Bone Therapeutics : réparer notre squelette
Novembre 2006, Bone Therapeutics est créée. Une concrétisation inattendue pour des recherches qui ont commencé quelques années
auparavant à l'ULB, dans un laboratoire du campus Erasme. À l'origine de ces travaux, une femme, Valérie Gangji. Docteur en
médecine, rhumatologue et spécialiste en médecine physique et réadaptation, la jeune femme part en 1996 aux États-Unis pour
se former dans un laboratoire spécialisé en " ostéoblastes ", entendez, très schématiquement, des cellules qui fabriquent
de l'os. C'est à son retour en Belgique que la chercheuse décide d'appliquer les connaissances accumulées aux États-Unis à
la clinique et à une maladie particulière, l'ostéonécrose, littéralement la mort de l'os.
Ostéoblastes contre ostéonécrose
Le squelette est en effet un tissu vivant qui ne cesse de se détruire et de se reformer : un individu sain est capable de
repérer et remplacer les cellules osseuses malades ou mortes. Mais certains individus - on en recense pas moins de 60.000
nouveaux cas par an en Europe et autant aux États-Unis - souffrent d'ostéonécrose : leur tissu osseux meurt et ne se régénère
plus, ils fracturent alors, entraînant la perte des articulations touchées : hanches, genoux, épaules
Aujourd'hui, aucun
traitement n'existe, les patients finissent par avoir besoin d'une prothèse. Une réponse thérapeutique loin d'être satisfaisante
et que les cliniciens s'efforcent de retarder aussi longtemps que possible. L'ostéonécrose atteint en effet majoritairement
des patients jeunes - entre 30 et 50 ans ; or, une prothèse a une durée de vie limitée à une quinzaine d'années en moyenne
: on l'a compris, souvent, les patients dépassent la durée de vie de leur prothèse et doivent donc subir plusieurs opérations.
De retour des États-Unis à la fin des années 90, Valérie Gangji poursuit ses travaux dans le Laboratoire de médecine nucléaire
sur le campus Erasme. Entre son laboratoire et ses patients, la jeune femme confronte ses connaissances sur les ostéoblastes
à cette maladie qu'est l'ostéonécrose, sur fond de thérapie cellulaire, initialement avec cellules souches. Mais au fil des
études et des publications, elle réussit à développer avec l'aide de toute l'équipe de l'Unité de thérapie cellulaire de l'Hôpital
Erasme, un nouveau produit de thérapie cellulaire constitué d'ostéoblastes, qui semble plus prometteur, grâce à une nouvelle
technique de production. À partir de la moelle osseuse de patients, des cellules souches sont prélevées, traitées (c'est-à-dire
multipliées et différenciées en ostéoblastes) dans une unité de thérapie cellulaire et enfin transplantées chez le patient
par une approche d'implantation peu invasive : avec au total une septantaine de patients greffés, la thérapie cellulaire des
maladies osseuses semble avoir fait ses premières preuves.
Tests cliniques
À ce stade, les résultats sont prometteurs, les brevets sont pris avec l'aide et le soutien de la Cellule ULB-Interface, et
les phases cliniques peuvent démarrer. Reste à poursuivre, avec des moyens budgétaires " à la hauteur ". L'idée de créer une
spin-off germe ; l'incubateur EEBIC entre en jeu pour accompagner le montage du projet, les contacts avec les milieux pharmaceutiques
se prennent, le projet se construit avec les départements recherche et financier de l'Université, les négociations sur les
brevets sont engagées, les investisseurs sont identifiés
la spin-off Bone Therapeutics est créée fin 2006. En mars 2007,
le fonds Theodorus injectera le capital nécessaire au démarrage de l'activité, capital qui sera encore renforcé par des subventions
de la Région wallonne.
Options thérapeutiques
Désormais basée sur l'Aéropôle de Charleroi, Bone Therapeutics entend poursuivre les développements initiés à l'Hôpital Erasme.
Pour cela, la jeune entreprise a l'intention de continuer les tests en phase clinique, histoire de démontrer son efficacité.
Viendrait seulement ensuite - à un horizon de cinq ans - la commercialisation. Différentes perspectives médicales s'ouvriront
alors, avec un espoir de traitement pour des patients laissés aujourd'hui sans option thérapeutique : bien sûr, l'ostéonécrose
; mais aussi l'ostéoporose ou encore certaines fractures (vertébrales ou maxillo-faciales), ou pourquoi pas les implants dentaires.
Et la chercheuse entrepreneuse dans tout cela ? " Je vais m'investir dans le lancement de la spin-off et par la suite, je
continuerai probablement à participer au comité scientifique mais je ne compte pas quitter mon laboratoire pour la spin-off
", souffle Valérie Gangji, avant d'avouer avec un sourire : " je souhaite rester à l'Hôpital et à l'Université parce que c'est
là que se trouvent les patients et la science ". L'Université continue à soutenir le laboratoire pour assurer la réalisation
de ces projets. Valérie Gangji a notamment obtenu une subvention FIRST Post-Doc auprès de la Région wallonne (DGTRE).
Nathalie Gobbe
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Une des dernières spin-off en date pour l'ULB, Bone Therapeutics s'intéresse à notre squelette pour mieux le réparer et le
reconstruire. Histoire récente d'une spin-off dédiée à la thérapie cellulaire osseuse prometteuse
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