Éric Russon - La culture sur un plateau (télé)
Esprit Libre : Vous avez fait des études de droit et de criminologie à l'ULB. C'était une erreur de casting ces études ?
Éric Russon : Avec le recul oui ! J'ai fait deux ans de droit, sans passion. Mais j'ai adoré les cours de sociologie et de psychologie.
C'est pour cela que j'ai bifurqué ensuite vers la criminologie. En même temps, je ne me destinais pas du tout à ce que je
fais aujourd'hui...
Esprit Libre : Vous étiez parmi les premiers à animer l'antenne de Radio Campus, où vous travaillerez durant 7 ans...
Éric Russon : Nous avons démarré dans les locaux de l'avenue Buyl, dans un tout petit studio. J'ai commencé par une émission littéraire
: on lisait des nouvelles, des poèmes... J'ai également participé à une émission d'humour, aux " petits matins ", etc. L'émission
cinéma est arrivée plus tard, par la rencontre avec Bernard Hayette. On avait tous les deux un projet dans nos cartons, qu'on
a fondu ensemble. Plein de gens ont défilé dans cette émission. Certains m'ont permis ensuite de travailler à Télé-Bruxelles.
Je pense à Caroline Hamaide, avec qui j'ai collaboré sur l'émission " Travelling ", comme assistant de production. Dès 89,
on m'a demandé d'en faire un peu plus. J'ai alors présenté l'émission de court-métrages (Court Toujours) et les choses se
sont enchaînées...
Esprit Libre : Travailler pour une télévision régionale, est-ce un choix ?
Éric Russon : Franchement, je suis arrivé dans ce milieu un peu comme Bambi dans la forêt... J'avais la fibre artistique mais sans vraiment
trouver un vecteur pour l'exprimer. J'avais des passions : pour la littérature, le théâtre, la BD, le cinéma... Le reste est
une question de hasards et d'opportunités.
Esprit Libre : Ce qui caractérise votre approche des invités dans " L'Autre Journal ", c'est que vous prenez le temps d'approfondir, de développer
un sujet, un détail. Le temps, c'est pourtant ce qui manque le plus à la TV...
Éric Russon : Pendant 5 ou 6 ans, j'ai réalisé une séquence qui s'intitulait " Personnalités à domicile " ; une émission enregistrée chez
les gens et qui durait facilement une heure, voire plus. Lorsque je suis passé à un rendez-vous quotidien, en direct sur le
plateau, pour des interviews de douze minutes, je me suis dit : autant recréer le climat d'une conversation. Ce qui m'énerve
dans les interviews à la télé c'est le manque de dialogue, la tentative de certains journalistes de " faire dire " à leurs
invités certains propos qu'ils ont envie d'entendre.
Prendre le temps, ça veut aussi dire bien préparer la rencontre. L'exercice consiste ensuite, lors de la discussion, à laisser
l'interviewé ouvrir certaines portes... Et à s'engouffrer dedans.
Esprit Libre : On vous reconnait une certaine qualité d'écoute. Est-ce que vous n'auriez pas pu devenir psy finalement ?
Éric Russon : (Rires) Du temps de " Personnalités à domicile ", je me souviens de certaines rencontres où des personnalités ont été assez
loin dans la confidence, et qui, quand on terminait l'interview, faisaient effectivement ce rapprochement avec le travail
du psy. Enfin, il ne faut pas non plus comparer l'incomparable !
Esprit Libre : Des rencontres que vous retenez plus que d'autres ?
Éric Russon : En général, on retient surtout ce qui a foiré ! Mais parfois, je suis super-content à la fin d'une émission et on me dit que
c'était ch... Ou l'inverse !
Esprit Libre : Vous animez depuis plus d'un an une émission quotidienne avec Corinne Boulangier sur la Première. Finalement, qu'est-ce que
vs préférez : la télé ou la radio ?
Éric Russon : J'aime la complémentarité. La radio, c'est un peu ma récréation de la journée. Après quinze ans de télé - qui est un média
assez lourd, qui nécessite des moyens -, la radio me paraît d'une incroyable légèreté. Elle permet un autre ton, avec l'invité
et avec l'auditeur... Par ailleurs, refaire de la radio m'a permis de retrouver plein de gens que j'avais connu à Radio Campus,
comme Anne-Michèle Crémer, Jean-Michel Mostaert, Benoît Moulin, Philippe Carlot...
Esprit Libre : Vous n'avez jamais pensé faire de la comédie, du théâtre ?
Éric Russon : J'ai fait un peu de théâtre à l'Université. Mais je me sens plus attiré par l'écriture. J'ai écrit quelques sketchs pour un
projet de spectacle qui s'est joué il y a quelques années. J'ai écrit quelques scénarios de courts et un roman que j'ai envoyé
à gauche à droite, sans succès... J'ai toujours eu du mal à me vendre en fait (rires) ! Mais bon, je le ferai, quand j'aurai
plus de temps. Ou que je voudrai passer à autre chose.
Alain Dauchot
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Radio Campus fête cette année ses 25 ans. Parmi les nombreux journalistes et animateurs qui ont fait les beaux jours de la
radio de l'ULB à ses débuts, Éric Russon, passé ensuite à Télé-Bruxelles et qui anime depuis plus d'an, un rendez-vous culturel
en radio, sur la RTBF. Cinéma, musique, théâtre, BD... Éric Russon fait feu de tout bois et a l'art de faire partager son
enthousiasme. Un esprit curieux qui, en quelque sorte, ouvre aux auditeurs et téléspectateurs les " Portes de la perception
" de la création culturelle.
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