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[à l'université]
 
 
 
Du Nord au Sud, en passant par le Centre

Esprit Libre : Un nouveau centre à l'ULB consacré aux relations Nord-Sud : dans quel esprit a-t-il été créé et à quelles nécessités va-t-il répondre ?
Paul Jacobs : Un certain nombre d'universités se sont dotées depuis longtemps d'outils pour faire de l'éducation au développement. Pour à la fois informer sur toutes les possibilités de faire de la coopération, sur les sources de financement, les procédures à suivre, l'aide au montage de projets, la recherche de partenaires, mais aussi pour faire de l'information et de la formation sur les problématiques rencontrées. À l'ULB, où existe également de nombreuses structures consacrées au développement, nous ne possédions pas encore d'outil plus spécifiquement axé sur l'information et la formation. Nous avons donc décidé de remettre sur pied une asbl qui avait été créée en 1987 mais qui n'avait plus fonctionné depuis : le Centre de formation aux relations Nord/Sud.

Esprit Libre : Formation et information en seront donc les spécificités...
Paul Jacobs : Exactement, il ne s'agit pas, pour nous, d'axer notre travail sur des projets dans le Sud. Il s'agit de développer des activités ciblées vers la Communauté française et en particulier la communauté universitaire. Nous cherchons également à faire des liens entre équipes de recherche ici et là-bas et à inciter nos universitaires à traiter des sujets spécifiques au Tiers-monde. Il y a chez nous, par exemple, une série de laboratoires qui travaillent sur l'eau. Mais peu s'intéressent aux problèmes d'eau du Tiers-monde. Notre rôle peut contribuer à sensibiliser ces laboratoires aux problèmes sanitaires liés à l'eau là-bas, de manière à orienter leur recherche différemment. Nous avons un premier projet qui concerne la pollution des eaux dans les régions tropicales, développé à Cuba, avec le laboratoire de Pierre Servais et le laboratoire de Ley Chou .

Esprit Libre : Quelles seront les premières actions du Centre ?
Paul Jacobs : Une des premières actions sera l'organisation de la semaine " Campus Plein Sud " à l'ULB, du 20 au 25 octobre. Comme l'an dernier, une série de conférences et de tables rondes seront organisées. Certains cours seront remplacés par des conférences sur des problématiques du développement. Susan George, par exemple, donnera une conférence au Janson le lundi 20 à 11h en remplacement d'un cours du recteur Pierre de Maret, tout le monde y est chaleureusement invité.

Esprit Libre : Quel sera le thème de " Campus Plein Sud " ?
Paul Jacobs : Sur proposition de cercles étudiants (le Centre des étudiants étrangers et le Cercle de coopération au développement), le thème sera la migration et en particulier la migration étudiante. On y abordera par exemple la question de la valeur de l'enseignement délivré chez nous pour un étudiant du Sud. Y a-t-il des effets pervers ? Ces étudiants sont-ils en situation de pouvoir développer une recherche endogène ? Quels sont les flux financiers liés à tout cela ? Quel est l'enrichissement culturel et humain pour nos universités ? Etc. On y parlera également de la qualité de l'accueil.

Esprit Libre : La question de l'accueil sera également un des points sur lequel le nouveau centre travaillera...
Paul Jacobs : Absolument. Il s'agit d'améliorer cet accueil. Lorsqu'on vient d'un pays étranger, on est toujours surpris de la manière dont les choses fonctionnent chez nous. Il y a 20 ou 30 ans, les étudiants étrangers étaient accueillis dans leur propre communauté (familles, amis) ; ils sont plus isolés aujourd'hui. Le Centre veut jouer un rôle à ce niveau.

Esprit Libre : Concrètement, est-ce qu'une structure spécifique sera mise en place pour faire fonctionner le Centre ?
Paul Jacobs : Il sera important d'avoir des bureaux, une bibliothèque, un lieu d'accueil convivial. On en est actuellement à mettre en place des projets et des programmes. On réfléchit à un cycle de conférences qui se déroulera sur l'année, on a pris des contacts avec des structures associatives extérieures (foyers, Maison africaine, Maison de l'Amérique latine...) pour travailler à la question du logement. Tout cela implique de trouver des financements dans les mois à venir pour faire de ce Centre Nord/Sud un réel outil pour notre université.

Esprit Libre : Quel est le public visé ?
Paul Jacobs : Il nous faut atteindre un public qui à priori n'est pas touché par les problématiques du Tiers-monde, sans pour autant négliger les personnes qui sont déjà motivées et impliquées dans ces problématiques. Nous viserons donc les deux publics en proposant des activités très spécifiques mais aussi d'autres activités destinées à un public non sensibilisé, notamment les plus jeunes. C'est d'ailleurs pour cela que cette année, le Centre développera des conférences dans le cadre de cours existants.

Esprit Libre : Ce sera l'occasion d'inviter des professeurs étrangers ?
Paul Jacobs : Bien entendu. Nous avons par exemple invité cette année un professeur de l'Institut agronomique et vétérinaire de Rabbat au Maroc, Abslam Dahman, qui a fait un doctorat comme ingénieur civil à l'ULB et depuis 20 ans enseigne là-bas mais surtout a fondé une ONG axée sur le développement communautaire participatif dans les campagnes. Ce professeur aura l'occasion de témoigner ici de l'adéquation ou pas de l'enseignement qu'il a reçu chez nous et des structures universitaires marocaines pour le travail qu'il poursuit là-bas.

Alain Dauchot


Centre de formation aux relations Nord/Sud : tel est l'intitulé d'une nouvelle structure initiée à l'ULB dans la perspective de sensibiliser le monde universitaire aux enjeux du Tiers-monde. Paul Jacobs, chargé de mission pour la Coopération au Développement à l'ULB depuis maintenant trois ans et cheville ouvrière du projet, nous en parle.



Campus Plein Sud Cette semaine de sensibilisation se déroulera du 20 au 25 octobre, dans 9 universités francophones du pays. À l'ULB, parmi les activités proposées, citons celle du Pôle Bernheim : " Visions Sud 2003, oralité, contes, paix et citoyenneté ". Infos : www .polebernheim.net
Le programme global de la semaine est disponible sur le site www.campuspleinsud.org/

 
  ESPRIT LIBRE > OCTOBRE 2003 [ n°16 ]
Université libre de Bruxelles