En septembre de cette année, nous avons franchi une nouvelle étape de cette belle aventure - l'étude du tourisme à l'ULB - avec l'inauguration du Master en " sciences et gestion du tourisme ". L'occasion de faire le point, à la fois sur notre formation, sur les recherches que nous menons et sur l'état du tourisme.

En 10 ans, nous avons diplômé pas moins de 225 étudiants, dont une majorité issue des graduats en tourisme et gestion hôtelière des Hautes écoles. Nous avons aussi consenti d'importants efforts pour adapter nos méthodes et contenus de cours aux caractéristiques du public recruté, tout en renforçant l'encadrement pédagogique, en particulier pour les travaux pratiques en tourisme, les stages en entreprises et les mémoires. Dès cette année académique, le corps enseignant de la section pourra d'ailleurs compter sur trois nouvelles recrues, dans les champs du tourisme culturel, des transports et du tourisme non-standardisé. Forts d'une formation généraliste et interdisciplinaire, nos licenciés en tourisme ont, pour une part importante, accès à des emplois qualifiés. Certes, tous ne font pas carrière dans le secteur touristique. Toutefois, plusieurs occupent dès à présent des fonctions élevées, aussi bien dans les structures publiques d'encadrement du tourisme (OPT, BITC, Maisons du tourisme…), que dans des bureaux d'études, dans des musées et attractions touristique, auprès de voyagistes et de chaînes hôtelières. Ces nouveaux venus ont fortement contribué à la professionnalisation du secteur en Belgique francophone, tout en insufflant une vision nouvelle du tourisme, à la fois rigoureuse et rafraîchissante.

Enseignement mais aussi recherche

La mise en œuvre de la licence en tourisme a aussi été l'occasion de développer une véritable recherche scientifique, au sein de l'unité " Analyse et gestion du tourisme ". Recherche appliquée dans un premier temps, avec la réalisation de plusieurs contrats pour les pouvoirs publics en Wallonie et à Bruxelles, pour l'Organisation mondiale du tourisme ou l'Union européenne. Recherches fondamentales ensuite, avec la poursuite de plusieurs doctorats dans le champ du tourisme, dont un a déjà été défendu en 2004. Ces recherches s'inscrivent de manière générale dans une vision systémique du secteur touristique, qui met l'accent sur les interactions multiples qui se nouent, à différentes échelles, entre des acteurs variés qui poursuivent des objectifs souvent divergents, quand ils ne sont pas antagonistes. La diversité des thématiques abordées (mise en tourisme de la Wallonie et de Bruxelles, valorisation touristique du patrimoine culturel et naturel, tourisme de terroirs...) ne doit pas faire oublier une volonté commune de mieux comprendre la manière dont le tourisme contribue aux dynamiques territoriales et sociales.

Le tourisme : une évolution constante

Au cours des 30 dernières années, le tourisme a connu de profondes transformations. De nouveaux États émetteurs se sont affirmés sur la scène internationale, en particulier en Asie orientale. De nouvelles pratiques sont apparues dans les pays occidentaux (écotourisme, tourisme solidaire, tourisme équitable…), pour la plupart coûteuses et inaccessibles à la majorité de la population. Enfin, de nouvelles destinations sont apparues aux quatre coins du monde, de l'Antarctique à la Laponie russe, en passant par le Bhoutan ou les Maldives. Ces tendances, qui contribuent à une mondialisation accélérée du tourisme et de ses effets, vont-elles se prolonger dans les prochaines années ? Comment vont-elles être affectées par les turbulences géopolitiques, les changements climatiques ou la probable augmentation substantielle du prix des carburants ? Autant de questions qui seront abordées dans le cadre de la conférence-débat " Quel tourisme pour le XXIe siècle " que la section Tourisme de l'IGEAT organise le 15 octobre prochain à l'ULB, en présence de Jean Viard, directeur de recherches au CNRS, et d'acteurs importants du secteur touristique belge, dont plusieurs anciens étudiants.

Jean-Michel Decroly
Professeur, IGEAT - ULB

10 ans, une histoire…

Il y a tout juste 10 ans, en septembre 1997, Jean-Michel Decroly, en tant que président de section, procédait à la proclamation des 14 premiers licenciés en tourisme de l'ULB… et de la Belgique francophone. Moment symbolique qui marquait l'aboutissement heureux d'un projet ébauché quelques années auparavant par son collègue C. Vandermotten, puis mis en œuvre dans le cadre de l'Institut de gestion de l'environnement et d'aménagement du territoire (IGEAT), avec le soutien actif du recteur de l'époque, Jean-Louis Vanherweghem. Un projet porté à bout de bras par une poignée de professeurs enthousiastes de l'Université (C. Billen et M.-F. Godart) et de l'Institut Arthur Haulot (A.-M. Duquesne). Un projet qui a aussi bénéficié de l'apport substantiel - et longtemps bénévole - d'experts en tourisme (J.-P. Cuvelier, V. Jacobs, B. Remiche et M. Van Keerberghen) et de l'investissement de plusieurs assistants motivés (I. Bauthier, B. De Myttenaere, A. Diekmann, G. Maulet et A. Zouridakis).