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esprit libre

[à l'université]
 
 
 
Paroles de biologistes

Esprit Libre : Vous avez suivi étroitement le projet " Espace des biotechnologies " à travers le comité scientifique du CCS. Pourquoi cet intérêt ?
Gisèle Van de Vyver : Les biotechnologies, qui représentent un énorme potentiel pour l'avenir de l'humanité, sont généralement mal perçues par le grand public, victime d'une certaine presse manquant le plus souvent d'informations scientifiques fiables. Étant professeur à l'Institut de biologie et de médecine moléculaires (IBMM), je me sentais d'autant plus motivée à réagir. Et je me suis prise au jeu en m'impliquant dans le comité scientifique qui réunissait des collègues de l'ULB et de l'UMH ainsi que ponctuellement, des experts extérieurs.

Esprit Libre : Quel a été le rôle du comité scientifique ?
Gisèle Van de Vyver : Nous avons travaillé de concert avec Karin Rondia, conceptrice de l'exposition, qui a joué un rôle majeur, lié d'ailleurs à sa double formation de médecin et de journaliste. Le comité scientifique était chargé de sélectionner les sujets à traiter et les messages à faire passer et bien évidemment de cautionner les contenus scientifiques. Il régnait là un très bon esprit critique et constructif, sous la houlette de son président, Philippe Van Ham, sans doute le seul non-biologiste du groupe : c'est amusant de voir que c'est souvent lui, le physicien, qui nous a amenés vers les questions de société soulevées par les biotechnologies.

Esprit Libre : Lorsqu'on a passé toute sa carrière dans la biologie moléculaire, n'est-il pas frustrant de résumer les biotechnologies en une exposition grand public de 320 m² ?
Gisèle Van de Vyver : La frustration était là au début du projet : nous avions une quantité énorme d'informations et avons très vite compris qu'il était impossible de tout évoquer. Nous sommes donc allés au fond des choses pour ne retenir que l'essentiel. Nous avons également adapté la place laissée aux métiers des biotechnologies : parler des métiers sans expliquer aux visiteurs ce que les biotechnologies pouvaient leur apporter aurait été une aberration.
Gontran Sonet : L'aspect " métiers " est aujourd'hui une des facettes de l'Espace : le visiteur pourra, à l'entrée et à la sortie de l'exposition, consulter des bornes interactives du SIEP et du Forem. Il pourra aussi découvrir des témoignages de chercheur, préparateur, biologiste, etc., parlant de leur métier. N'oublions pas que le secteur des biotechnologies est aujourd'hui porteur d'emplois en Wallonie.

Esprit Libre : Les biotechnologies sont aussi sources de polémiques parfois violentes...
Gisèle Van de Vyver : Notre objectif était de donner de l'information, de susciter des questions mais sans imposer de réponse : le visiteur reçoit une base scientifique qui lui permettra de se forger son opinion personnelle, comme citoyen.
Gontran Sonet : Nous avons notamment réalisé de petits films avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin : ces " scènes de vie " servent d'amorce à la réflexion et à un débat.

Esprit Libre : Les biotechnologies sont aussi un sujet en évolution rapide...
Gisèle Van de Vyver : Effectivement, et il ne fallait pas que l'exposition soit dépassée après quelques mois. Les panneaux reprennent donc une information plutôt basique alors que les séquences interactives sont, elles, appelées à être actualisées plus rapidement. Bien évidemment, l'exposition dans son ensemble devra évoluer au fil des ans. C'est aussi l'occasion de montrer aux visiteurs qu'en science, rien n'est jamais acquis, que nos connaissances progressent tous les jours par essais et erreurs, grâce à la recherche.
Gontran Sonet : Nous pourrons être en phase avec l'actualité grâce aux multiples activités qui feront vivre l'exposition : le laboratoire, les exposés-débats, les cafés scientifiques, etc. Notre objectif est de partir de l'actualité qui interpelle le grand public pour aller voir ce qui se fait dans les laboratoires et mettre ces sujets en perspective. C'est aussi cela l'intérêt de développer cet Espace à une dizaine de kilomètres de laboratoires universitaires de pointe tels que l'IBMM ou l'IMI (Institut d'immunologie médicale) de l'ULB ou en contact avec l'UMH où nous pouvons aller " à la pêche aux connaissances ".

Nathalie Gobbe


Projet de longue haleine, l'Espace des biotechnologies du CCS a bénéficié du suivi d'un comité scientifique réunissant une poignée d'experts, chercheurs et professeurs motivés. Parmi ceux-ci, Gisèle Van de Vyver, actuelle présidente du Cepulb, qu'Esprit libre a rencontrée en compagnie de Gontran Sonet, un de ses anciens étudiants aujourd'hui coordinateur de l'Espace des biotechnologies du CCS.



Côté labo

Rien de tel pour comprendre que de pratiquer... Le CCS propose aux visiteurs de passer de l'autre côté de la " paillasse " pour une heure d'animation en laboratoire.
Au programme, notamment : " Faire du pain avec des cellules vivantes ", " Observer les microbes au microscope ", " Savez-vous compter les cellules ? ", " Des empreintes digitales aux empreintes génétiques ", " Manipulation virtuelle de séquences d'ADN et de protéines ", " Analyse chimique et biologique de l'eau ", etc.

Laboratoire + visite guidée de l'Espace des biotechnologies : droit d'entrée (2 ou 4 euros par personne) + 40 euros / groupe (maximum 15 personnes)

 
  ESPRIT LIBRE > OCTOBRE 2005 [ n°34 ]
Université libre de Bruxelles