Le 8 octobre : un rendez-vous crucial
Une des données essentielles de l'élection communale tient en la performance de l'extrême droite. En Flandre, le Vlaams Belang
sera-t-il à même de confirmer, au plan local, l'exceptionnel résultat des élections régionales de juin 2004 - 24% des suffrages
? Auquel cas, la pression pour une rupture du cordon sanitaire n'en sera que plus forte. La configuration à Anvers focalisera
particulièrement l'attention.
Le FN, entre Charleroi et Bruxelles
Dans l'espace francophone, le poids de l'extrême droite sera aussi une des données majeures. Après l'éclipse de l'élection
fédérale et régionale de juin 1999 et du scrutin communal d'octobre 2000, le Front national a percé une nouvelle fois en 2003
et 2004, atteignant par exemple 17% à Charleroi au scrutin régional. Combien de listes le FN sera-t-il à même de déposer et
quel pourcentage recueillera-t-il ? Les réponses à ces questions seront révélatrices de l'état de l'opinion en Wallonie et
à Bruxelles. Certes, les capacités politiques du FN sont en réalité extrêmement faibles, mais son potentiel de nuisance n'est
pas négligeable, singulièrement dans les grands centres urbains : Liège, Charleroi, Mons, La Louvière... et l'espace bruxellois.
Hors les performances de l'extrême droite, cinq points majeurs, parmi d'autres, peuvent être épinglés.
Côté flamand
En Flandre, il s'agira de voir si les intentions de vote telles qu'elles se dégagent des dernières enquêtes, suggérant un
écart d'une dizaine de points entre le cartel CD en V-N-VA et le VLD, se traduiront dans les urnes. Dans l'affirmative - qui
dégagerait un bon résultat du cartel démocrate-chrétien et un très mauvais score pour les libéraux flamands - cela conforterait
la perspective d'une élection fédérale centrée sur l'institutionnel. Dans la négative, le prochain scrutin pourrait davantage
s'opérer sur des questions d'ordre socio-économique, plus porteuses pour le VLD.
Pour les socialistes flamands, l'enjeu principal sera de savoir s'ils peuvent conserver les grandes villes qu'ils détiennent
: Anvers, Ostende, Saint-Nicolas, Hasselt, Gand ou encore Louvain.
En Wallonie
En Wallonie, la première question est de savoir dans quelle mesure le Parti socialiste sera affecté par l'affaire de la Carolorégienne
et ses avatars successifs dans la métropole sambrienne. S'il semble acquis que le PS perdra la majorité absolue à Charleroi,
il reste à examiner quelle sera l'ampleur du recul socialiste dans la première ville wallonne et dans quelle mesure le PS
et ses personnalités seront touchés ailleurs. Après trois scrutins victorieux - octobre 2000, mai 2003 et juin 2004 - Elio
Di Rupo pourrait, pour la première fois comme président de parti, être confronté à la gestion d'un tassement voire d'une défaite
électorale.
Et à Bruxelles
À Bruxelles, la grande interrogation est de savoir si le bouleversement électoral spectaculaire de juin 2004, qui a vu les
socialistes devancer le Mouvement réformateur, sera confirmé ou non au plan local. La problématique est de taille car plusieurs
administrations communales très importantes sont en jeu. Citons, à titre d'exemple Schaerbeek où Laurette Onkelinx (PS) essaie
de ravir le maïorat à Bernard Clerfayt (MR), Anderlecht où Éric Tomas (PS) tente de déloger Jacques Simonet (MR), ou encore
Bruxelles-ville où Marion Lemesre (MR) vise à renverser Freddy Thielemans (PS). Toutefois, le score de chaque liste n'apportera
qu'une partie de la réponse. Dès lors qu'il y a très peu de majorités absolues dans les communes bruxelloises, la capacité
à nouer des alliances peut être déterminante. Sous cet angle, les choix qu'opéreront Écolo, le Cdh et, éventuellement, les
partis flamands, pourraient être décisifs. À moins que socialistes et libéraux ne signent la paix des braves après les hostilités
d'octobre 2000 et juin 2004.
Personnalités en vue
Enfin, dans la perspective du scrutin fédéral, les performances de certaines personnalités seront scrutées avec beaucoup d'attention,
d'autant que nombre d'entre elles sont en première ligne : Elio Di Rupo à Mons, Isabelle Durant à Schaerbeek, Joëlle Milquet
à Bruxelles, Laurette Onkelinx à Schaerbeek, ou encore Didier Reynders à Liège.
Pascal Delwit Centre d'étude de la vie politique de l'ULB
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En temps normal, les élections communales constituent un rendez-vous important dans la vie politique et sociale belge, tant
il est vrai qu'elles revêtent, aux yeux des électeurs et des hommes et femmes politiques, une grande signification. À peu
près tous les responsables politiques qui comptent au plan fédéral ou régional-communautaire sont d'ailleurs engagés dans
la bataille. Plus encore, l'échéance du 8 octobre 2006 est déterminante. À une encablure du prochain scrutin fédéral, prévu
pour le printemps 2007, elles fixeront largement l'agenda et les termes politiques de la fin de la législature et, peut-être,
les thèmes de campagne pour l'élection fédérale.
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Plus d'infos ?
* Le Centre d'étude de la vie politique de l'ULB (CEVIPOL) ouvre sur son site un espace d'informations consacrées aux élections
communales d'octobre 2006 : http://www.ulb.ac.be/soco/cevipol
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