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DHC sous les tropiques

Pierre de Maret, n'avait plus mis les pieds au Congo-Kinshasa depuis 1997. Il est pourtant de ceux que l'on appelle les " Congolais de coeur ", un passionné du pays et de son passé. Avant de devenir le 63e recteur de l'ULB, il a , jeune anthropologue, enquêté auprès des populations, fouillé le sol et les forêts. Il a aussi exercé ses premières charges professorales à Lubumbashi en 1974. Les autorités de l'Unilu, fondée par l'ULB en 1954, tenaient aussi à honorer un " ancien ". Quant au Professeur Philippe Hennart, président de l'École de Santé publique, c'est surtout son travail au sein du Cemubac(¹) qu'il a dirigé pendant 18 ans qui fut mis en avant.

Accroître le partenariat

Drôle d'idée sans doute de fêter deux belges personnalités engagées en RDC alors que le pays n'est pas totalement sorti de la guerre et que l'université lushoise vit dans la précarité. Incongru peut-être quand toute la région encaisse le choc de la faillite annoncée de la Gécamine, véritable vache à lait du sud Katanga. Mais l'occasion d'une cérémonie honorifique est aussi le meilleur moyen de dresser un bilan de la coopération inter-universitaire et de renforcer le partenariat entre les deux universités sœurs. Tant qu'à parcourir des milliers de kilomètres, Pierre de Maret a emmené une brochette de spécialistes dans ses bagages. Spécialistes de la coopération au développement comme Pierre Galand, son conseiller, ou Roland Pochet, professeur à la faculté de Médecine et responsable des relations internationales pour l'ULB. Spécialiste de l'Afrique encore comme Marcel Rooze, doyen de la faculté de Médecine. Et enfin, un grand connaisseur de la vie lushoise, l'anthropologue Pierre Petit qui a mis sur pied un " Observatoire des changements urbains " particulièrement prolifique, à l'Unilu.

À un rythme d'enfer, la délégation a rencontré les différentes autorités, politiques, académiques et médicales de Lubumbashi et s'est fait une idée de la situation et des possibilités de partenariat. Les besoins, autant à l'Unilu qu'à l'hôpital de la ville, sont vastes et les moyens de l'ULB ne sont pas illimités... Alors pour sceller les retrouvailles, plutôt que de signer un chèque en blanc ou de faire des promesses en l'air, le recteur a préféré parler le langage commun des libre-exaministes d'ici et d'ailleurs. En attendant que les experts planchent sur les projets de coopération viables, Pierre de Maret a promis d'envoyer des pennes aux étudiants de l'Unilu. Et le recteur de conclure : " Le 22 novembre je serai à Lubumbashi pour une Saint-V avec les anciens de l'ULB, et les autres! "

Philippe Hennart
Pédiatre de formation, il part comme jeune médecin en Afrique pour soigner des enfants atteints de malnutrition grave. Tellement grave qu'il n'y a souvent plus rien à faire... L'expérience est marquante. Philippe Hennart s'intéresse alors à la prévention et aux problématiques de santé publique. En 1985, l'ULB lui demande de prendre en charge le Cemubac (*), charge qu'il occupera jusqu'en janvier 2003.

" Même s'il est difficile de se faire une opinion objective sur la situation de Sendwe, l'hôpital de Lubumbashi, j'ai retrouvé les conditions que l'on rencontre généralement dans les hôpitaux des pays en voie de développement : dégradation des structures, démotivation du personnel et faillite des opérateurs, ici la Gécamine. Le personnel agit au mieux avec les moyens qui lui sont accordés. Ceci étant, le voisinage de l'hôpital et de l'université est intéressant. Je pense que ce serait un atout d'impliquer l'Unilu et Sendwe dans un projet commun. Les compétences universitaires doivent être mises à profit pour développer une médecine de qualité, de même qu'elles peuvent s'enrichir de la confrontation avec les problèmes spécifiques de la population. Sendwe doit s'ancrer dans le quotidien, dans les besoins réels des Lushois. C'est ce qui fait la force du Cemubac : l'enseignement y est donné par des médecins de terrain. Je suppose d'ailleurs que le titre de Docteur Honoris Causa qui m'a été accordé est surtout lié au travail du Cemubac. C'est un appel du pied... Quant à l'aide effective que nous pourrions apporter à l'hôpital et à l'université, les besoins sont tels qu'il est impossible de tout couvrir tout seul. L'ULB et le Cemubac mettent à disposition des ressources financières et humaines mais notre intérêt est, je pense, de travailler à la relation Unilu-Sendwe. Et avant de se lancer dans quoi que ce soit, il me paraît fondamental de mener une étude sur les besoins effectifs de la population. "

Aurore D'haeyer
Journaliste

Depuis le 4 juin, l'ULB compte deux docteurs honoris causa de plus dans ses rangs. Les heureux élus, Philippe Hennart et Pierre de Maret ont été honorés... par l'Université de Lubumbashi - l'Unilu pour les intimes. La ville phare de la très riche province du Katanga en République démocratique du Congo a reçu les deux ulbistes avec faste. Un faste à la mesure de l'événement : l'université lushoise n'avait plus procédé à semblable cérémonie depuis 17 ans.



(¹) Le Centre scientifique et médical de l'ULB pour les activités de coopération présent dans toute l'Afrique centrale.

(*) Cemubac (Centre scientifique et médical de l'ULB pour ses activités de coopération au développement), http://www.a-cor-d.org/cemubac.htm

 
  ESPRIT LIBRE > OCTOBRE 2003 [ n°16 ]
Université libre de Bruxelles