CEMUBAC au Kivu : un partenariat contre la malnutrition
Au cours des premières années, les travaux du CEMUBAC ont permis une meilleure compréhension des mécanismes physiopathologiques
et les spécificités de la malnutrition dans cette région du monde : malnutition proteino-énergétique associée à une carence
en micro-nutriments (vitamine A, fer, iode, zinc, cuivre) dans un contexte de pauvreté et de démographie galopantes.
À partir des années 1980, avec le développement de la politique de soins de santé primaires, des stratégies visant à améliorer
la prise en charge de la malnutrition ont été développées particulièrement dans le domaine de la nutrition. Les collaborateurs
du CEMUBAC (belges et congolais) ont alors réussi à réduire la mortalité intra hospitalière souffrant de malnutrition sévère
de plus de 20 % à environ 5 %, comme c'est le cas pour l'Hôpital pédiatrique de Lwiro. Le protocole de prise en charge de
la malnutrition élaborée par l'équipe du CEMUBAC au Sud du Kivu a finalement servi de base pour l'élaboration d'un protocole
national de prise en charge de la malnutrition en République démocratique du Congo.
Rechutes inquiétantes
Malgré cette amélioration de la prise en charge en milieu hospitalier, les différents travaux ont montré que le taux de rechute
de malnutrition restait inquiétant dans certaines communautés. Nous avons dès lors mis en place une approche multidisciplinaire
de lutte contre la malnutrition qui permet de développer des mécanismes visant à améliorer la production alimentaire (drainage
et fertilisation des marais inexploités, encadrement de paysans pour l'amélioration des méthodes culturales, promotion du
petit élevage et de la pisciculture). Ce volet permet un encadrement continu des enfants ayant des antécédents en matière
de malnutrition.
En ce siècle naissant, le CEMUBAC, en collaboration avec d'autres partenaires nationaux et internationaux (exemple : l'UNICEF),
tente d'impliquer davantage la communauté dans la prise en charge de la malnutrition. Des comités villageois sont encadrés
dans les activités de promotion de l'allaitement maternel, dans l'organisation des pesées communautaires et le dépistage précoce
des cas de malnutrition. Cette approche de nutrition à assise communautaire devrait nous permettre à court terme d'asseoir
au niveau de chaque communauté un mécanisme de surveillance nutritionnelle adaptée à la stratégie de prise en charge intégrée
des maladies. À long terme, ceci devrait amener toute la communauté à s'impliquer dans la promotion de la santé et la lutte
contre les maladies en général.
Ce travail d'une longue période a parfois été réalisé dans des conditions extrêmement difficiles, compte tenu de la situation
que la République démocratique du Congo a traversé depuis plus de dix ans.
Un travail à long terme
C'est à ce titre qu'il est important de féliciter tous les collaborateurs du CEMUBAC qui participent à cette action à la fois
en Belgique et en République démocratique du Congo.
Cependant, tout ceci a été rendu possible grâce à la détermination du conseil d'administration du CEMUBAC de poursuivre son
action au Kivu. Nous rendons un hommage particulier au baron Jaumotte qui s'est personnellement engagé dans le développement
des actions du CEMUBAC et qui a visité l'hôpital de Lwiro à plusieurs reprises. Son soutien a permis aux activités de se
poursuivre lors des périodes les plus difficiles qui ont déstabilisé le Sud Kivu, toujours en insistant sur les trois objectifs
: l'appui au système de santé de base, la formation des partenaires de terrain et la recherche-action pour le développement.
Ghislain Bisimwa Médecin et chercheur au centre de recherche de Lwiro, collaborateur du CEMUBAC
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La malnutrition est un problème de santé publique dans les pays en développement, notamment au Congo. Depuis quarante ans,
le CEMUBAC (*) concentre ses efforts dans la lutte contre la malnutrition dans le Kivu montagneux, en partenariat avec des
institutions congolaises : le Centre de recherche en sciences naturelles de Lwiro (ex IRSAC) et le ministère de la Santé publique.
Des efforts payants grâce à une meilleure prise en charge en milieu hospitalier.
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Plus d'information sur les activités du CEMUBAC ? voir Esprit libre n° de mai 2006, + site Web : www.cemubac.org
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