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Philippe Vincke Rassembler les énergies

Esprit libre : Professeur ordinaire, à la tête d'une équipe de mathématique de la gestion, vous avez été vice-recteur à la recherche et aux relations internationales ainsi qu'aux affaires wallonnes, puis doyen de la Faculté des sciences appliquées... Un parcours plutôt varié qui vous a permis d'aborder l'Université de différents points de vue... Qu'aimeriez-vous prioritairement changer ou faire évoluer dans son fonctionnement ?
Philippe Vincke : Ce que j'aimerais principalement faire évoluer ce sont les relations entre les personnes, entre les différents corps de l'Université, de façon à ce que, aussi bien les professeurs que les assistants, les chercheurs, le corps administratif et technique, se considèrent comme faisant partie d'une même institution, d'une même famille. Faire en sorte que tout le monde travaille dans l'intérêt de l'institution, sans méfiance particulière les uns vis-à-vis des autres.

Esprit libre : Mathématicien, vous êtes spécialisé en recherche opérationnelle. Un domaine qui vous sera fort utile pour affronter les défis de la gestion d'une université...
Philippe Vincke : Il faut faire la part des choses entre théorie et pratique. Entre les modèles mathématiques que j'ai étudiés et ce que l'on peut en faire sur le terrain, il y a toujours un fossé, c'est évident. Mais je pense qu'avoir étudié ces modèles me permet aussi de relativiser ce qu'il est possible de faire ou pas... en tenant compte notamment de la nature humaine ! Le plus important est d'essayer d'amener chez tous un sentiment de confiance. En allant chercher ce que chacun fait de mieux pour le mettre au service de l'Université. Est-ce que la recherche opérationnelle va m'aider en ce sens ? Ce sera sans doute un " plus "...

Esprit libre : En présentant votre candidature, vous avez évoqué la notion de " culture de qualité " pour l'Université...
Philippe Vincke : Je l'ai dit, je voudrais que les qualités de chacun soient mises en valeur. J'ai aussi parlé de responsabilité, ce qui induit le fait de s'auto-évaluer et d'être évalué dans son travail, à tout niveau, au travers de rapports d'activités qui permettront notamment de mettre à jour nos tableaux de bord, si nécessaires à la prise de décision. En tant que professeur, doyen ou vice-recteur, j'ai souvent constaté que dans nos réunions, nous étions amenés à discuter sans vraiment posséder les données de base nécessaires aux choix à arrêter. D'où cette idée d'un tableau de bord sur lequel nous travaillerons avec les vice-recteurs.

Esprit libre : Vous serez donc entouré de cinq vice-recteurs...
Philippe Vincke : André Farber (Faculté de SOCO), vice-recteur à la stratégie et au développement institutionnel nous aidera à bâtir les tableaux de bord dont nous avons besoin. François Reniers (Faculté des sciences), vice-recteur à la politique académique et promotion de la réussite, s'est toujours beaucoup investi dans la pédagogie et est très soucieux de développer des outils qui permettent aux étudiants de réussir. Nous devons absolument faire décroître le taux d'échec. Véronique Halloin (Faculté des sciences appliquées) vice-rectrice à la recherche et au développement, possède notamment une très grande expérience des contrats européens ou régionaux. Serge Jaumain (Faculté de philosophie et lettres), a, en tant que vice-recteur à la politique européenne et aux relations internationales, un rôle important pour faire en sorte que les relations que nous développons au niveau européen et international, parfois de manière juxtaposée, se transforment en un véritable maillage. Marc Van Damme (Institut de pharmacie), qui a été pendant plusieurs années le président de la Commission d'aide sociale aux étudiants, va, en tant que vice-recteur à la vie étudiante et à la politique sociale, travailler à l'amélioration de l'accueil de nos étudiants tant au niveau social que culturel.

Esprit libre : Repli identitaire, retour des obscurantismes... Vous souhaitez également que les valeurs et notamment celle du libre examen soient mieux exprimées en notre sein...
Philippe Vincke : L'Université ne doit pas craindre de prendre des positions fermes sur le terrain des valeurs qui nous sont chères : si l'ULB ne réagit pas à la montée des extrémismes, qui le fera... ? À côté des vice-recteurs, Emmanuelle Danblon aura d'ailleurs un rôle de conseillère pour les valeurs de notre Institution.

Esprit libre : Vous apparaissez comme quelqu'un de calme et serein. Est-ce que dans la vie, vous avez des passions dévorantes ?
Philippe Vincke : Je suis quelqu'un d'assez posé, je ne brûle pas d'une passion ou d'un hobby qui me ferait oublier le reste ! En dehors de mon métier et de mon travail, j'ai surtout eu à élever mes enfants. J'ai d'ailleurs eu le grand plaisir de remettre, en tant que doyen de Polytech, son diplôme à mon fils cette année. Ma fille, elle, est passionnée par les enfants et se dirige plus que probablement vers des études d'institutrice. Sinon, ce qui me repose ou me détend, c'est le jardinage ou le bricolage. Rien de tel pour se libérer l'esprit... Quant aux vacances, mon épouse et moi apprécions tout particulièrement la Vendée... un lieu propice aux balades à pied ou en vélo.

Alain Dauchot


Élu en mai dernier, Philippe Vincke est officiellement devenu le 64e recteur de l'ULB le 15 septembre à l'occasion de la rentrée académique, succédant ainsi à Pierre de Maret. Homme de compromis, reconnu pour ses qualités d'écoute, il compte sur le mandat qui lui a été confié pour rassembler les énergies et les volontés. Les défis sont nombreux, tant au niveau interne que vers l'extérieur : mobilité des étudiants, enjeux liés à la recherche, partenariats et concurrence de l'enseignement. Sans oublier le terrain des valeurs, sur lequel il compte bien être actif.



 
  ESPRIT LIBRE > OCTOBRE 2006 [ n°43 ]
Université libre de Bruxelles