prompteur. Son visage vous est peut-être familier : c'est elle qui anime la case " Histoire " en télé, sur la Deux. Mais la jeune trentenaire poursuit également une carrière aux musées royaux des Beaux-arts où elle se penche sur des archives liées à l'Histoire de l'art contemporain en Belgique. Entre l'Art et l'Histoire, son coeur balance... Et entre la télé et les musées, elle court...



 
  ESPRIT LIBRE > SEPTEMBRE 2004 [ n°24 ]
Université libre de Bruxelles