L'Hôpital Erasme a 25 ans
Esprit Libre : L'Hôpital académique a 25 ans cette année. On est loin des sarcasmes des débuts où l'on ne donnait pas cher de son installation
dans " un champ de patates ".
Françoise Thys : C'est vrai, cet hôpital est une réelle réussite. La réputation de la qualité de ses soins attire une population issue des
quatre coins de la Belgique et aussi de l'étranger. Il est également un acteur majeur dans le redéploiement économique de
la Région bruxelloise.
Esprit Libre : Comment se positionne-t-il dans le contexte particulier des soins de santé en Belgique ?
Françoise Thys : La fédéralisation de la Belgique, développé dans un contexte lourd d'endettement public, handicape fortement les institutions
d'enseignement et de soins de santé. La Région bruxelloise elle-même vit une situation difficile. Si elle est Région a part
entière, elle n'a pas les mêmes moyens financiers que ses homologues wallonne et flamande. Et donc dans le cadre des investissements,
cela pose bien évidemment un problème spécifique.
L'Hôpital vit aujourd'hui une situation de déficit nouvelle pour lui et je m'attendais bien à une contexte financier difficile
à la présentation des comptes 2001. J'en avais d'ailleurs informé les différences instances.
Esprit Libre : Vous en avez identifié les causes ?
Françoise Thys : Bien évidemment. Elles sont multiples.
La politique restrictive des pouvoirs publics finit bien évidemment par peser très lourd. Comme recteur, c'est un contexte
que j'ai déjà vécu dans le financement des universités où aujourd'hui on reconnaît un déficit structurel de l'ordre de 3 à
4 %.
Ensuite, nous subissons les effets à moyen terme de la politique du numerus clausus. Dans un hôpital qui vise la qualité,
nous devons en effet anticiper le recrutement des jeunes médecins.
Enfin, nous avons eu une crise au sein de notre quartier opératoire qui a eu des conséquences en terme de coût au niveau du
personnel.
Ce diagnostic doit être complété par la toute nouvelle réforme du financement des hôpitaux qui va modifier de manière importante
les conditions de financement de l'Hôpital. Il y a donc ici un contexte d'incertitude supplémentaire même si les mesures annoncées
tiendront compte des spécificités de l'hôpital universitaire.
A la lumière de ces éléments, nous avons mis en place les mesures adéquates pour remettre l'hôpital dans une perspective de
croissance.
Esprit Libre : Malgré cette situation, l'hôpital se développe
Françoise Thys : Oui, le rapprochement récent avec l'institution hospitalière François Rabelais (Hôpital Français et César de Paepe) est l'expression
d'une politique qui a toujours été dynamique. Les activités et les liens développés avec le Domaine à Braine-l'Alleud, les
cliniques de Nivelles, de Jodoigne et du Lothier ou encore les nombreuses conventions ou accords avec les hôpitaux wallons
en sont le témoignage vivant.
Esprit Libre : Revenons au 25 e.
Françoise Thys : Le plus bel événement de ce 25e est sans conteste la construction d'un l'hôpital de jour ; un projet qui s'insère dans la
réforme du financement des hôpitaux et qui connaîtra ainsi son complet développement. L'ensemble du programme ambitieux du
25e s'est construit autour de cet événement indispensable à la qualité des soins de santé.
Mais il est évident que dans le contexte budgétaire actuel, nous allons devoir le modifier quelque peu.
Si nous allons maintenir la séance académique relative à la pose de la première pierre le 18 octobre ainsi que le symposium
pluridisciplinaire ou encore le rallye cycliste au départ des policliniques, la grande fête du personnel aura bien lieu mais
pas au Heysel.
Esprit Libre : Vous gardez espoir dans ce contexte difficile ?
Françoise Thys : Une étude scientifique anglaise récente montre que les Belges font partie des populations dont la santé est la mieux traitée.
Or, on sait qu'en terme de pourcentage par rapport au PNB, la Belgique se montre très raisonnable en terme de dépenses de
santé : 8 % pour la Belgique contre 9 ,8% pour la France ou 10,5 % pour l'Allemagne. Ce contexte nous oblige à défendre l'ensemble
des services que nous rendons à la population. L'Hôpital Erasme a toutes les ressources et notamment les ressources humaines
indispensables au maintien de cette qualité .
Les deux nouveaux projets, l'hôpital de jour et le rapprochement avec l'Hôpital Rabelais montrent que cela est tout à fait
réalisable.
Isabelle Pollet
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Françoise Thys-Clément, économiste et présidente du conseil de gestion de l'institution hospitalière, dresse un bilan dans
un contexte budgétaire difficile
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